Un sondage du cabinet Infopro en juin dresse un tableau inquiétant pour l’emploi alors que le Liban traverse une crise sans précèdent.
Le taux de chômage dépasse aujourd’hui les 30% au Liban, selon un rapport du cabinet Infopro rendu public mercredi. Quelque 550.000 personnes chercheraient aujourd’hui activement un travail, sur une population active totale estimée, selon les chiffres officiels, à 1,8 million d’individus en 2019.
Pour réaliser son estimation, Infopro s’est appuyé sur trois sondages réalisés en novembre, janvier et juin derniers. Le dernier a été réalisé auprès de 500 entreprises dans toutes les régions et les principaux secteurs de l’économie libanaise.
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Ces données compilées révèlent que 350.000 de personnes ont perdu leur emploi depuis le début de l’année 2019, soit environ un tiers des employés du secteur privé.
Infopro considère que ces nouveaux chômeurs viennent s’ajouter aux 200.000 déjà comptabilisés par l’Administration centrale de la statistique (ACS) dans une étude achevée en mars 2019. Le taux de chômage n’était alors estimé qu’à 11,4 %. « Nous n’avons pas constaté de vague de recrutement notable en 2019 qui permette de penser que ce décompte initial ait pu diminuer de façon significative », explique le cabinet contacté par Le Commerce du Levant.
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Cette explosion du chômage intervient sur fond de crise économique et de liquidités sans précédent qui frappe sévèrement le secteur privé. Une entreprise sur cinq a ainsi fermé ses portes ou suspendu ses activités depuis 2019, dont la moitié en 2020, toujours selon Infopro.
Le ralentissement de l’activité se traduit par des licenciements massifs. Quelque 56% des entreprises interrogées affirment ainsi avoir mis au chômage une partie (38%) voir tous (18%) leurs employés. Les entreprises ayant licenciés se sont séparés en moyenne de 59 % de leurs salariés.
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Les entreprises interrogées sont également 52% à reconnaître avoir touché à la rémunération de leur personnel. La plupart des entreprises ont ainsi réduit le nombre d’heures travaillées ou imposé des congés obligatoires (62%) et baissé les salaires (56%) - avec des déductions d’en moyenne 47%. D’autres entreprises affirment également avoir renoncé à accorder des primes ou des augmentations (9%) et avoir supprimé certains avantages touchés par leurs employés (1%).