Le déficit public libanais continue de se creuser. Selon les derniers chiffres publiés par le ministère des Finances, le déficit cumulé sur les onze premiers mois de 2018 a augmenté de 72 % par rapport à la même période en 2017. Il a ainsi atteint 5,8 milliards de dollars à fin novembre 2018, alors que le gouvernement tablait sur un déficit public de 4,8 milliards de dollars sur l’ensemble de l’exercice dans le budget prévisionnel de 2018, voté en mars dernier par les députés.
Ce “dérapage” des finances publiques complique la tâche du nouvel exécutif qui doit présenter un projet de budget 2019 rapidement. Le Liban s’est en effet engagé durant la conférence de Paris à baisser de 5 % le ratio déficit public/PIB sur une durée de cinq années consécutives. « Le Liban est allé à Paris avec un budget 2018, dont le déficit public ne dépassait pas les 9 % du PIB. Or aujourd’hui, nous sommes à plus de 11 % du PIB. Il ne faut pas que le gouvernement pense qu’il pourra se contenter de baisser le déficit à 10 %, il devra obligatoirement le baisser à 8 %, conformément à ses engagements », rappelait un diplomate.
Le déficit public représente 35,09 % des dépenses publiques totales à fin novembre 2018, contre 24,76 % un an plus tôt. Les dépenses publiques ont augmenté de 21,4 % en glissement annuel, à 16,5 milliards de dollars fin novembre 2018. Cette hausse est principalement due à l’écart entre le coût estimé du relèvement de la grille des salaires et des traitements de la fonction publique, avant son vote et son coût effectif, à une augmentation importante du nombre de départs à la retraite en 2018 (encouragée par ce relèvement), mais aussi au recrutement de 5 000 fonctionnaires supplémentaires depuis août 2017, soit après l’entrée en vigueur de la loi n° 46 officialisant la hausse de la grille des salaires de la fonction publique. Or, l’article 21 de ce texte imposait un gel des recrutements pendant deux ans, sauf besoins exceptionnels devant être dûment explicités et motivés.
En parallèle, les revenus de l’État n’ont augmenté que de 4,7 % en glissement annuel, totalisant environ 10,75 milliards de dollars. Les recettes fiscales ont atteint 7,9 milliards de dollars (+3,2 %), tandis que les recettes non fiscales se sont élevées à 2 milliards de dollars (+10 %). En 2017, les recettes fiscales avaient été dopées par la taxation des bénéfices exceptionnels réalisés par plusieurs banques suite aux opérations d’ingénierie financière lancées par la Banque du Liban (BDL) en 2016. Le solde primaire – c’est-à-dire hors service de la dette, lequel s’élevait à 3,9 milliards de dollars fin novembre 2018 – atteint un déficit de 490 millions de dollars, contre un surplus de 1,4 milliard de dollars à la même période en 2017.