Le Liban réclame officiellement le retour des déplacés syriens dans leur pays en invoquant le coût économique de leur présence massive, estimé à plusieurs dizaines de milliards de dollars, et l’épée de Damoclès qu’elle fait planer sur un pays aux équilibres social, politique et religieux fragiles. Ce retour constitue cependant un enjeu beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît. Décryptage.
Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a chiffré en février 2018 le nombre total de déplacés syriens à 11,5 millions (sur une population de 20,7 millions en 2011, soit plus de 50 % de déplacés, en grande majorité musulmans sunnites), dont 6 millions à l’intérieur du pays et 5,5 millions à l’extérieur, dans les pays voisins et en Europe. Parmi ceux-ci, le Liban accueillait, selon le HCR, près de 900 000 personnes en septembre 2020, bien que le nombre total d’entrées dans le pays depuis 2011 soit estimé à plus de 1,5 million par certaines sources.
Le fait est qu’au terme de près d’une décennie de conflit, la guerre syrienne a engendré deux conséquences principales: d’une part, un tri, voire une véritable épuration démographique et religieuse de la population, dont un grand nombre, essentiellement sunnites, ont quitté la région contrôlée par le régime syrien (la zone occidentale et côtière du pays, incluant Damas et Alep), pour aller dans d’autres régions du pays (à Idlib, dans le Nord, ou dans l’Est) ou pour quitter la Syrie. Le rapport démographique et communautaire en Syrie s’e