Le Liban a toujours été situé sur une faille sismique majeure, menacé d’un tremblement de terre potentiellement destructeur. N’étant pas le Japon, il fait mine d’ignorer ce danger géologique, même si tout un chacun frémit à l’évocation furtive de cette possibilité avant de la reléguer quelque part dans un tiroir oublieux de son cerveau. C’est un peu la même chose en matière économique et financière. Le pays se comporte depuis des années comme un funambule ignorant la falaise, persuadé que l’assurance de son pas précédent garantit celle du suivant. En réalité, si l’on peut faire confiance au gouverneur de la Banque centrale pour tenir solidement le balancier tant que le fil reste bien tendu, personne n’est à l’abri d’une secousse externe. Or après des années de relative sérénité concernant la situation financière du Liban – la dernière peur réelle remonte au début des années 2000 –, les signes d’inquiétudes refont surface. Choc pétrolier, guerres régionales, nouvelles normes fiscales internationales, sanctions bancaires de plus en plus efficaces, etc. accroissent le niveau de risque pour le système financier libanais et, partant, pour ses équilibres socio-économiques. Sans compter que la tectonique des plaques ne concerne pas seulement cette région du globe. L’onde de choc du Brexit montre à quel point le monde bouge. Des dynamiques nouvelles très puissantes sont à l’œuvre, ne s’exprimant que par à-coups. Individuellement, certains tentent de les décoder, mais une chose est sûre, le Liban, pas davantage que bien des États nettement plus mûrs que lui, n’a la capacité collective à s’y préparer.
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