Il ne devrait pas y avoir de conséquences pour le Liban hormis un ralentissement des arrivées de marchandises au port.
L’Ever-Given est un monstre. Ce porte-conteneur de 200000 tonnes est coincé depuis mardi 23 mars en travers du canal, où passe une part essentielle des marchandises entre l’Asie et l’Europe. Pour une raison inconnue, peut-être des vents violents, le navire s’est mise en travers, dans la partie la plus étroite du chenal. Des dragueurs et des remorqueurs dépêchés sur place tentent depuis de le dégager du sable dans lequel il s’est enlisé. Jusqu’à présent, sans succès. «Le navire est en train d’être renfloué mais l’impact de l’arrêt de l’activité du canal du Suez va être assez global», prévient un expert.
Pour le commerce maritime mondial en effet, c’est une situation délicate à gérer : l’an passé, près de 19000 navires ont emprunté le canal de Suez, ce raccourci maritime de 193 kilomètres de long, qui relie la mer Rouge à la mer Méditerranée. Cela représente environ 10% du commerce mondial en volume et en particulier 10% du pétrole mondial. «L’incident génère des problématiques d’engorgement, d’embouteillage et de ralentissement du commerce mondial», ajoute t-il. «En général, ce sont des bateaux de très grande taille qui transitent par le canal de Suez. Ils rejoignent ensuite des hubs portuaires où ils déversent leurs conteneurs avant leur réacheminement sur des bateaux de plus petite taille à l’intérieur de la Méditerranée.» Selon la revue Lloyd’s List, spécialisée dans le transport maritime 165 bateaux étaient déjà bloqués.
La seule autre option étant un détour d’au moins 9000 kms et une dizaine de jours de voyage supplémentaires. Un arrêt de plusieurs jours, voire d’une semaine, provoquera des effets en cascade sur l’ensemble de la chaîne logistique, déjà très tendue en ce moment », reconnaît ce même expert «mais le bateau devrait être assez vite évacué. Il faudra probablement trois à quatre jours pour fluidifier la circulation et pour que le trafic reprenne son cours normal», ajoute-t-il.
Pour le Liban, les conséquences devraient donc être minime. «Les arrivées au port de Beyrouth seront ralenties», concède Ziad Kanaan, directeur général de Beirut container terminal company (BCTC) au port de Beyrouth, qui poursuit : «mais pas au point de mettre l’activité commerciale du pays en danger». D’autant que le Liban n’utilise pas le canal de Suez pour l’approvisionnement en produits pétroliers. «On achète de la Méditerranée, de la Grèce et des pays avoisinants. Il ne devrait donc pas y avoir de souci pour l’essence», rassure encore Maroun Chammas, directeur général de MEDCO et président de la Phoenicia Oil Company.