Le mouvement du 17 octobre est l’aboutissement, et une démonstration implacable, de l’incapacité du système politique à mener des réformes menaçant fondamentalement sa survie, et encore plus à gérer l’effondrement qui s’en est suivi.
« Le peuple a faim », criaient les manifestants le 17 octobre 2019, en réclamant la démission d’un gouvernement qui voulait leur imposer une nouvelle taxe. Un an plus tard, le constat n’est que plus amer. Alors qu’ils n’étaient « que » 30 % en 2019, 55 % des Libanais vivent désormais sous le seuil de pauvreté. Quant au gouvernement dirigé à l’époque par Saad Hariri, il a bien été remplacé par celui de Hassane Diab mais, ironie de l’histoire, ce dernier s’apprête à lui repasser le flambeau.
La révolution n’aurait donc réussi qu’à plonger le Liban dans une crise financière, économique et sociale sans précédent ? En réalité, la contestation n’a pas provoqué la crise ; elle a simplement précipité l’effondrement inéluctable d’un modèle paralysé par le tarissement des flux de capitaux et un système politique défaillant.