La Banque mondiale a revu à la baisse sa prévision de croissance pour le Liban en 2018, de 2,5 % en octobre à 2,2% désormais.
La Banque Mondiale a en revanche maintenu à 2 % son estimation de croissance pour le Liban en 2017, un chiffre qui avait aussi été revu à la baisse en octobre. Avant cette date, les analystes de l'organisation tablaient sur une croissance de 2,5 % en 2017, en pariant notamment sur « le regain de confiance généré par la reprise du processus politique » dans la foulée de l'élection de Michel Aoun à la présidence de la République le 31 octobre 2016, après plus de deux ans de vacance présidentielle.
« La croissance en 2017 a finalement été plus lente que prévu dans la mesure où ce regain de confiance ne s'est pas traduit par une relance significative de l'activité économique », a relevé Wissam Haraké, économiste à la Banque Mondiale. « Le secteur privé a maintenu une attitude attentiste », ajoute-t-il.
S'agissant de 2018, « il ne faut pas s'attendre à beaucoup de changement tant que le pays n'a pas lancé les réformes structurelles qui lui permettront d'améliorer son climat des affaires », a-t-il ajouté, en soulignant toutefois qu’un « nouveau momentum » pourrait changer la donne après les élections législatives prévues au printemps.
De son côté, l’agence de notation Moody’s s’est montré un peu plus optimiste. Dans son dernier rapport sur les perspectives économiques des pays du Levant et d'Afrique du Nord, Moody's a dit s'attendre à ce que le PIB libanais affiche une croissance de 2,8 % en 2018.
Selon Moody's, qui avait abaissé en août la note souveraine du Liban d'un cran de B2 à B3, tout en relevant sa perspective de « négative » à « stable », l'économie libanaise devrait bénéficier de la « dynamique de croissance globale » qui se manifeste au niveau régional. Cette tendance est notamment marquée, selon le rapport, par « des réformes structurelles en cours » ainsi que « la réouverture progressive des routes commerciales » dans des zones en proie à des troubles politico-sécuritaires ces dernières années et qui sont en phase de désescalade progressive.
L'agence de notation souligne toutefois le risque que la croissance libanaise soit affectée par les répercussions des tensions régionales existantes, ainsi que par les handicaps structurels qui pénalisent l'économie du pays. Elle signale également que le Liban figure parmi les pays qui sont « fortement endettés » et qui doivent composer avec « des taux élevés de refinancement de leur dette ». Une configuration qui pourrait accentuer la hausse des taux d'intérêt au courant de l'année, note encore l'agence. Moody's ajoute que le Liban fait partie des pays, avec l'Égypte et la Tunisie, qui auront des difficultés à réduire leur déficit public. Selon le ministère des Finances, le budget pour 2017 – adopté en octobre – avait tablé sur un déficit record de 4,97 milliards de dollars, contre 4,94 milliards de dollars en 2016. La dette publique libanaise a atteint, quant à elle, 79,4 milliards de dollars à fin novembre 2017 (+ 6,4 % en un an), pour un ratio dette/PIB proche de 150 %.
Moody's note enfin que le déficit de la balance courante du Liban – qui représente le solde des flux monétaires d'un pays liés aux échanges internationaux – devrait « représenter entre 16 et 17 % du PIB sur les deux prochaines années », notamment en raison du poids que fait peser sur l'économie la présence massive de réfugiés sur le territoire.