Vingt réunions et près d’un mois ont été nécessaires pour que le projet de budget 2019 soit adopté en Conseil des ministres et transmis au Parlement. Celui-ci table sur des dépenses publiques de 23 339 milliards de livres libanaises (15,48 milliards de dollars), auxquelles s’ajoute l’avance du Trésor à Électricité du Liban (EDL) de 1 306 milliards de livres (866 millions de dollars). Ce montant s’ajoute aux 400 milliards de livres (265,3 millions de dollars) octroyés par décret présidentiel en février, et 794 milliards de livres (526,7 millions de dollars) votés en mars par le Parlement et porte à 2 500 milliards de livres (près de 1,66 milliard de dollars) la facture totale d’EDL. Selon le ministre des Finances, « les dépenses sont constituées de 35 % de salaires et allocations, 35 % pour le service de la dette, 11 % pour combler le déficit du secteur de l’électricité, 9 % de dépenses d’investissements, le reste constituant des dépenses de fonctionnement des administrations ».
Pour réduire les dépenses, le gouvernement a adopté une série de mesures parmi lesquelles le gel des recrutements sous toutes ses formes dans la fonction publique, y compris dans l’armée, pendant trois ans ; le plafonnement du total des indemnités perçues par les fonctionnaires au cours d’une année à l’équivalent de 75 % de leur salaire principal ; une ponction mensuelle de 3 % sur les pensions de retraite des anciens militaires qui servira à financer leur couverture maladie ; l’arrêt des versements des bonus et des rémunérations salariales et la hausse du nombre d’années d’exercices nécessaires pour pouvoir partir à la retraite.
Les ministres ont adopté également des mesures visant à augmenter les recettes publiques comme l’instauration d’une taxe temporaire (jusqu’à fin 2022) de 2 % sur les importations (sauf pour les véhicules électriques et hybrides, les équipements et les matières premières utilisés par les filières agricoles et industrielles) ; l’instauration d’une nouvelle tranche pour l’impôt sur le revenu ; la hausse pendant trois ans de l’impôt sur les intérêts bancaires de 7 à 10 % ; la réduction à 50 millions de livres du chiffre d’affaires minimum en deçà duquel les entreprises ne sont pas assujetties à la TVA ; la hausse de certaines taxes collectées par la Sûreté générale ; l’instauration d’une taxe sur chaque nuitée dans un hôtel ou un appart-hôtel, sur les permis d’arme de guerre à usage personnel, sur les permis d’installation de vitres fumées et sur chaque narguilé consommé dans un restaurant, café, hôtel ou boîte de nuit. Avec ces mesures, les recettes attendues s’élèvent à 19 015 milliards de livres (12,61 milliards de dollars), dont 14 823 milliards de livres (9,83 milliards de dollars) de recettes fiscales.
Le déficit prévu s’élève ainsi à 6 824 milliards de livres (près de 4,53 milliards de dollars), ce qui représente un ratio déficit/PIB de 7,59 % du PIB pour l’année en cours, contre 11,4 % en 2018, selon le ministre des Finances. Le budget de 2018, adopté le 29 mars, prévoyait, lui, un déficit de 7 304 milliards de livres libanaises (4,87 milliards de dollars), un chiffre largement dépassé. Les chiffres de l’ensemble de l’année n’ont pas encore été publiés, mais en novembre 2018 le déficit public atteignait déjà 5,8 milliards de dollars, soit presque un milliard de plus de ce qui était prévu. Le texte doit désormais être étudié par la commission parlementaire des Finances.