Puisqu’elle est toujours “la seule bière brassée au Liban”, autant voir comment se fait le brassage des matières premières, du savoir-faire et une certaine culture d’entreprise.
C’est par piliers que s’est développée depuis 1933 la Brasserie Almaza. Les anciennes cuves en cuivre datant des années 30 et toujours fonctionnelles ont été remplacées dans les années 90 par des cuves en acier inoxydable avec un processus de brassage assisté par ordinateur.
Des investissements de 15 millions $ ont été dépensés après les affrontements des années 89/90 qui avaient détruit une bonne partie de l’usine. Ils ont permis la réparation et le renouvellement des machines ainsi que l’augmentation de la capacité de production. Aujourd’hui, l’usine compte de nouveaux tanks de fermentation ainsi qu’une nouvelle salle de brassage. Le capital de l’entreprise se chiffre à plus de 35 milliards LL, détenu principalement par la famille Jabre. Avec une capacité de 24 000 bouteilles par heure (on est loin des 24 000 bouteilles par jour des débuts), c’est une recherche constante de la qualité qui a valu à Almaza d’être certifiée ISO 9002 depuis décembre 99. Sur un même plan, le guide international des amateurs de bière “The Beer Lover’s Rating Guide” a octroyé à Almaza une cotation de 3,9/5. Cette note dépasse une grande majorité des bières importées au Liban.
La Brasserie exporte 5 % de sa production vers le Moyen-Orient, l’Europe et l’Amérique, notamment là où se trouvent des colonies libanaises. Les barrières douanières élevées limitent cependant le volume des exportations vers les pays voisins. Pour Bernard Jabre, directeur général adjoint, «ce déséquilibre douanier nuit au développement industriel et rend la concurrence inégale». Selon lui, si Almaza continue à détenir les 2/3 du marché libanais, c’est entre autres grâce à une politique de prix qui tient compte de la baisse du pouvoir d’achat. «La demande sur le marché local fluctue selon les saisons, avec des pointes en été. Mais la consommation annuelle moyenne tourne autour de 4,3 litres par habitant contre 40 litres en France et 140 litres en Allemagne».
Par ailleurs, Almaza a développé la Malta, une bière sans alcool destinée aux marchés arabes et aux jeunes. Dépourvue d’alcool (0,0 %), elle répond aux normes arabes, à la différence d’autres produits dits sans alcool selon les normes internationales, mais qui ont en fait entre 0 et 1 % d’alcool. Aromatisée aux fruits, elle devrait préparer la voie à une expansion et représenter une gamme supplémentaire.
Importés des malteries européennes, malt et maïs sont les matières premières principales nécessaires à la fabrication de la bière Almaza. Grâce à leur teneur en amidon, les céréales fermentent et produisent l’alcool nécessaire à la boisson. Et si 90 % des bières fabriquées dans le monde sont à base d’orge et donc de malt, les 10 % qui restent utilisent le riz (au Japon), le sorgho (en Afrique) ou encore le blé. L’eau joue aussi un rôle essentiel dans le processus de brassage. Soumise au traitement Pilsener – du nom d’une ville en République tchèque – l’eau est décarbonatée et purifiée de sa teneur en sels minéraux. Devenue ainsi digestive et diurétique, elle est utilisée dans le brassage.
C’est dans le brassage que réside toute la cuisine intérieure de l’usine. Véritable know-how transmis depuis des générations, il consiste dans une opération de mixage du malt et du maïs avec l’eau traitée. On y ajoute une dose de houblon qui confère à la bière cette amertume tant recherchée par les amateurs. Le moût de bière obtenu est porté à une température de 100ºC, ce qui déclenche le processus de stérilisation et de conversion en sucre (saccharification).
Une fois refroidi, il faut environ 2 semaines pour que le moût de bière ramené à une température d’environ 10ºC fermente grâce à l’introduction de la levure de bière. Celle-ci pompe l’oxygène existant, et les sucres produisent du C02 et de l’alcool. Au terme de ce processus, la bière obtenue présente un aspect trouble caractéristique d’une bière jeune. Deux autres semaines sont nécessaires pour que la boisson arrive à maturation, stockée dans des cuves à 0ºC. C’est pendant cette période que le goût se manifeste et que les organismes en suspension se décantent. Filtrée, la bière est déposée dans des tanks en acier inoxydable.
Retournables ou jetables, les bouteilles vides sont, selon leur type, lavées à la soude caustique et rincées. Avant l’embouteillage, elles passent à tour de rôle devant un écran lumineux qui détecte automatiquement toute défection et rejette la bouteille défectueuse. La pasteurisation, qui consiste à chauffer les bouteilles, une fois remplies et capsulées, à 70ºC durant 45 minutes, tue toute bactérie, arrête la fermentation et garantit la validité de consommation jusqu’à un an. Il est entendu que plus une bière se boit fraîche, mieux elle garde sa saveu
L’étiquetage, la mise en caisse des retournables ou en carton pour les jetables, puis la mise sur palettes sont les opérations courantes qui suivent l’embouteillage. Une flotte de 50 camions effectue directement la distribution vers des milliers de points de vente, sans intermédiaires.