Les marchés financiers ont réagi lundi aux développements politiques du week-end, mais les baisses constatées étaient relativement contenues. Sur le marché de la dette, les prix des eurobonds libanais ont perdu entre 2 et 5 points selon les maturités. A la mi-journée, l’eurobond arrivant à échéance en 2022 par exemple s’échangeait à 96,95 cents, son plus bas niveau depuis le début de l’année, selon les données de Thomson Reuters. « Cette baisse s’inscrit dans une tendance globalement baissière sur les marchés émergents et régionaux », nuance toutefois le responsable des marchés des capitaux de FFA Private Bank, Faycal Barbir. «Il y a eu des ventes et des ajustements de portefeuilles, mais dans des volumes relativement limités. Il n’y a pas eu de mouvement de panique», assure-t-il.
En parallèle, les prix des contrats qui permettent de se couvrir contre le risque de défaut de l’Etat libanais, les Credit Default Swap (CDS), ont augmenté. «Les CDS qui étaient à 475 points de base vendredi ont franchi la barre des 500 points de base, avec des hausses entre 30 et 40 points de base, mais là encore on ne peut pas parler de panique», ajoute Faycal Barbir. «Par rapport au séisme politique que représente la démission du Premier ministre, la réaction des marchés est très clémente», renchérit un banquier sous couvert d’anonymat.
Sur la Bourse de Beyrouth, les actions de Solidere ont souffert, perdant plus de 7%, mais les actions bancaires ont relativement bien résisté. L’action GDR de la banque Audi a baissé de 3,14% et l’action ordinaire de 2% par rapport à vendredi. Celles de la Blom ont reculé de 1,42% pour la GDR et 1,71% pour l’action ordinaire. La capitalisation de la bourse de Beyrouth a ainsi baissé de 2,05%, mais le volume et la valeur des transactions n’étaient pas particulièrement significatifs.
«Les marchés sont conscients qu’il s’agit d’une crise politique dont on ne connait pas encore les conséquences, et non pas d’une crise monétaire ou financière», affirme Faycal Barbir.
Sur le front monétaire, la situation semble pour le moment sous contrôle. «Nous avons reçu des demandes de conversion, mais le phénomène n’est pas massif», témoigne un banquier. A cet égard, le timing de l’annonce a joué en faveur des banquiers, qui ont eu le week-end pour rassurer leurs plus grands clients. «Aucune directive ou mesure extraordinaires n’ont été prises au niveau de la banque centrale ou de l’Association des banques», assure l’un d’entre eux. Plusieurs sources ont toutefois affirmé au Commerce du Levant que les banques ont convenu de faire preuve de fermeté au niveau des échéances, refusant les conversions des dépôts à terme.