Dans une note intitulée « Plan de relance pour l’égalité des sexes » publiée mi-juillet, ONU Femmes alerte sur la précarisation des femmes libanaises sur le marché de l'emploi. La directrice de l'agence au Liban, Rachel Dore-Weeks, répond à trois questions sur ses conclusions.
Quel est l’impact de la crise sur l’emploi des Libanaises ?
Avant la crise, les Libanaises étaient déjà plus vulnérables et discriminées sur le marché de l’emploi. En 2018, près de 71% d’entre elles étaient exclues du marché du travail, tandis que plus de 14 % des Libanaises actives étaient au chômage. Elles étaient par ailleurs proportionnellement plus nombreuses à travailler à temps partiel. La crise contribue à aggraver cette situation. Les emplois à mi-temps sont plus exposés aux licenciements et le travail informel augmente. La crise économique a provoqué une contraction de l’emploi des femmes de 14% à 19%, selon nos premières estimations.
Quelles mesures peuvent être mises en place pour atténuer ces effets négatifs ?
Il faut limiter les mesures d’austérité dans le secteur de la santé et de l’éducation, qui constituent deux des principaux viviers d’emploi formel pour les femmes. Malheureusement, des coupes budgétaires ont déjà été effectuées dans ces secteurs dans le cadre du budget 2020. Nous préconisons également la mise en place d’un système de retraites comprenant une part de financement non-contributive, provisionnée par l’impôt, afin d’en faire bénéficier les femmes âgées ayant peu ou pas travaillé au cours de leur vie, voire celles issues du secteur informel.
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Nous recommandons d’autre part une extension du congé maternité, qui serait couverte par la CNSS, et la mise en place d’un congé paternité. L’Organisation internationale du travail (OIT) préconise par exemple 18 semaines de congé maternité, contre 10 actuellement.
Quel est l’impact économique de la participation des femmes au marché du travail ?
L’OIT estime que le PIB du Liban pourrait augmenter de 9 % si l’écart entre les sexes dans la participation au marché du travail était réduit de 25%. Bien sûr, la contraction du marché du travail aujourd’hui en raison de la crise économique rend plus difficile la recherche d’emploi.