Plus de deux Libanais sur cinq ont eu recours à un dessous-de-table cette année pour accéder à un service public, révèle un sondage publié mercredi par l’ONG Transparency International.
La dixième édition de ce « Baromètre mondial de la corruption au Moyen-Orient et en Afrique du Nord » a collecté entre mars et août 2018 les témoignages de plus de 6.600 citoyens en Jordanie, au Liban, au Maroc, en Palestine, au Soudan et en Tunisie.
Le Liban affiche la pire performance parmi ces pays en termes d’accès aux services publics, dont la police, la justice, la santé, les écoles ou encore les administrations. Ces pots-de-vin n’étaient pas explicitement demandés mais implicitement attendus, justifient 31% des répondants ayant eu recours à cette « petite » corruption.
54% ont eu recours à une "wasta"
L’utilisation des relations personnelles, ou « wasta », est encore plus fréquente. Plus d’un répondant sur deux (54%) affirme avoir eu recours à son carnet d’adresse au cours de l’année pour accéder à un service public ou améliorer la qualité d'une prestation. En particulier, 65% des répondants ayant eu affaire au système judiciaire déclarent avoir fait appel à leurs relations.
A titre de comparaison, seuls 4% des Jordaniens sondés affirment avoir donné de l’argent, offert un cadeau ou accordé une faveur contre un service au cours des douze derniers mois, soit le taux le plus faible parmi les six pays étudiés. Les répondants jordaniens sont cependant également plus nombreux (25%) à avoir utilisé une « wasta ».
Le baromètre de Transparency International se penche également pour la première fois sur les cas de “sextortion” - ou le fait d’utiliser des faveurs sexuelles comme forme de paiement informel. Dans les six pays, un citoyen sur cinq affirme en avoir déjà été victime ou connaître quelqu’un l’ayant été, notamment des femmes. Au Liban, cette proportion grimpe à près d'un répondant sur quatre.
80% ont peu ou pas confiance en le gouvernement
De façon plus générale, 68% des sondés libanais estiment que la corruption a augmenté dans le pays au cours des 12 derniers mois et 87% jugent inefficace l’action de leur gouvernement contre ces pratiques.
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Ce sentiment est également lié au caractère répandu de la corruption politique. Ainsi, 68% des Libanais interrogés pensent que tous les représentants gouvernementaux sont compromis dans des affaires de corruption. Par ailleurs, 80% ont peu ou pas confiance en leur gouvernement.
A titre de comparaison, la Jordanie fait encore figure de bonne élève : 60% des personnes interrogées ont confiance en leurs dirigeants.
Près d’un répondant libanais sur deux affirme d'autre part s’être déjà fait acheter son vote lors d’élections nationales, régionales ou locales au cours des cinq dernières années. Pire, plus d’un sur quatre affirme avoir déjà subi des menaces de représailles en cas de vote non conforme.
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Finalement, les Libanais sont les plus pessimistes quant à leur capacité à réformer le système à leur niveau par le bas de la pyramide. Ainsi, seuls 39% des Libanais interrogés pensent que les citoyens ordinaires peuvent contribuer à réduire le niveau de corruption dans le pays, contre 50% en moyenne dans les six autres pays étudiés.