«Je ne m’attendais pas à une réponse aussi enthousiaste», se félicite Lara Bitar, cofondatrice d’al-Murasila (La Correspondante), une nouvelle organisation médiatique à but non lucratif basée à Beyrouth. Depuis qu’elle a annoncé la création de la plate-forme, avant même son lancement officiel le 21 août, la journaliste avait déjà été contactée par près de 80 de ses confrères.
Le site d’al-Murasila, en arabe et en anglais, se concentre sur des problématiques sociales, économiques et environnementales. «Nous cherchons à produire du contenu fiable et de qualité explorant des sujets en profondeur», explique Lara Bitar.[m1]
«En comptant mon ami et cofondateur, le journaliste et chercheur Kareem Chehayeb, nous sommes une équipe de cinq membres fondateurs», détaille l’ex-rédactrice en chef d’al-Akhbar English. Pour intégrer la rédaction, qui travaille pour l’instant à titre bénévole, le premier critère est une connaissance accrue du Liban. «L’idéal étant d’y habiter, ou d’y avoir résidé sur une longue période, bien que nous ne discriminions pas en termes de nationalité ni de pays de résidence», rassure la fondatrice.
Al-Murasila entend également défendre des valeurs fortes. «Notre raison d’être est la responsabilisation des acteurs, et le détachement des intérêts politiciens qui minent la presse libanaise, répond la fondatrice. À l’inverse des médias publics ou affiliés à des partis politiques, nous revendiquons notre indépendance.»
La plate-forme a levé auprès de diverses organisations internationales, telle que le Mena Investigative Fund, qui soutient des journalistes, activistes et groupes de “fact-checking” issus de la société civile au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, ou encore le Rosa Luxemburg Stiftung (RLS) Beirut Office, une organisation à visée éducative affiliée au parti de gauche allemand. Si 25 000 dollars ont été nécessaires pour construire le site internet et faire face aux premières dépenses, al-Murasila en avait initialement collecté environ le double. « Le programme Civil Society de l’ONG Lebanon Support, qui soutient divers types d’actions civiques, nous a également apporté une aide administrative et comptable, et a partagé des ressources, de l’expertise et des contacts avec nous », ajoute la journaliste.
Dans un premier temps, les articles seront disponibles en accès libre sur internet. D’ici à deux ans, Lara Bitar ambitionne d’avoir trouvé un modèle économique viable, à travers les donations des lecteurs, des abonnements payants pour du contenu exclusif, ou des partenariats avec des organisations indépendantes.