Plusieurs affaires récentes sont venues rappeler l’appétit des promoteurs immobiliers pour le littoral. Trois projets de développement dans la région de Zouk Mosbeh, Zouk el-Kharab et Damour ont ainsi été approuvés par le Conseil des ministres, malgré leur rejet par le Conseil supérieur de l’urbanisme. En parallèle, à Enfé, l’évêché orthodoxe de Tripoli a lui aussi demandé l’autorisation d’utiliser le domaine public maritime, ranimant les craintes d’un projet de “village touristique” dans l’une des dernières régions préservées du pays. Entretien avec le président de l’ordre des ingénieurs et des architectes de Beyrouth, Jad Tabet, qui suit de près ces dossiers.
Comment privatise-t-on une plage ?
Au Liban, les plages ne sont pas privées « normalement » : le domaine public maritime, qui comprend une bande de mer et de plage, est inaliénable. Cela signifie que personne ne peut en devenir propriétaire. Cette législation (arrêté 144/S du 10 juin 1925) a été adoptée sous le mandat et s’inspire directement du droit français. Pour le Liban, comme pour la France, le domaine public maritime correspond à l’espace bordant la mer jusqu’au point atteint par la « plus haute vague en hiver ». Mais un décret daté de 1966 (n° 4810) a ouvert la brèche à un usage commercial du littoral : il a accordé des concessions à titre exceptionnel « pour des projets touristiques et industriels d’utilité publique ». Officie