Une ONG a pris en charge le recyclage des affiches de la dernière campagne électorale. Transformées en sacs à dos, ils ont ensuite été distribués à 4 000 écoliers.
Impossible d’échapper aux affiches politiques lors de la dernière campagne électorale tant celles-ci avaient envahi l’espace public des semaines durant, fleurissant sur le bord des autoroutes et les façades des immeubles. Mais leur prolifération n’est pas sans impact environnemental. La plupart sont en effet composées de flex, un matériau non recyclable et toxique lorsqu’on le brûle, dont on estime à 100 000 mètres carrés la production mensuelle au Liban. Soit l’équivalent de 14 stades de foot !
Des sacs à dos écolo
Pour faire face à ces déchets supplémentaires, une initiative originale a vu le jour : transformer les affiches électorales en sacs à dos 100 % écolo. Le projet se base sur le principe de la réutilisation. Il s’agit de donner une seconde vie aux objets en leur attribuant une fonction autre que celle initialement prévue. Une pratique durable et respectueuse de l’environnement qui consiste à traiter les déchets afin d’en extraire la matière première susceptible de fabriquer de nouveaux produits.
Lancé par l’ONG libanaise Active Advocacy for Communities of Tomorrow (ACT) sous le nom de Upcycling the Elections, le projet a permis de concevoir 4 000 sacs à partir de 56 panneaux, soit 2 700 mètres carrés d’affiches. Les sacs à dos ont ensuite été distribués gratuitement à la rentrée 2018 à des élèves de 35 écoles publiques, choisies par le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur selon des critères sociaux. « Tout a commencé en mai dernier, pendant les élections. Nous nous sommes demandés que va-t-il advenir de tous ces panneaux ? Comment éviter qu'ils ne s'ajoutent à la quantité déjà impressionnante de déchets non traités ? Nous sommes ainsi entrés en contact avec une dizaine d’agences publicitaires, dont Pikasso Affichage, Plus Holding et Clémentine, qui nous ont permis de récupérer un maximum d’affiches. Notre idée était de pouvoir les réutiliser au service d’un projet durable, qui serait à la fois écologique et social », explique Paula Abdelhak, fondatrice de l’ONG ACT, spécialisée notamment sur les questions de sensibilisation environnementale.
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En partenariat avec le studio de design et de création libanais Waste Studio, spécialisé dans la réutilisation de flex depuis 2006, ce projet pilote allie volet social et sensibilisation des plus jeunes aux thématiques écologiques. Le financement de l’opération, dont l’association n’a pas souhaité révéler le montant, a été assuré par la Fondation Friedrich Erbert Stiftung et l’ambassade du Royaume-Uni.
ACT ne compte pour autant pas s’arrêter là. Elle envisage notamment de trouver des sources d’autofinancement : « On peut créer toutes sortes de produits à partir du flex, des trousses, des meubles, des sacs, pourquoi pas ouvrir une entreprise sociale. » Mais pour aller encore plus loin, c'est le cadre légal qu'il faudrait amender « en limitant la consommation de flex et en contraignant les agences publicitaires à collaborer avec des associations dans le cadre de leur réutilisation ultérieure », assure Paula Abdelhak.
En attendant, ces sacs à dos auront peut-être réussi une prouesse. « Un des risques était que les bannières initialement utilisées puissent laisser deviner la couleur politique des partis… Or de ce point de vue, les sacs sont une réussite et ne laissent rien transparaître ! » s’amuse la directrice de ACT. Aurait-on enfin trouvé un moyen de recycler la classe politique?