Un rapport de l’institut américain Global Center for Development souligne l’importance de l’intégration économique des réfugiés dans le monde.
La pandémie du COVID-19 a un effet néfaste sur une vaste majorité de la population mondiale. Mais pour les communautés les plus vulnérables, parmi lesquelles les réfugiés, l’impact est dramatique. Dans un rapport intitulé « Confinés et oubliés : l’impact du COVID-19 sur l’inclusion économique des réfugiés », l’institut américain Global Center for Development (GCD) dresse un sombre tableau de la situation des populations déplacées dans huit pays du monde (Turquie, Irak, Liban, Jordanie, Pérou, Colombie, Ouganda, et Éthiopie) à l’heure de la pandémie.
Au Liban, où l'étude s'appuie sur un échantillon de 5.480 Libanais et de 3.137 réfugiés syriens. 60% des réfugiés syriens, qui détenaient un emploi avant le début de la crise sanitaire, l'ont perdu avec le déclenchement de l’épidémie. Employés dans les secteurs les plus touchés par la pandémie comme la construction, la restauration, le commerce, et les transports, 95% d’entre eux travaillaient dans l’informalité. Ils auraient été la première soupape de sécurité de leurs employeurs, qui ont pu les renvoyer sans avoir à leur payer d'indemnités. La vague de licenciements n'aurait impacté les employés Libanais que dans un second temps : 39% d’entre eux auraient été mis au chômage pendant cette même période, toujours selon GCD.
Les données collectées dans le cas du Liban s’avèrent bien au-dessus des chiffres d’autres pays passés au crible par l’étude : en Jordanie, par exemple, seuls 35 % des employés syriens et 17 % des employés locaux autaient été licenciés pendant l’épidémie. Pour les auteurs de l’étude, c’est la double crise, à la fois sanitaire et économique, qui explique l’ampleur du dégraissage constaté dans le cas du Liban.
Pour améliorer la condition des réfugiés, les auteurs de l’étude appellent les pays hôtes à mieux intégrer cette population à leur marché du travail. Au Liban, ils ont ainsi identifié quelque 430 réfugiés syriens qui pourraient participer à la lutte contre le COVID-19, en tant que médecins (57 d'entre eux), infirmiers (305) et personnels paramédicaux (68).
Pour les auteurs de cette étude, l'insertion professionnelle des réfugiés diminuerait les risques de dumping social sur le marché du travail. Une majorité d'entre eux travaillant déjà dans le secteur informel, leur légalisation ne devrait pas représenter un afflux soudain de travailleurs sur le marché du travail, estime le rapport qui cite des études conduites en Jordanie. Ces recommandations tranchent avec la position officielle du Liban, où les autorités plaident pour un retour massif des réfugiés dans leur pays.