C’est un des plus gros exit impliquant un entrepreneur libanais. La start-up de e-santé, Digital Surgery, basée à Londres vient d’être rachetée par Medtronic, un des leaders mondiaux en technologie médicale, pour un montant « supérieur à un demi-milliard de dollars », selon Hala Fadel, investisseuse des premières heures. Les conditions de l’accord n’ont pas été dévoilées.
Lancée par le Britannico-Libanais Jean Nehmé et son partenaire Andre Chow, la jeune pousse met la technologie au service de la chirurgie. En 2013 les deux chirurgiens, fraîchement diplômés de l’Impérial College London, font face à un problème de taille pour les jeunes praticiens : l’impossibilité de s’exercer en amont de l’opération. Ils développent Touch Surgery, une application de simulation chirurgicale permettant aux médecins de s’entraîner virtuellement avant le jour J.
La start-up lève alors 10 millions de dollars auprès des fonds d’investissements en capital-risque Balderton, Redline et Episode 1 et de différents business angels, dont Hala Fadel. La co-fondatrice du fonds d’investissements en capital-risque Leap Ventures, basé à Beyrouth et Dubaï, a tout de suite cru au projet. « Le secteur de la e santé est très prometteur, surtout pour les Libanais : la santé est un domaine dans lequel ils ont une excellente réputation », explique-t-elle. « Nous aurions aimé investir à travers Leap Ventures dans le cadre de la circulaire 331, mais celle-ci ne permet pas d’allouer des fonds aux entreprises établies en dehors du Liban », ajoute-t-elle.
La plateforme Touch Surgery est aujourd’hui utilisée par des professionnels de la santé dans différents pays, ainsi que pour des programmes de formation spécialisés.
Lire aussi : Les Libanais dans la rue, cinq startups se mobilisent
Mais la start-up ne se limite pas à ce premier succès. En 2016, elle développe un logiciel d’intelligence artificielle qui permet d’assister l’équipe médicale dans les salles d’opération afin de rendre l’acte chirurgical plus sûr. Ce projet permet à Digital Surgery de faire une nouvelle levée de fonds en 2018 auprès de l’américain 8VC. Au total, la société aurait levé à ce jour plus de 40 millions de dollars.
Avec un chiffre d’affaires de plusieurs dizaines de millions de dollars en 2019, Digital Surgery suscite les convoitises de plusieurs investisseurs et acheteurs potentiels, dont le groupe pharmaceutique Johnson & Johnson, le japonais SoftBank Group ou encore Intuitive Surgical, une société de production de robots médicaux.
Lire aussi: Deux fois moins d’investissement dans les start-up libanaises en 2018
C’est finalement Medtronic qui a raflé la mise, l’entreprise souhaitant développer son expertise en chirurgie robotique et intelligence artificielle. La startup, elle, pourra profiter du vaste réseau d’hôpitaux partenaires de la multinationale pour vendre son logiciel. Selon le communiqué de presse, le siège social de Digital Surgery sera maintenu à Londres et les deux cofondateurs devraient garder leurs positions managériales actuelles.
Une success story qui montre, selon Hala Fadel, « qu’il faut continuer à croire dans l’entrepreneuriat libanais et à investir dans les industries exportatrices à haute valeur ajoutée, d’autant plus dans le contexte actuel ».