Après une baisse en trompe-l’œil l’année précédente, due à un transfert exceptionnel des recettes des télécoms, le déficit public est reparti à la hausse en 2015 (+28,6 %), représentant 7,8 % du PIB, contre 6,31 % en 2014. Même s’il n’a pas franchi le plus haut de 4,22 milliards de dollars atteint en 2013, il totalise 3,95 milliards de dollars, ce qui en fait le déficit le plus important en valeur absolue depuis des années.
Cette détérioration – constatée sur la base de simples flux de trésorerie, l’État fonctionnant sans budget depuis dix ans – est la conséquence logique de celle de l’activité économique dont les effets négatifs sur les comptes publics compensent largement l’impact pourtant positif de la baisse du pétrole sur les dépenses de l’État. Le recul de 3,04 % des dépenses budgétaires et des décaissements du Trésor à 13,53 milliards de dollars s’accompagne d’une baisse plus importante, de 11,98 % des recettes, à 9,58 milliards de dollars.
La dette publique franchit le seuil des 70 milliards de dollars
Le service de la dette reste la principale source de dépenses pour l’État, avec une part de 33 % du total. Il a augmenté de 6,5 % à 4,46 milliards de dollars en 2015, principalement sous l’effet d’une hausse de 10 % des intérêts payés sur la dette libellée en livres libanaises (à 2,87 milliards de dollars), tandis que les intérêts payés sur la dette en dollars n’ont augmenté que de 0,6 %, à 1,59 milliard de dollars. Le creusement du déficit public s’est traduit en effet par un gonflement de 5,6 % de la dette publique qui a franchi le seuil des 70 milliards de dollars et représentait, fin 2015, 138,7 % du PIB. Cette dette est libellée à 62 % en livres libanaises.
Hors service de la dette, le solde primaire des opérations budgétaires est bénéficiaire de 724 millions de dollars, ce qui représente 1,4 % du PIB. Un point jugé positif par la Banque mondiale notamment.
Hausse des salaires
Les dépenses liées aux salaires et traitements de la fonction publique continuent pour leur part d’augmenter, malgré le fait que la révision de la grille des salaires n’a pas été consentie. Leur montant pour l’ensemble de l’année 2015 n’a toujours pas été publié, mais la hausse était de 8 % en rythme annuel fin août. Elle est en grande partie due aux recrutements dans les forces de sécurité.
En 2015, les transferts à EDL, l’un des plus gros postes de dépenses, représentent 1,13 milliard de dollars, soit 45,8 % de moins que l’année précédente. Ils représentent désormais 8,4 % des dépenses. La Banque mondiale a calculé que, depuis 1992, les transferts cumulés à Électricité du Liban, destinés à financer son déficit, ont représenté 55,4 % du PIB de 2013 et que 40 % de la dette publique libanaise peut lui être attribuée. Le ratio dette/PIB du Liban aurait été de 87,8 % au lieu de 143,1 % en 2013, si EDL ne faisait pas de pertes, souligne la Banque mondiale. Ces pertes sont une aberration totale, étant donné la situation de monopole dans laquelle se trouve l’entité publique, qui est le symptôme le plus flagrant des dysfonctionnements du système politique en place.
Bien que totalement exogène, liée à la baisse de la facture pétrolière, la réduction de ce poste enraie quatre années consécutives d’augmentation des dépenses publiques qui se sont établies à 13,53 milliards de dollars en 2015, contre 13,95 milliards l’année précédente. Mais cette marge de manœuvre budgétaire est loin d’avoir été mise à profit pour une meilleure gestion des comptes publics. Hors transferts à EDL, les dépenses ont augmenté de 4,5 % sur un an, un dérapage d’autant plus inquiétant, que la part des dépenses d’investissement, qui comprennent même les opérations de maintenance, reste ridiculement faible (les chiffres exacts ne sont pas publiés).
Baisse des revenus
Le Liban ne profite donc que marginalement de l’impact positif de la baisse des cours du brut, alors que la chute du niveau des revenus de l’État reflète celle de l’économie, mais traduit aussi l’impact de la dépréciation de l’euro sur les taxes à l’importation. La baisse globale des revenus s’explique surtout par le fait que l’année de référence, 2014, avait enregistré une hausse due à un transfert exceptionnel de recettes des Télécoms considérées par le gouvernement comme des “arriérés” pour la période 2010-2013. Même s’il constitue une dette envers les municipalités, ce transfert a été comptabilisé comme une recette non fiscale, contribuant à gonfler ce poste de 33 % en 2014. Il est à nouveau retombé de 38,7 % à 1,234 milliard de dollars en 2015, contre 2,012 milliards en 2014 et 1,430 milliard en 2013.
Hors transferts des télécoms, les revenus sont tout de même en baisse de 6 % sur l’année, à 9,575 milliards de dollars pour 2015. Les recettes fiscales ont ainsi diminué de 0,56 % à 6,85 milliards de dollars. La dépréciation de l’euro qui a été légèrement supérieure à 10 % l’année dernière a en effet affaibli la valeur des importations et, par conséquent, la TVA, les taxes douanières et autres taxes sur les biens et services qui représentent 36 % des recettes fiscales. La TVA a par exemple reculé de 4,3 % à 2,1 milliards de dollars. D’autres postes expliquent la baisse des recettes, comme le recul de 5,26 % des revenus des taxes foncières (11,4 % du total) résultant de la crise relative du secteur immobilier.
La recette de l’impôt sur le revenu, qui représente 28 % des recettes fiscales, n’a en revanche pas pâti démesurément de la baisse d’activité, principalement grâce à la contribution du secteur bancaire dont les profits sont restés solides. Elle a augmenté de 3,29 % à 1,9 milliard de dollars.
Cette détérioration – constatée sur la base de simples flux de trésorerie, l’État fonctionnant sans budget depuis dix ans – est la conséquence logique de celle de l’activité économique dont les effets négatifs sur les comptes publics compensent largement l’impact pourtant positif de la baisse du pétrole sur les dépenses de l’État. Le recul de 3,04 % des dépenses budgétaires et des décaissements du Trésor à 13,53 milliards de dollars s’accompagne d’une baisse plus importante, de 11,98 % des recettes, à 9,58 milliards de dollars.
La dette publique franchit le seuil des 70 milliards de dollars
Le service de la dette reste la principale source de dépenses pour l’État, avec une part de 33 % du total. Il a augmenté de 6,5 % à 4,46 milliards de dollars en 2015, principalement sous l’effet d’une hausse de 10 % des intérêts payés sur la dette libellée en livres libanaises (à 2,87 milliards de dollars), tandis que les intérêts payés sur la dette en dollars n’ont augmenté que de 0,6 %, à 1,59 milliard de dollars. Le creusement du déficit public s’est traduit en effet par un gonflement de 5,6 % de la dette publique qui a franchi le seuil des 70 milliards de dollars et représentait, fin 2015, 138,7 % du PIB. Cette dette est libellée à 62 % en livres libanaises.
Hors service de la dette, le solde primaire des opérations budgétaires est bénéficiaire de 724 millions de dollars, ce qui représente 1,4 % du PIB. Un point jugé positif par la Banque mondiale notamment.
Hausse des salaires
Les dépenses liées aux salaires et traitements de la fonction publique continuent pour leur part d’augmenter, malgré le fait que la révision de la grille des salaires n’a pas été consentie. Leur montant pour l’ensemble de l’année 2015 n’a toujours pas été publié, mais la hausse était de 8 % en rythme annuel fin août. Elle est en grande partie due aux recrutements dans les forces de sécurité.
En 2015, les transferts à EDL, l’un des plus gros postes de dépenses, représentent 1,13 milliard de dollars, soit 45,8 % de moins que l’année précédente. Ils représentent désormais 8,4 % des dépenses. La Banque mondiale a calculé que, depuis 1992, les transferts cumulés à Électricité du Liban, destinés à financer son déficit, ont représenté 55,4 % du PIB de 2013 et que 40 % de la dette publique libanaise peut lui être attribuée. Le ratio dette/PIB du Liban aurait été de 87,8 % au lieu de 143,1 % en 2013, si EDL ne faisait pas de pertes, souligne la Banque mondiale. Ces pertes sont une aberration totale, étant donné la situation de monopole dans laquelle se trouve l’entité publique, qui est le symptôme le plus flagrant des dysfonctionnements du système politique en place.
Bien que totalement exogène, liée à la baisse de la facture pétrolière, la réduction de ce poste enraie quatre années consécutives d’augmentation des dépenses publiques qui se sont établies à 13,53 milliards de dollars en 2015, contre 13,95 milliards l’année précédente. Mais cette marge de manœuvre budgétaire est loin d’avoir été mise à profit pour une meilleure gestion des comptes publics. Hors transferts à EDL, les dépenses ont augmenté de 4,5 % sur un an, un dérapage d’autant plus inquiétant, que la part des dépenses d’investissement, qui comprennent même les opérations de maintenance, reste ridiculement faible (les chiffres exacts ne sont pas publiés).
Baisse des revenus
Le Liban ne profite donc que marginalement de l’impact positif de la baisse des cours du brut, alors que la chute du niveau des revenus de l’État reflète celle de l’économie, mais traduit aussi l’impact de la dépréciation de l’euro sur les taxes à l’importation. La baisse globale des revenus s’explique surtout par le fait que l’année de référence, 2014, avait enregistré une hausse due à un transfert exceptionnel de recettes des Télécoms considérées par le gouvernement comme des “arriérés” pour la période 2010-2013. Même s’il constitue une dette envers les municipalités, ce transfert a été comptabilisé comme une recette non fiscale, contribuant à gonfler ce poste de 33 % en 2014. Il est à nouveau retombé de 38,7 % à 1,234 milliard de dollars en 2015, contre 2,012 milliards en 2014 et 1,430 milliard en 2013.
Hors transferts des télécoms, les revenus sont tout de même en baisse de 6 % sur l’année, à 9,575 milliards de dollars pour 2015. Les recettes fiscales ont ainsi diminué de 0,56 % à 6,85 milliards de dollars. La dépréciation de l’euro qui a été légèrement supérieure à 10 % l’année dernière a en effet affaibli la valeur des importations et, par conséquent, la TVA, les taxes douanières et autres taxes sur les biens et services qui représentent 36 % des recettes fiscales. La TVA a par exemple reculé de 4,3 % à 2,1 milliards de dollars. D’autres postes expliquent la baisse des recettes, comme le recul de 5,26 % des revenus des taxes foncières (11,4 % du total) résultant de la crise relative du secteur immobilier.
La recette de l’impôt sur le revenu, qui représente 28 % des recettes fiscales, n’a en revanche pas pâti démesurément de la baisse d’activité, principalement grâce à la contribution du secteur bancaire dont les profits sont restés solides. Elle a augmenté de 3,29 % à 1,9 milliard de dollars.