La société libanaise ZR Energy a remporté, le 9 décembre, l’appel d’offres pour l’importation de 150 000 tonnes d’essence 95 octanes, qui seront achetées directement par l’État. Ce dernier assurera ensuite sa vente aux distributeurs indépendants et aux stations-service. Outre l’offre de ZR Energy DMCC, appartenant aux frères Teddy et Raymond Rahmé, Lebneft FZE et Oman Trading International Ltd avaient, elles aussi, pris part à cet appel d’offres. « L’État fait désormais son entrée sur le marché de l’essence », a déclaré dans la foulée la ministre sortante de l’Énergie et de l’Eau, Nada Boustani, avec une quantité importée qui permettra d’assurer « environ 10 % de la demande locale ».
Suite à cette annonce, les importateurs ont accusé la ministre Boustani de faire assumer à l’État, et donc au contribuable, de manière indirecte la variation du taux de change. « L’État va acheter en livres de l’essence auprès d’un commerçant (ZR Energy) qui n’a pas de coûts opérationnels, mais à un prix qui couvre en fait la variation du taux de change. Au lieu d’augmenter le prix à la pompe, elle masque les pertes dans les dépenses publiques, et les fait donc assumer au contribuable », a dénoncé une source proche de l’Association des importateurs de pétrole au Liban (APIC). Celle-ci souligne que les importateurs, eux, assument les risques de financement, les variations des prix du brut et les risques de transport et de stockage, « alors que ZR Energy a décroché 10 % du marché, sans avoir eu à investir dans les installations, ni recruter de personnel, puisque l’État mettra à leur disposition les réservoirs de stockage de Tripoli et de Zahrani pour stocker la quantité importée », poursuit-elle. De son côté, Dany Samaha, conseiller de la ministre, déclare que « ce qui nous importe en tant qu’État, c’est de pouvoir assurer de l’essence aux citoyens aux mêmes prix, quitte à ce que cela requiert une charge supplémentaire. Mais nous n’assumons aucune perte ».