Après quatre mois de crise des déchets dans le Nord, le gouvernement a trouvé un site d’enfouissement alternatif pour remplacer celui d’Adwé fermée. Une “solution provisoire”, qui ne change rien à l’absence de gestion des déchets et révèle surtout l’inaction politique sur ce dossier.
Il aura fallu quatre mois au gouvernement pour trouver une “solution provisoire” à la crise des déchets des cazas de Zghorta, Bécharré, Koura et Minié-Denniyé. Lors du Conseil des ministres du 22 août, les ministres se sont finalement entendus sur un possible terrain pour construire la future décharge sanitaire de la région : une carrière inexploitée, propriété de l’ancien député Salim Karam, situé dans la commune de Hawakir Denniyé (caza de Zghorta).
Selon L’Orient-Le Jour, la procédure d’expropriation pourrait démarrer assez vite, le terrain devant servir de zone de stockage des ordures ménagères accumulées pendant la crise avant d’être aménagé en décharge contrôlée. Le ministère de l’Environnement n’a pas souhaité fournir d’informations supplémentaires, préférant attendre « que la décision soit définitivement actée » pour donner plus de détail.
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Mais dès l’annonce officielle, les habitants de Hawakir-Denniyé ont manifesté leur colère, se faisant fort d’en empêcher l’implantation.
De toutes les façons, la création d’un nouveau site d’enfouissement ne répond pas aux enjeux réels d’une gestion durable des déchets. «Les solutions temporaires ne pourront jamais régler ce problème», affirme le président de la Fédération des municipalités de Zghorta, Zeenni Kheir.
Ensemble, les quatre cazas, qui comptent entre 300.000 et 400.000 habitants, produisent environ 400 tonnes de déchets. Et seule, à ce jour, la région de Zghorta (120 tonnes de déchets par jour) a débuté en 2016 une expérimentation de tri sélectif. «Ce qui permettait d’éviter l’enfouissement d’environ 10 % de nos déchets», avance Zeenni Kheir.
Or, sans tri à la source, sans retraitement ni valorisation, aucune solution pérenne ne peut s’imposer. «Le problème majeur réside dans les politiques mises en place par le gouvernement. Celles-ci sont orientées vers les intérêts des contracteurs – et non ceux des citoyens – puisqu’ils sont payés par tonne. Ils ont donc intérêt à augmenter le nombre total de déchets qu’ils reçoivent pour maximiser leurs profits», fait valoir Zeina Abla de la Waste Coalition.
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La crise des déchets dans le nord du pays a surgi sur la scène publique en avril dernier lorsque la décharge sauvage d’Adwé – un site d’enfouissement illégal pourtant opérationnel depuis une quinzaine d’années – a été fermée, pour des raisons à ce jour mal élucidées.
Détenu par Jamal el-Seif, celui-ci exigeait des différentes municipalités le paiement de 10 dollars par tonne enfouie, selon le président de la Fédération des municipalités de Zghorta. Un montant auquel s’ajoutait une taxe pour le transport, oscillant, selon la distance à parcourir, entre 133 et 200 dollars.
Face aux poubelles en putréfaction dans les rues de la plupart des villes et des villages du Nord, édiles et gouvernement ont sélectionné plusieurs sites alternatifs. Début août, Terbol semblait tenir la corde. Mais cette piste a été abandonnée sous la pression de la rue. C’est aujourd’hui, au tour de l’ancienne carrière à Hawakir-Denniyé de représenter la “solution temporaire” pour résorber la crise.
Rien n’est cependant réglé quant au cycle de collecte et de valorisation des déchets. Le ministère de l’Environnement a pourtant présenté à la présidence du Conseil, début juin, une feuille de route pour tenter de construire un “Plan déchet” à l’horizon 2030. Discuté fin août en Conseil des ministres, ce plan prévoit notamment l’établissement de 25 décharges sanitaires contrôlées dans le pays, la réhabilitation et la construction de centres de retraitement des déchets, ainsi que la construction controversée d'au moins deux incinérateurs (dont un pour le nord). Des mesures qui devraient permettre, est-il écrit, « de ne plus enfouir que 20 % des déchets d’ici à 2030 ».