La nouvelle station de traitement des eaux usées de Zahlé, s’est vu attribuer une tâche dantesque : contribuer à assainir le fleuve Litani, où étaient auparavant rejetées les eaux usées de la région. S’y ajoute la volonté de préserver et de revaloriser les ressources hydrauliques de la Békaa, dans un contexte de réchauffement climatique mondial. «Ce projet s’inscrit dans une démarche d’économie circulaire : il permet à la fois la préservation et la revalorisation des ressources naturelles», a ainsi expliqué Diego Colmegna, directeur général adjoint de Suez Italie, la société qui a gagné l’appel d’offre pour la construction de la station et qui en assure aujourd’hui l’exploitation.
Inaugurée mi-juillet, mais opérationnelle depuis octobre 2017, cette nouvelle station accueille les rejets des quelques 205 000 habitants de la ville de Zahlé et des villages avoisinants de Kaa el-Rim et Hazzerta, soit 20 000 m3 d’eaux usées par jour – la centrale ayant une capacité théorique de 37 000 m3. Elle devrait d’ici à 2030 épurer les eaux usées d’environ 300 000 habitants.
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Le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR), qui est le maître d’ouvrage du chantier, a vu grand en matière de technologie. «La station de Zahlé est la seule du pays à mettre en place un traitement tertiaire utilisant un système de filtration et d’UV pour éliminer les bactéries», se félicite sa directrice Blondie Mirad.
Cette étape supplémentaire permet l’emploi des eaux usées et traitées dans l’irrigation agricole. Le secteur est d’autant plus intéressé que ces eaux s’avèrent riches en azote et en phosphore, des nutriments recherchés pour nourrir les cultures, ce qui limite le recours aux engrais.
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Un projet aussi ambitieux suppose un investissement considérable : la station de Zahlé a ainsi coûté 22,4 millions d’euros (près de 25 millions de dollars), financés grâce à un prêt à taux réduit octroyé par l’Agence italienne pour la Coopération et le Développement. Les coûts de gestion, qui se sont élevés à 1,5 million d’euros (environ 1,7 million de dollars) en 2018, sont pris en charge par l’Italie pour le moment. Mais c’est au gouvernement libanais qu’il incombe normalement d’assumer les frais relatifs à l’exploitation du site. Or faute d’une taxe d’assainissement comme il en existe une, par exemple, pour Tripoli, on ignore comment la station de Zahlé pourra être financée dans les prochaines années. Une incertitude qui compromet d’ailleurs le passage de relais entre l’opérateur actuel, Suez Italie, et l’Office des eaux de la Békaa, censé en reprendre la gestion à partir de janvier 2020.
Des boues saines ? A Zahlé comme dans toute station d’épuration, le processus de filtrage rejette des déchets, en l’occurrence des «boues solides». «Pour l’instant, celles-ci sont désinfectées et stabilisées par chaulage, puis envoyées dans des lieux de stockage temporaires ou des décharges aménagées», explique Hassan Abdallah, directeur des opérations chez Suez pour la zone Afrique-Proche-Orient. «Le CDR travaille cependant sur des solutions pérennes pour les réutiliser dans les domaines industriels ou agricoles», poursuit-il, sans fournir plus de précisions. La directrice de la station, Blondie Mirad, se veut rassurante quant à la toxicité de ces déchets : «D’après nos premières analyses, qui ne valent pas encore conclusion, nos boues solides sont de "bonne qualité". On n’y détecte pas de traces de salmonelles, et elles contiennent des métaux lourds en quantités infimes qui sont en adéquation avec les normes françaises.» |