L’arbitre désigné par la Chambre de commerce international de Paris pour régler le différend entre la chaîne libanaise LBCI et la holding LMH, propriété du prince saoudien al-Walid ben Talal,
a émis une première sentence en faveur de la LBCI.
La chaîne libanaise LBCI, dirigée et majoritairement détenue par Pierre Daher, a remporté une première bataille contre son ancien partenaire, le prince saoudien al-Walid ben Talal. Mais la guerre est loin d’être terminée.
Pour comprendre l’affaire, il faut remonter à 2008, date à laquelle le prince prend le contrôle de LMH (Lebanese Media Holding). Cette entité, séparée de la LBCI, comprenait LBC SAT (la version satellitaire de LBCI destinée au monde arabe), LBC+ (qui gérait LBC Europe, LBC Maghreb, LBC America, LBC Australia et LBC Africa) et la société de production PAC, qui alimentait à la fois les grilles de LBCI et de LBC SAT. Elle avait été fondée par Pierre Daher et quelques hommes d’affaires libanais, en partenariat avec l’homme d’affaires saoudien Saleh Kamel, actionnaire à 49 %. Ce dernier cédera ses parts au prince al-Walid ben Talal en 2003 pour 98 millions de dollars.
LBC SAT faisait partie des pionnières dans la région. Mais avec la multiplication des chaînes satellitaires arabes, la concurrence devenait plus rude. Donc lorsque al-Walid ben Talal, qui est par ailleurs propriétaire du groupe de production et de média Rotana, propose d’injecter 78 millions de dollars pour monter de 49 à 85 % du capital, les actionnaires n’hésitent pas. « Le prince avait présenté un projet ambitieux visant à faire de LMH l’un des plus grands groupes de la région, en modernisant les équipements de la société de production PAC et en développant la grille de LBC SAT. Cela devait bénéficier également à la LBCI, puisque certains programmes étaient diffusés sur les deux chaînes », affirme Pierre Daher. Un contrat de service et de coopération est conclu entre LMH et LBCI, et Pierre Daher est maintenu au poste de directeur général pour piloter la nouvelle phase d’expansion.
Mais le succès n’est pas au rendez-vous. Les relations se dégradent rapidement entre les deux hommes. « D’abord, l’argent promis n’a jamais été entièrement déboursé, déclare Pierre Daher. Ensuite, fin 2008, le prince commet l’erreur stratégique de remplacer la régie publicitaire de LBC SAT, le groupe Choueiri, par celle de Rotana, Rotana Media Services. Les revenus publicitaires chutent de moitié. Au lieu de développer la grille, l’argent injecté a simplement servi à compenser la baisse des recettes. »
En 2012, le prince décide de fusionner LBC SAT avec Rotana et de dissoudre PAC. Pierre Daher est licencié et le contrat de service et de coopération avec la LBCI est rompu, un an avant son terme.
C’est sur cette base que la LBCI entame en avril 2013 une procédure d’arbitrage à Paris, dont la première sentence a été émise le 29 juillet. Cette sentence, partielle, concerne LBC+ et son bouquet de chaînes satellitaires. « Le contrat stipulait clairement que les chaînes LBC Europe, LBC Maghreb, LBC America, LBC Australia et LBC Africa devaient rediffuser les programmes de la LBCI et qu’à la fin du contrat ces marques devaient revenir à la LBCI, explique Pierre Daher. Or depuis la rupture du contrat, ces chaînes rediffusent les programmes de LBC SAT qui sont devenus complètement différents de ceux de la LBCI. » Sur ce volet, l’arbitre a donné raison à la LBCI, en sommant LMH de lui restituer ces marques pour un dollar symbolique. Cette sentence est exécutoire et revêt un caractère obligatoire.
Cela ne veut pas dire, pour autant, que la LBCI va recommencer à diffuser ses programmes sur ces continents. Car entre-temps, une chaîne indépendante a été créée, la LDC (Lebanese Diaspora Channel), pour rediffuser les programmes de la LBCI à l’étranger. « Il y a eu aussi l’émergence de la TV sur Internet, le modèle a changé, souligne Pierre Daher. Et puis les chaînes en question ont sans doute perdu de l’audience, en raison du changement brutal de grille alors que la marque est restée la même. LBC SAT diffuse par exemple des feuilletons indiens, qui ne correspondent pas aux attentes de la diaspora libanaise. Les dégâts en termes d’image pour la LBCI ont été très importants. » Cette sentence partielle n’est donc qu’un début pour la LBCI, dont l’objectif est d’obtenir des dommages et intérêts en raison du préjudice subi, et pas seulement en termes d’image. Selon Pierre Daher, la liquidation de PAC a également été un coup dur financier pour la LBCI, puisque ses coûts de production ont explosé. « D’une part, il a fallu remplacer rapidement la grille et lancer de nouvelles productions. D’autre part, l’accord de partenariat avec LBC SAT prévoyait des productions communes, ce qui permettait des économies très importantes. »
Le montant total des dommages n’a pas encore été chiffré dans le cadre de la procédure arbitrale qui devrait prendre plusieurs mois. Mais le PDG de la LBCI estime les pertes et le manque à gagner pour la chaîne libanaise à 250 millions de dollars. Sollicités par Le Commerce du Levant, le bureau du prince al-Walid ben Talal et le groupe Rotana n’ont pas répondu aux demandes d’interview.
Pour comprendre l’affaire, il faut remonter à 2008, date à laquelle le prince prend le contrôle de LMH (Lebanese Media Holding). Cette entité, séparée de la LBCI, comprenait LBC SAT (la version satellitaire de LBCI destinée au monde arabe), LBC+ (qui gérait LBC Europe, LBC Maghreb, LBC America, LBC Australia et LBC Africa) et la société de production PAC, qui alimentait à la fois les grilles de LBCI et de LBC SAT. Elle avait été fondée par Pierre Daher et quelques hommes d’affaires libanais, en partenariat avec l’homme d’affaires saoudien Saleh Kamel, actionnaire à 49 %. Ce dernier cédera ses parts au prince al-Walid ben Talal en 2003 pour 98 millions de dollars.
LBC SAT faisait partie des pionnières dans la région. Mais avec la multiplication des chaînes satellitaires arabes, la concurrence devenait plus rude. Donc lorsque al-Walid ben Talal, qui est par ailleurs propriétaire du groupe de production et de média Rotana, propose d’injecter 78 millions de dollars pour monter de 49 à 85 % du capital, les actionnaires n’hésitent pas. « Le prince avait présenté un projet ambitieux visant à faire de LMH l’un des plus grands groupes de la région, en modernisant les équipements de la société de production PAC et en développant la grille de LBC SAT. Cela devait bénéficier également à la LBCI, puisque certains programmes étaient diffusés sur les deux chaînes », affirme Pierre Daher. Un contrat de service et de coopération est conclu entre LMH et LBCI, et Pierre Daher est maintenu au poste de directeur général pour piloter la nouvelle phase d’expansion.
Mais le succès n’est pas au rendez-vous. Les relations se dégradent rapidement entre les deux hommes. « D’abord, l’argent promis n’a jamais été entièrement déboursé, déclare Pierre Daher. Ensuite, fin 2008, le prince commet l’erreur stratégique de remplacer la régie publicitaire de LBC SAT, le groupe Choueiri, par celle de Rotana, Rotana Media Services. Les revenus publicitaires chutent de moitié. Au lieu de développer la grille, l’argent injecté a simplement servi à compenser la baisse des recettes. »
En 2012, le prince décide de fusionner LBC SAT avec Rotana et de dissoudre PAC. Pierre Daher est licencié et le contrat de service et de coopération avec la LBCI est rompu, un an avant son terme.
C’est sur cette base que la LBCI entame en avril 2013 une procédure d’arbitrage à Paris, dont la première sentence a été émise le 29 juillet. Cette sentence, partielle, concerne LBC+ et son bouquet de chaînes satellitaires. « Le contrat stipulait clairement que les chaînes LBC Europe, LBC Maghreb, LBC America, LBC Australia et LBC Africa devaient rediffuser les programmes de la LBCI et qu’à la fin du contrat ces marques devaient revenir à la LBCI, explique Pierre Daher. Or depuis la rupture du contrat, ces chaînes rediffusent les programmes de LBC SAT qui sont devenus complètement différents de ceux de la LBCI. » Sur ce volet, l’arbitre a donné raison à la LBCI, en sommant LMH de lui restituer ces marques pour un dollar symbolique. Cette sentence est exécutoire et revêt un caractère obligatoire.
Cela ne veut pas dire, pour autant, que la LBCI va recommencer à diffuser ses programmes sur ces continents. Car entre-temps, une chaîne indépendante a été créée, la LDC (Lebanese Diaspora Channel), pour rediffuser les programmes de la LBCI à l’étranger. « Il y a eu aussi l’émergence de la TV sur Internet, le modèle a changé, souligne Pierre Daher. Et puis les chaînes en question ont sans doute perdu de l’audience, en raison du changement brutal de grille alors que la marque est restée la même. LBC SAT diffuse par exemple des feuilletons indiens, qui ne correspondent pas aux attentes de la diaspora libanaise. Les dégâts en termes d’image pour la LBCI ont été très importants. » Cette sentence partielle n’est donc qu’un début pour la LBCI, dont l’objectif est d’obtenir des dommages et intérêts en raison du préjudice subi, et pas seulement en termes d’image. Selon Pierre Daher, la liquidation de PAC a également été un coup dur financier pour la LBCI, puisque ses coûts de production ont explosé. « D’une part, il a fallu remplacer rapidement la grille et lancer de nouvelles productions. D’autre part, l’accord de partenariat avec LBC SAT prévoyait des productions communes, ce qui permettait des économies très importantes. »
Le montant total des dommages n’a pas encore été chiffré dans le cadre de la procédure arbitrale qui devrait prendre plusieurs mois. Mais le PDG de la LBCI estime les pertes et le manque à gagner pour la chaîne libanaise à 250 millions de dollars. Sollicités par Le Commerce du Levant, le bureau du prince al-Walid ben Talal et le groupe Rotana n’ont pas répondu aux demandes d’interview.