L’impact de la crise économique sur l’emploi des femmes est encore plus visible si l’on prend en considération le nombre de femmes renonçant carrément à chercher un emploi.
Plus d’une femme sur quatre est désormais au chômage au Liban, selon des estimations d’ONU Femmes, l’entité de l’Organisation des Nations unies dédiée à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes. La contraction du PIB de 25 % entre 2017 et 2020 a eu pour effet une hausse de 14 % à 26 % du nombre de demandeuses d’emploi, selon les estimations de l’agence des Nations unies, publiées dans un rapport intitulé « Les femmes au bord de l’effondrement économique : évaluation des différents impacts de la crise économique sur les femmes au Liban ».
Dans l’absolu, cela signifie que 132 000 femmes sont désormais au chômage dans le pays, soit un bond de 63 % par rapport aux deux années précédentes.
Pour obtenir ces estimations, les auteures du rapport, Nisreen Salti et Nadine Mezher, se sont appuyées sur des données collectées durant les six premiers mois de l’année par plusieurs groupes privés dont le bureau d’étude InfoPro et le centre de réflexion International Crisis Group (ICG).
40 000 femmes ont quitté le marché du travail
Les résultats obtenus ne constituent toutefois que des estimations basses, précise ONU Femmes. « Cet état des lieux part du principe que les destructions d’emploi ne sont pas discriminatoires, alors que l’on sait d’après l’expérience d’autres économies en crise que l’emploi des femmes à tendance à être plus affecté que celui des hommes ».
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Par ailleurs, le taux de chômage ne prend pas en compte les femmes inactives. Or une proportion très importante d’entre elles « ne sont pas seulement en train de perdre leur emploi mais sortent aussi du marché du travail, c’est-à-dire renoncent à chercher un emploi », pointe le rapport. Près de 40 000 femmes ont ainsi quitté le marché de l’emploi, découragées par le manque d'opportunités et les conditions de travail, selon les estimations de l’agence onusienne. Le nombre de femmes poussées à entrer sur le marché du travail pour contrebalancer la perte d’emploi de leur conjoint ses derniers mois n’a notamment pas permis d’inverser la tendance.
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Ainsi, alors que le nombre de chômeuses ayant perdu leur emploi à cause de la crise est estimé à 51 300, ce bilan double à 106 750 si l’on y ajoute le nombre de femmes n’étant plus économiquement actives.
Des emplois dans la santé, la banque et l'enseignement
Plusieurs facteurs expliquent ce recul critique des travailleuses libanaises sur le marché de l’emploi. La forte proportion de femmes sur des postes à temps partiel renforce leur vulnérabilité face à l’incertitude économique, relève le rapport sans communiquer de chiffres.
Par ailleurs, les secteurs où les femmes sont les plus concentrées ont aussi été parmi les plus affectés par la dégradation de la conjoncture. Au Liban, les femmes représentent notamment 50 % des travailleurs du secteur de la santé, 48 % de ceux du secteur bancaire et 70 % des enseignants, rappelle ONU Femmes.