Les déchets métalliques font partie des déchets les mieux collectés au Liban, mais ils n’y sont quasiment pas recyclés. Seule la société Kfoury Metals, basée à Chekka – qu’il a été impossible de rencontrer –, recyclerait à une échelle industrielle de la ferraille pour la transformer en tiges de fer utilisées par les entreprises de construction. Deux autres plus petites sociétés, Liban Fonderies et les Fonderies Ohannès Kassardjian SAL, coulent des pièces en fonte à partir de matériaux recyclés pour fabriquer des produits pour les municipalités, des pièces décoratives, etc. « Les coûts de production du recyclage des métaux au Liban sont plus élevés que dans les pays européens, et mis à part le secteur de la construction, il existe peu de débouchés pour l’acier recyclé au Liban », explique un responsable de la société SharMetal, premier exportateur libanais de déchets métalliques, selon tous les acteurs rencontrés. La plupart de ces déchets dont le volume n’est toutefois pas communiqué sont généralement récupérés par un réseau de collecteurs qui les revendent à des dépôts de stockage. Triés par catégorie, ils sont ensuite revendus à une demi-douzaine d’exportateurs de métaux, basés à Beyrouth ou dans le nord du Liban. Le prix d’achat des métaux est indexé aux cours du London Metal Exchange Market (LME), qui représente 80 % des échanges mondiaux de métaux non ferreux (cuivre, étain, plomb, zinc, aluminium, nickel). L’acier, l’inox ou la ferraille ne font en revanche pas l’objet de cotations en Bourse et leur prix dépend de l’offre et de la demande sur le marché. Certains déchets métalliques ont une valeur fixe : les batteries usagées de voiture se vendent généralement 800 dollars la tonne, un véhicule envoyé à la casse d’un poids moyen d’une tonne s’achète autour de 150 dollars, un vieux frigo de 10 à 15 dollars, etc. La ferraille, majoritaire dans les déchets métalliques libanais (présente dans des restes de véhicules, d’appareils électroménagers ou de bâtiments), est principalement exportée en Turquie – premier importateur mondial de ferraille – mais aussi vers les pays de l’Est. D’autres déchets sont parfois expédiés à l’autre bout de la planète. « Les cannettes d’aluminium, que nous achetons à un dollar le kilo sont revendues en Grèce et jusqu’en Corée », explique ainsi Nabil Srour, directeur général de la société Srour for Scrap Metals, l’un des exportateurs libanais de métaux. Le prix des métaux exportés est 20 à 40 % élevé que le prix d’achat, car les déchets sont triés, parfois compactés (une opération qui revient de 2 à 3 dollars par tonne), puis expédiés par bateau. « Les coûts d’exportation varient entre 50 et 300 dollars par tonne selon la destination », explique le responsable de SharMetal. Depuis trois ans, le business du métal n’est plus aussi lucratif qu’avant. « La quantité de déchets récupérés a diminué de 50 %. Avec la crise économique, les ménages remplacent moins leurs appareils électroménagers et les activités de construction se sont ralenties », raconte le gérant d’un dépôt situé dans le quartier de Hay Farhat, près du rond-point Chatila. Les exportateurs ont également été touchés par la baisse des prix des métaux depuis trois ans. Certains grands clients, comme la Turquie, ont par ailleurs limité leurs importations, préférant fabriquer de l’acier en relaminant des billettes d’acier chinoises, russes ou ukrainiennes vendues à très bon marché.
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