Le Liban vient d’obtenir une dérogation lui permettant de continuer à exporter des boyaux dans l’Union européenne. La nouvelle peut paraître anecdotique, les exportations de boyaux ne représentant, officiellement, que 2,6 millions de dollars par an. Mais la mobilisation de l’ambassade du Liban à Bruxelles face à une nouvelle réglementation européenne tend à démontrer le contraire. «La Commission a décidé en septembre de rajouter les boyaux à sa liste de produits d’origine animale, et a donné jusqu’à août aux importateurs pour se conformer à cette décision», explique une source au sein de la mission diplomatique libanaise. «Or, ces produits, qui incluent les produits laitiers, le miel, ou la viande, sont soumis à des conditions sanitaires très strictes, qui empêchent en général leur importation dans l’Union européenne. Nous avons pu obtenir une dérogation pour les boyaux en présentant une demande auprès de la Direction générale de la Santé à Bruxelles», ajoute-t-elle.
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Si les autorités libanaises se félicitent de cette petite victoire, c’est parce que les exportations de boyaux seraient en réalité bien plus importantes que leur valeur déclarée aux douanes libanaises. Selon l’Observatoire de la complexité économique (OCE) de l’Institut de technologie du Massachusetts, elles représentaient près de 22 millions de dollars en 2019, dont 90%, soit 20 millions de dollars étaient destinés vers les pays européens, principalement l’Allemagne, l’Autriche ou la Pologne, où ils sont utilisés dans la production de saucisses. À titre de comparaison, c’est trois fois plus que le vin exporté par le Liban vers les 27 (près de 7 millions de dollars) en 2019, toujours selon les chiffres de l’OCE.
«Ce secteur, porté historiquement par les juifs Libanais, a connu une période prospère avant le déclenchement de la guerre civile en 1975. Il a ensuite connu une mort lente, concurrencé par les producteurs aleppins qui ont pris le dessus. Mais depuis le début de la guerre en Syrie, les Libanais reviennent sur le devant de la scène. Le secteur fait vivre aujourd’hui environ 2000 familles», raconte un des principaux producteurs libanais, Hassan Ramadan, en reconnaissant à demi-mot qu’une partie du secteur, dont l’activité consiste essentiellement à transformer et conditionner des boyaux importés à très bas prix, travaille de manière informelle. Une informalité qui ne les a pourtant pas empêché de vendre leur production à l'international.