Le groupe libanais a remporté un appel d’offres pour la construction et la gestion d’une centrale de 130 MW, son plus gros projet à ce jour sur le continent.
L’entreprise libanaise spécialisée dans la production et la distribution d’électricité et de matériel électrique, Matelec, va lancer la construction de sa troisième centrale thermique au Sénégal, à Malicounda. Moyennant un investissement d’environ 135 millions d’euros (160 millions de dollars), celle-ci aura une capacité de production maximale de 130 mégawatts (MW) et sera opérationnelle en 2020. « Le financement sera assuré à 70 % par la Société financière internationale (SFI), membre du groupe de la Banque mondiale, et à 30 % par le groupe Matelec », explique César Lutfallah, directeur des projets d’ingénierie au sein de Matelec. Melec Power Gen (MPG), filiale du groupe Matelec, opérera aussi la centrale pendant vingt ans, en tant que producteur d’énergie indépendant.
Le projet repose en effet sur un contrat BOT (build, operate and transfer) remporté dans le cadre d’un appel d’offres public organisé fin 2017. Matelec va vendre l’énergie produite à la société nationale d’électricité du Sénégal (Senelec), et une fois le contrat arrivé à terme, la centrale thermique sera transférée à Senelec.
Ce projet s’inscrit dans le cadre des efforts menés par le Sénégal pour augmenter sa production d’électricité afin de faire face à une demande croissante. La centrale fonctionnera au fioul lourd, « un carburant qui pourra toutefois être remplacé par le gaz une fois qu’il sera disponible. Mais cette démarche nécessitera quelques modifications au niveau de la centrale, afin de l’adapter au nouveau combustible », souligne Ibrahim Melhem, directeur du projet de Malicounda. Selon un communiqué, le Sénégal et la Mauritanie ont déjà signé un accord de coopération afin de développer des ressources gazières qui pourront être exploitées dans le futur par les deux pays.
Matelec gère déjà deux autres centrales thermiques au Sénégal. La première, d’une capacité de production de 67,5 MW, est opérationnelle depuis 2008 et la seconde, d’une capacité de 115 MW, opère depuis 2016. Ces centrales se trouvent respectivement à Kounoune et à Tobène.
Ailleurs en Afrique, le groupe libanais opère aussi depuis 2013 une centrale thermique au Kenya (à Thika), d’une capacité de production de 87 MW.
Le groupe libanais entend poursuivre son expansion sur le continent. Il participe notamment à de nouveaux appels d’offres au Ghana et au Burkina Faso. Le marché africain, qui a représenté 45 % du chiffre d’affaires du groupe sur les trois dernières années, est « intéressant pour Matelec, étant donné la taille de la population et les besoins en électrification », explique Vahé Aghasarkissian, directeur de développement au sein de Matelec.
Fondé en 1974 par la famille Doumet, alors principal actionnaire de la société de câbles électriques Liban Câbles, le groupe Matelec a commencé par produire et distribuer des transformateurs électriques. Il a progressivement diversifié ses activités au transport, à la distribution et à la production d’énergie électrique. Il a réalisé en 2017 un chiffre d’affaires de 500 millions de dollars, dont 40 % a été généré au Liban. Une part exceptionnelle dopée par deux projets de sous-stations électriques réalisées pour le compte d’Électricité du Liban. En temps normal, le groupe ne réalise que 10 % en moyenne de son chiffre d’affaires au Liban.
Matelec est aujourd’hui détenu par Doumet Electrical Holding, la famille Moretti (actionnaire de Caporal et Moretti, société libanaise qui opère dans l’électricité, les télécommunications et les systèmes de sécurité) et Sami Soughayar, PDG de Matelec. Le groupe emploie 600 salariés, dont 550 au Liban. Outre son usine de matériel électrique à Gherfine, le groupe possède cinq unités de production à l’étranger : en Algérie, en Égypte, en France, en Jordanie et en Arabie saoudite.