La première série arabe produite par le géant de la vidéo à la demande sera réalisée par le Libanais Mir-Jean Bou Chaaya et disponible à partir de 2019. En développant des contenus régionaux, Netflix cherche à s’imposer sur un marché encore balbutiant, mais à fort potentiel.
Pour sa première série arabe, Netflix a choisi le cadre de la cité antique de Petra en Jordanie. Présentée comme une série fantastique, “Jinn” racontera les aventures d’un groupe d’adolescents bouleversés par l’arrivée d’une créature surnaturelle à l’apparence humaine. Pour le scénario, les producteurs exécutifs Elan et Rajeev Dassani, auteurs de plusieurs longs-métrages de sciences-fictions, ont démarché le Jordanien Bassem Ghandour. La réalisation a été confiée au Libanais Mir-Jean Bou Chaaya, auteur de film “Kteer kbeer” (“Very Big Shot” dans sa version anglaise), un carton dans les salles libanaises avec plus de 60 000 entrées en 2016, et depuis vendu et hébergé sur la plate-forme en ligne. « C’est une vraie opportunité pour parler de la jeunesse arabe et cela démontre un réel intérêt pour la région. », se réjouit le réalisateur Mir-Jean Bou Chaaya. La série s’annonce aussi comme un nouveau défi pour le réalisateur de 28 ans, davantage habitué aux longs-métrages. « J’aimerais injecter la discipline d’un long-métrage, y apporter une touche artistique. » Le tournage des six épisodes doit débuter cet été pour une sortie prévue en 2019. Le budget n’a pas été communiqué, mais la démarche s’inscrit dans la stratégie d’expansion mondiale du géant de la vidéo à la demande.
« Célébrer la jeunesse et la culture arabes »
Présent dans 190 pays, le groupe américain – fondé à la fin des années 1990 comme simple service de location de DVD – a terminé l’année dernière avec plus de 117 millions d’abonnés, un chiffre d’affaires de 11 milliards de dollars et des bénéfices nets de 559 millions de dollars. Des résultats meilleurs que prévus qui l’ont incité à investir jusqu’à 8 milliards de dollars dans de nouveaux contenus (séries, films, dessins animés, documentaires, spectacles…) en 2018. Face à une croissance toujours plus importante hors de ses bases (63 millions à l’international fin 2017 contre 54 millions d’abonnés américains), Netflix souhaite se rapprocher de son audience étrangère. Avec près de 417 millions d’habitants, la région Mena n’échappe pas à l’appétit du géant. « Nous sommes heureux de travailler avec une équipe variée et talentueuse pour lancer notre première série au Moyen-Orient, a réagi dans un communiqué Erik Barmack, vice-président du pôle international série du groupe lors de la sortie de “Jinn”. Nous sommes impatients de présenter cette histoire à une audience mondiale et célébrer la jeunesse et la culture arabes ».
Selon le bureau d’études IHS Markit, le marché des services de vidéos par abonnement dans la région Mena ne comptait à la fin 2017 que 1,3 million d’abonnés, mais les prévisions tablent sur une croissance annuelle de 35 % jusqu’à 2021. Toujours selon le cabinet d’études IHS Markit, si la région peut compter sur quelques acteurs locaux (Icflix, Seevii, iFlix, Viu…), 21 % du marché reste trusté par Netflix et son concurrent Amazon.
Symbole de son intérêt pour la région et de sa détermination à développer ses parts de marché, Netflix a signé en février dernier un accord avec le bouquet satellite payant émirien Orbit Showtime Network (OSN) permettant l’accès aux utilisateurs d’OSN à la plate-forme en ligne de Netflix. Au Liban, le groupe, qui ne dévoile pas ses résultats par pays, est présent depuis 2016. Le 1er mars, il enregistrait l’arrivée dans son catalogue du spectacle d’Adel Karam, “Live From Beirut”.