En mars, quelque 20 tonnes de déchets à risques infectieux liés au corona ont été traités au Liban, soit environ 85% des gants, masques et autres matériels utilisés pour combattre l’épidémie du coronavirus.
Que fait-on des déchets dangereux liés à l’épidémie de Covid-19 ? La question mérite d’être posée: une fois employé, le matériel utilisé par les professionnels de santé, tout comme les masques ou les mouchoirs sales des malades confinés chez eux doivent être traités, sous peine de voir ces déchets, longtemps porteurs encore d’agents pathogènes, contaminer les professionnels de la filière de collecte et du traitement des déchets, et freiner la lutte contre la propagation du virus.
En ce qui concerne les déchets hospitaliers, l’association Arcenciel, qui traite environ 85% des déchets d'activités de soins à risques infectieux (Dasri) au Liban, a collecté 20,5 tonnes de déchets potentiellement souillés par le Covid-19 dans le courant du mois de mars, en plus des quelque 400 tonnes d’autres déchets infectieux que l’ONG traite chaque mois. «À ce stade, nos centres ne sont pas saturés, car les volumes traités restent sensiblement les mêmes : si on constate une hausse des déchets liés au coronavirus, il y a en même temps une baisse des autres déchets du fait du report de nombreux actes hospitaliers», explique Mario Ghorayeb, le responsable “déchets” d’Arcenciel.
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Mais le fait que l’ensemble des Dasri ne soient pas encore proprement collectés et retraités est source de graves inquiétudes pour ce spécialiste. « Cela signifie que 15% au moins des draps, des masques, des gants… potentiellement souillés par le coronavirus sont rejetés dans le circuit des déchets ménagers ou, pire, en pleine nature», dénonce-t-il. Contrairement à beaucoup de pays, le Liban n’impose pas aux professionnels de santé de prestataires dédiés à la collecte et au retraitement des Dasri. Le ministère de la Santé se contentant d’en recommander l’emploi. Or «sans obligation, certains hôpitaux préfèrent économiser les frais liés à ces services».
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Le prix du traitement des déchets liés au Covid-19 n’est pas plus élevé que celui des autres déchets infectieux : l’ONG conserve pour le moment inchangé son tarif à 1.000 livres libanaises le kilo, même si elle opère à perte. Le coronavirus lui impose, en effet, des coûts additionnels de plus de 30 millions de livres libanaises par mois, liés notamment à l’augmentation du nombre de protections jetables pour ses employés.
Si les déchets du Covid-19 sont broyés et stérilisés de la même manière que les autres Dasri, «le coronavirus nous oblige à prendre des mesures de précaution, ne serait-ce que parce que nous ignorons la durée de vie du virus, comme la mise en place par exemple d’un circuit de collecte et de traitement séparé», renseigne Mario Ghorayeb.
Ni obligation ni recommandation
Pour l’heure, le gouvernement n’a pas pris de mesure particulière pour les hôpitaux qui ne respectent pas les recommandations du ministère de la Santé, ni pour les nouvelles “zones de confinement” – pour la plupart des hôtels – qui accueillent les personnes en quarantaine.
Le gouvernement n’a pas non plus établi de recommandations pour les malades confinés à domicile. Or, leurs masques, leurs gants, ou leurs mouchoirs jetables ne devraient pas non plus être jetés tels quels. D’autres pays, comme la France ou l’Angleterre, ont documenté des procédures précises. Les détritus potentiellement contaminés par le virus doivent être stockés dans un sac-poubelle de 30 litres maximum, distinct de celui du reste des ordures ménagères, aspergés d’une solution désinfectante – de type Javel – et conservés au domicile des patients pendant 24 heures. Le sac doit ensuite être placé dans un autre, hermétique, avant d’être finalement jeté avec le reste des ordures ménagères, et non avec les déchets recyclables.