La destruction du port de Beyrouth met en jeu l’approvisionnement du pays. Tripoli se dit prêt et capable de remplacer temporairement celui de Beyrouth.
« Notre grand frère est malade, et nous sommes prêts à prendre le relais le temps qu’il se rétablisse ». C’est ce que répète Ahmad Tamer, directeur général du port de Tripoli à ceux qui l’interrogent sur le rôle du deuxieme plus grand port du pays après la destruction du port de Beyrouth par une explosion dévastatrice le 4 août.
« Nous sommes capables d’accueillir tous les types de navires », affirme-t-il en rappellant qu’en 2019 « le port de Tripoli a accueilli 2 millions de tonnes de marchandises, notre capacité pouvant atteindre jusqu’à 5 millions ». En rognant sur les terrains vides de la Zone économique spéciale , la future zone franche adjacente, il pourrait aussi augmenter sa capacité de stockage. En 2020, crise oblige, à peine 509 000 tonnes de marchandises ont transité par le port de Tripoli au cours des quatre premiers mois, contre plus de 1,4 million de tonnes au port de Beyrouth, à fin avril.
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Parmi l’approvisionnement à rebasculer vers Tripoli en urgence : les cargaisons de blé, importé principalement d’Europe de l’Est. Ahmad Tamer se veut rassurant : « près de 100 000 tonnes de blé transitent déjà par nos infrastructures, en route vers la région du Bohsas [au sud de Tripoli, NDLR], où ils sont moulus » affirme le responsable du port.
Cette quantité représente entre 10 % et 20 % de la demande au niveau national. Seul souci, l’absence de silo de stockage, même si le projet d’en construire est dans les tiroirs depuis plusieurs années. « Malgré tout, ça ne devrait pas poser de problèmes. Durant cette période exceptionnelle, on devrait pouvoir faire transiter le blé directement vers les minotiers. Mais s’il faut absolument stocker, nous pouvons le faire dans des entrepôts, qui existent déjà, et qui respectent les normes sanitaires internationales » fait savoir Ahmad Tamer.
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De la même façon, les autorités du port de Tripoli assurent pouvoir réceptionner les cargaisons de médicaments sans difficulté. « Nous disposons des technologies récentes qui nous permettent de les stocker dans des conditions appropriées », affirme le directeur du port.
Le directeur insiste sur l’importance de « l’entraide nationale ». « Il faut que les douanes, la sûreté générale, le secteur privé, ainsi que toutes les parties concernées soient prêts à assumer leur responsabilité pour venir au secours des Libanais alors que l’explosion du port de Beyrouth augure de semaines et de mois très difficiles », affirme Ahmad Tamer. « Nous voulons la coopération et non la compétition avec les autres ports du Liban. C’est grâce à cela que nous sortirons de cette crise, et le port de Beyrouth rayonnera de nouveau. » espère-t-il.