Matelec est le seul producteur de transformateurs électriques au Liban et l’un des principaux acteurs de la région. Avec six usines sur trois continents, le groupe emploie près de 2 500 personnes, dont 700 au Liban, où il compte une usine basée à Gherfine. Le chiffre d’affaires réalisé par l’entité locale s’est élevé à 160 millions de dollars en 2018, dont une partie minime est réalisée grâce aux ventes au Liban. L’entreprise écoule en effet moins de 20 % de sa production dans son pays d’origine. « Le Liban est un petit pays et la demande y est faible », explique Sami Soughayyar, PDG de l’entreprise.
Le reste est exporté dans 36 pays en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient, où Matelec est la seule à produire des transformateurs de 125 MVA (mégavolt-ampère). « Cette activité est réservée en général aux grandes entreprises internationales », souligne Sami Soughayyar. Son atout ? « La jeunesse libanaise et son niveau d’enseignement. Nous disposons d’une main-d’œuvre qualifiée et compétente. Près de 95 % de nos études et nos recherches sont réalisées grâce à des ressources libanaises. »
Expansion et diversification
Fondée en 1974 par les familles Doumet et Moretti, avec le groupe français Alstom, l’entreprise avait au départ pour objectif de produire des transformateurs pour le marché libanais. Mais avec le déclenchement de la guerre et les dégâts subis par le réseau électrique, le modèle économique de l’entreprise est menacé. Elle s’adapte alors rapidement à la nouvelle donne. Alstom décide de se retirer, mais les investisseurs libanais, eux, résistent. L’entreprise se tourne vers les marchés étrangers et exporte la totalité de sa production pendant plusieurs années. « Dans les années 1980, nous avons même réussi à équiper Eurodisney avec des transformateurs libanais, en les acheminant à travers les ports de Tripoli et de Jounié », raconte le PDG.
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Des transformateurs, Matelec passe à la production de systèmes de contrôle-commande et de sous-stations électriques, et continue d’alimenter le marché régional. Dans les années 2000, elle se lance dans des projets plus ambitieux : la construction de centrales électriques. Une vocation ironique pour une entreprise dont le pays aurait cruellement besoin d’une centrale.
Matelec détient à ce jour trois centrales déjà opérationnelles, au Sénégal et au Kenya, et une quatrième, qui le sera prochainement à Malicounda (Sénégal).
Paradoxalement, malgré son expérience et les énormes besoins du secteur électrique au Liban, Matelec n’arrive pas à participer aux appels d’offres. « On bénéficie de toutes les compétences techniques nécessaires, mais faute de certaines conditions administratives nous nous retrouvons, pour l’instant, disqualifiés », explique-t-il. « Par exemple, les consultants imposent un chiffre d’affaires minimal pour les compagnies participantes. Cette condition, qui viserait à ne préqualifier que les géants internationaux, nous met à l’écart injustement », déplore Sami Soughayyar.