L’année qui s’est écoulée a sans doute été l’une des pires dans l’histoire économique contemporaine du Liban. Face à la crise, trois scénarios se profilent, mais la classe politique ne semble pas privilégier le meilleur.
Le Liban a traversé en 2020 une crise économique sans précédent, avec une contraction de l’activité, en particulier des commerces de détail, de près de 80% en 20201, et une forte dévaluation de la monnaie nationale. Dans son dernier rapport, la Banque mondiale souligne la brutalité de la crise libanaise en comparaison avec d’autres pays (Grèce, Chypre, Argentine, pays asiatiques), qui semble indiquer la possibilité d’une crise très longue – et, en tout état de cause, la poursuite du recul accéléré de l’économie en 2021 – vu l’incapacité des pouvoirs publics à prendre rapidement un certain nombre de décisions.
Faut-il nuancer ce propos ? Difficile à dire tant la crise, dans son ampleur et ses conséquences, peut remettre en question les fondements économiques, sociaux voire démographiques du pays. Cette dernière a, rappelons-le, commencé de se manifester dès 2016, lorsque la Banque centrale, face à la raréfaction croissante des capitaux, a procédé à des «ingénieries financières» afin de tenter de gagner du temps, en rapatriant des fonds dans le pays moyennant un coût financier extrêmement élevé (avec des taux d’intérêt pouvant aller jusqu’à 15-20%, voire bien au-delà). L’épuisement des ressources financières (BDL, état, système bancaire) contraindra toutefois le pays, en octobre 2019, à faire ouvertement le constat de la crise, en mettant en place le rationnement des devises étrangères et en annonçant, en mars 2020, la cessation des paiements sur la dette extérieure en devises.
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