C’est un profil atypique que celui de Jocelyne Chahwan, directrice générale adjointe, responsable de la banque de détail à la Blom. Car celle qui dirige quelque 500 salariés (dont 150 permanents) ne voulait juste pas travailler ! « J’imaginais me marier et me consacrer à ma famille. C’était un souhait profond. » Si Jocelyne Chahwan s’est bien mariée, son idéal de “femme au foyer” a très vite volé en éclats.
Depuis presque 30 ans, elle bosse en effet entre 10 et 12 heures par jour. « J’espère encore parfois gagner au Loto, prendre du temps pour moi, mais c’est peu probable », s’amuse-t-elle. À la contempler dans son bureau de Hamra, on n’imagine mal comment cette femme − la plus haut placée dans la hiérarchie de son établissement − aurait jamais pu rester chez elle. Trop d’énergie combattante chez elle pour croire que la félicité d’un foyer puisse jamais lui convenir.
Le changement va venir à cause de la guerre de 1975. Sa famille décide alors de s’expatrier à Montréal, au Canada. « Là-bas, je devais travailler pour aider financièrement mon mari. » Ses études de “business and administration” séduisent la Banque de Montréal. « À ma propre surprise, j’y ai alors découvert que j’aimais profondément vendre. » À l’époque, rappelle-t-elle, dans les années 1990, les banques occidentales sont en pleine révolution : elles découvrent qu’elles ne sont plus seulement des comptables et qu’elles doivent se transformer en vendeurs, si elles veulent survivre. « Il fallait réinventer notre métier alors que le comportement des clients évoluait à très grande vitesse. » À la Banque de Montréal, elle gravit les échelons et termine responsable des services d’investissement.
Était-ce difficile ? Sans l’aide de son mari, sa carrière aurait sans doute été malmenée. « Une fois dans le monde du travail, il n’était pas question pour moi de demander un “traitement de faveur”. J’ai travaillé comme un homme l’aurait fait. Ce qui signifiait de longues journées, des voyages à l’étranger, des réunions… Mon mari m’a souvent relayée auprès de mes enfants. Sans son ouverture d’esprit, je n’aurais pas pu y arriver. »
Quand elle rentre au Liban, elle s’accorde une année off, le temps de s’assurer que ses enfants trouvent dans le pays de leurs parents leurs propres marques. Assez vite toutefois, elle piaffe et envoie son CV aux banques libanaises. Parmi les réponses reçues, celle de la Blom l’attire. « L’équipe me plaisait. Les défis qu’elle affrontait m’étaient de surcroît familiers. » Elle intègre l’établissement en 1996 et débute une nouvelle vie comme responsable des formations. « Il fallait construire un nouveau métier, celui de conseiller de clientèle. » Peu avant le tournant des années 2000, elle passe à la banque de détail comme responsable du marketing. « Je dois ce poste en partie à un coup de dé. Lors d’une réunion, l’un de mes patrons présente un nouveau produit d’assurance. Mais je sens que les “vendeurs” comprennent mal le descriptif trop technique. Un mois plus tard, quand je le recroise, je lui demande si les ventes ont décollé. « C’est zéro ou presque », me dit-il. Alors je me lance : « Donnez-en moi la responsabilité. Je vous garantis que les ventes décolleront. » Un mois plus tard, les objectifs sont dépassés. « Ces résultats, je les obtiens grâce à une forte implication, voire de l’application. Je suis tenace et exigeante, pour moi comme pour les autres. » Ces qualités, la banque les remarque vite : en 2009, elle est nommée responsable adjointe de la banque de détail. Se voit-elle aller plus loin ? « Évidemment, il n’y a aucune raison pour que je ne progresse pas encore. » Sans doute son prochain combat.
Depuis presque 30 ans, elle bosse en effet entre 10 et 12 heures par jour. « J’espère encore parfois gagner au Loto, prendre du temps pour moi, mais c’est peu probable », s’amuse-t-elle. À la contempler dans son bureau de Hamra, on n’imagine mal comment cette femme − la plus haut placée dans la hiérarchie de son établissement − aurait jamais pu rester chez elle. Trop d’énergie combattante chez elle pour croire que la félicité d’un foyer puisse jamais lui convenir.
Le changement va venir à cause de la guerre de 1975. Sa famille décide alors de s’expatrier à Montréal, au Canada. « Là-bas, je devais travailler pour aider financièrement mon mari. » Ses études de “business and administration” séduisent la Banque de Montréal. « À ma propre surprise, j’y ai alors découvert que j’aimais profondément vendre. » À l’époque, rappelle-t-elle, dans les années 1990, les banques occidentales sont en pleine révolution : elles découvrent qu’elles ne sont plus seulement des comptables et qu’elles doivent se transformer en vendeurs, si elles veulent survivre. « Il fallait réinventer notre métier alors que le comportement des clients évoluait à très grande vitesse. » À la Banque de Montréal, elle gravit les échelons et termine responsable des services d’investissement.
Était-ce difficile ? Sans l’aide de son mari, sa carrière aurait sans doute été malmenée. « Une fois dans le monde du travail, il n’était pas question pour moi de demander un “traitement de faveur”. J’ai travaillé comme un homme l’aurait fait. Ce qui signifiait de longues journées, des voyages à l’étranger, des réunions… Mon mari m’a souvent relayée auprès de mes enfants. Sans son ouverture d’esprit, je n’aurais pas pu y arriver. »
Quand elle rentre au Liban, elle s’accorde une année off, le temps de s’assurer que ses enfants trouvent dans le pays de leurs parents leurs propres marques. Assez vite toutefois, elle piaffe et envoie son CV aux banques libanaises. Parmi les réponses reçues, celle de la Blom l’attire. « L’équipe me plaisait. Les défis qu’elle affrontait m’étaient de surcroît familiers. » Elle intègre l’établissement en 1996 et débute une nouvelle vie comme responsable des formations. « Il fallait construire un nouveau métier, celui de conseiller de clientèle. » Peu avant le tournant des années 2000, elle passe à la banque de détail comme responsable du marketing. « Je dois ce poste en partie à un coup de dé. Lors d’une réunion, l’un de mes patrons présente un nouveau produit d’assurance. Mais je sens que les “vendeurs” comprennent mal le descriptif trop technique. Un mois plus tard, quand je le recroise, je lui demande si les ventes ont décollé. « C’est zéro ou presque », me dit-il. Alors je me lance : « Donnez-en moi la responsabilité. Je vous garantis que les ventes décolleront. » Un mois plus tard, les objectifs sont dépassés. « Ces résultats, je les obtiens grâce à une forte implication, voire de l’application. Je suis tenace et exigeante, pour moi comme pour les autres. » Ces qualités, la banque les remarque vite : en 2009, elle est nommée responsable adjointe de la banque de détail. Se voit-elle aller plus loin ? « Évidemment, il n’y a aucune raison pour que je ne progresse pas encore. » Sans doute son prochain combat.