Un dictionnaire a ceci de particulier qu’il classe naïvement des mots-thèmes par ordre alphabétique, sans états d’âme. C’est ce que nous avons effectivement tenté de réaliser à travers 36 têtes de chapitre qui cumulent les avantages d’une lecture plus facile, d’une approche exhaustive et d’une fragmentation utile pour une consultation ultérieure.
Parmi les désavantages – puisqu’il y en a toujours, si on cherche bien –, on peut se reprocher le fait de désengager des concepts qui sont intimement interdépendants, comme par exemple les dépôts et les crédits, ou encore les taux d’intérêt débiteurs et créditeurs. Mais ceci n’est pas susceptible, à notre avis, de dénaturer l’initiative dont le bilan général devrait être globalement positif. Il en va d’ailleurs de même pour le bilan bancaire lui-même. Malgré une baisse d’activité, le secteur s’en sort bien. Mais là, on est déjà au cœur du sujet – développé ci-après.

Actions bancaires

Elles sont aujourd’hui six banques libanaises à avoir leurs actions cotées à la Bourse de Beyrouth : BLC, BEMO, Audi, Bank of Beirut, Byblos et, récemment, la BLOM dont le GDR, déjà coté à Luxembourg, est maintenant coté simultanément à Beyrouth.
Or, à l’instar de la Bourse locale, l’activité sur les actions bancaires est léthargique depuis plusieurs années déjà. Les professionnels, eux, affirment que les prix affichés sur le marché officiel ne reflètent souvent pas la vraie valeur des banques, mais la sous-évaluent. Au premier rang des accusés : “l’illiquidité” des marchés officiel et de gré à gré au Liban. Parfois, c’est la rareté des informations disponibles aux investisseurs qui est aussi montrée du doigt pour justifier le manque d’attrait des actions bancaires et la faiblesse des volumes échangés. En troisième lieu, la segmentation des actions bancaires en trois catégories A, B et C (selon la nationalité du porteur, le marché où elles s’échangent et les procédures de cession) est aussi désignée comme source d’inefficiences. Celles-ci se traduisent par des différences non fondées de prix entre les différentes catégories d’actions, malgré la similitude des droits qui leur sont rattachés.
C’est donc dans un souci d’améliorer l’efficience des marchés, mais aussi de libéraliser le secteur bancaire et d’encourager l’implication des investisseurs étrangers que la législation a été révisée en avril 2001. Une période d’un an a été accordée aux banques pour se conformer aux directives de la nouvelle réglementation.
Suivant la nouvelle loi (n° 308), les actions des banques libanaises demeurent nominatives, mais il n’y a plus de discrimination de nationalité entre les actionnaires. Les actions seront dorénavant classées en deux catégories : celles cotées (représentant au moins un tiers du capital social contre un maximum de 30 % auparavant) et celles non cotées. La BDL gardera toutefois un droit de regard sur les cessions portant sur plus de 5 % du capital, du fait de leur implication sur le contrôle d’un établissement. Par ailleurs, les transactions sur les actions cotées et non cotées seront centralisées et dématérialisées grâce à l’intermédiation de la société Midclear (société de conservation et de compensation des instruments financiers).
Mais est-ce que l’unification des actions bancaires et l’augmentation de la part cotée du capital des banques auront l’effet escompté de dynamiser la Bourse de Beyrouth, d’encourager de nouvelles émissions et d’attirer des investisseurs étrangers ? La réponse est sans doute à nuancer. La loi aura bien entendu des effets immédiats (du moins d’ici à avril 2002) dont les principaux seront une augmentation plus ou moins importante, selon les banques, de leur capitalisation boursière, ainsi qu’une simplification des transactions. La liquidité du marché pourrait s’en trouver améliorée, mais il ne faut pas négliger l’importance des volumes. La cotation, début novembre, du GDR de la BLOM sur la Bourse locale est loin d’avoir secoué le marché. En fait, ce sont surtout les actionnaires de la banque qui en ont profité jusqu’à maintenant, puisque en tant que banque cotée, la BLOM pourra faire bénéficier ses actionnaires d’une exemption d’impôt de 5 % sur leurs dividendes.
Il ne faudrait donc pas s’attendre à ce que l’augmentation du nombre d’actions bancaires cotées relance l’activité boursière, d’autant plus qu’aucune des banques concernées n’a encore annoncé le nombre d’actions supplémentaires qui sera mis à la disposition du public. Quant aux investisseurs étrangers, faut-il encore rappeler qu’ils agissent surtout suivant les “fondamentaux” d’une compagnie, mais aussi d’un secteur et d’un pays…
Si les restrictions les plus évidentes ont donc été levées grâce aux lois et réglementations les plus récentes en matière d’actions bancaires, reste à attendre pour en évaluer l’impact réel d’ici à quelques mois, voire quelques années.

Bancarisation

Comment interpréter les chiffres de bancarisation au Liban ? Face à cette tâche difficile, les statistiques faisant défaut, la majorité des banquiers estiment que plus de la moitié de la population libanaise n’est pas encore bancarisée, dont une grande proportion de femmes. Pour disons 4 millions d’habitants et 780 agences en 2000 au Liban, le nombre moyen d’habitants par agence a atteint 5 130 contre plus de 8 500 dans les pays arabes et près de 4 000 dans les pays développés. Par ailleurs, le nombre moyen de dépôts par habitant est de 9 700 dollars, tandis que les prêts (hors crédits à l’État) sont de 3 750 dollars par habitant.
Dans ce contexte, la nouvelle stratégie bancaire consiste à multiplier les points d’appel au client, en lui offrant des produits diversifiés, dans le but de l’amener à traiter avec la banque. Selon les banquiers, il s’agit surtout de convaincre le client que la banque n’est pas uniquement un endroit pour déposer l’épargne, mais de lui permettre de profiter d’une panoplie de produits adaptés à ses besoins.
Pour la banque, il s’agit d’abord de répartir les risques et de créer de nouvelles sources de revenus. «Nous préférons avoir 1 000 comptes à 5 000 dollars plutôt qu’un seul à 5 millions $», explique un banquier, résumant en deux mots le nouveau “trend” s’adressant aux particuliers, donc à la panoplie de “banque de détail”.
Le but est donc de développer les services accordés au petit client, dont la domiciliation de salaire est à partir de 500 $ et auquel est offert un choix de produits avec des idées d’épargne, d’assurance retraite, d’épargne études des enfants, d’opérations de crédit faciles, ainsi que des produits boursiers pour petits épargnants.
La BLF, une banque dont l’expertise est connue en matière de financements de grands projets, opère une restructuration pour élargir son spectre d’activités et financer par exemple les PME, créer des portefeuilles, mettre en place des produits d’investissement boursier à capital garanti et développer l’activité de la bancassurance.
Certaines banques se distinguent par des niches spécifiques pour attirer justement des tranches de population non bancarisées, comme la mise en place à la SGBL de produits visant les jeunes, notamment le compte “swing” qui a eu énormément de succès, ou des comptes touchant les professions indépendantes et artisanales. Un autre exemple assez significatif est le prêt ordinateur des banques Byblos, Audi et Crédit Libanais s’adressant aux jeunes diplômés non bancarisés dans le but de les bancariser au fur et à mesure.
Pour séduire le client, certaines banques, comme la SGBL, proposent à la place du carton d’ouverture de compte classique une “convention de bienvenue” comprenant l’ensemble des produits offerts par la banque, ainsi que des produits “package” qui, moyennant une petite cotisation mensuelle, permettent l’accès à une carte bancaire et des domiciliations de factures. Et la limite n’est certainement pas encore atteinte. Environ 20 produits différents existent dans chacune des grandes banques, alors qu’en France une centaine de produits sont généralement disponibles, quoiqu’une partie de ces 100 produits ne soit pas adaptée au marché libanais.
Mais il ne faut pas se leurrer ; on estime qu’un tiers de la population n’est pas “bancarisable”. Il reste donc à convaincre environ 15-20 % de la population d’adhérer au système bancaire. Et surtout d’offrir aux 50 % qui ont déjà un quelconque lien avec une banque de multiplier les transactions et les achats des produits bancaires.

Bancassurance

Trop longtemps dépendantes de la marge des intérêts, les banques cherchent aujourd’hui de nouvelles sources de revenus. C’est ainsi qu’apparaît la tendance à la banque de détail ou le “retail banking”, dont une des composantes est la bancassurance. Au début, trouvant le domaine de l’assurance générateur d’un chiffre d’affaires supplémentaire, certaines banques ont voulu monter leur propre société d’assurances. Par la suite, la tendance s’est structurée et comprend aujourd’hui trois types de réseaux : un accord de distribution où la banque devient intermédiaire en assurance ; un accord de partenariat entre la banque et la compagnie d’assurances incluant une participation de la banque dans le capital ; et finalement la création d’une société ou d’une filiale commune. En gros, une dizaine de banques possèdent actuellement leur propre compagnie d’assurances (à 100 % ou majoritairement), et une autre dizaine détiennent une participation minoritaire dans une compagnie d’assurances. La plupart ont également créé une société de courtage. (Voir notre numéro de septembre 2001 pour les connexions banques-assurances).
Actuellement, l’éventail des produits proposés par les banquiers s’articule surtout autour de l’assurance vie, souvent couplée avec une épargne retraite, ou une épargne d’études. D’autres produits incluent l’assurance auto, domicile et personnel de maison. Les plus actives sur ce marché ont déjà vendu plus de 10 000 contrats de bancassurance depuis le lancement de cette activité. De sorte que de nouvelles banques, d’abord réticentes, s’embarquent de plus en plus dans la même mouvance qui a déjà fait ses preuves en Europe. Les banques profitent ainsi d’une meilleure rentabilité de leurs agents et de leurs branches, d’une augmentation de leur part de marché et de l’acquisition de nouvelles compétences. Elles sont pourtant contraintes de former leurs employés à ce nouveau métier et de faire des investissements en cas d’assurance dommage.
Cette tendance n’est pas dépourvue d’avantages pour les assureurs, qui bénéficient ainsi de la proximité du réseau bancaire, du coût de gestion réduit, du faible coût de recouvrement et de la notoriété et des actions commerciales bien ciblées. Toutefois, plusieurs compagnies d’assurances non affiliées se plaignent de l’incursion des banques dans leur domaine, de la fidélisation des clients par les banques et de la création par les banques de leurs propres systèmes d’assurance. Mais la concurrence s’arrête là. Ni l’assurance médicale-hospitalisation ni les autres produits d’assurance sophistiqués n’ont été jusqu’à présent proposés sur les guichets des banques.

Banque électronique

Du point de vue de l’utilisateur de services bancaires, la banque électronique représente les méthodes et moyens permettant d’effectuer des opérations financières via les moyens électroniques, informatiques et télécoms. Il s’agit de donner au client les moyens d’effectuer, par soi-même, si possible 24h/24 et 7 jours/7, les opérations bancaires sans faire appel au personnel de la banque.
Tous les services ou presque de banque électronique sont présents au Liban : Home Banking, Internet, Phone Banking utilisant la technologie vocale, WAP Banking (en phase de lancement), Terminal de paiement électronique, Distributeur automatique de billets et les Bornes interactives bancaires.
L’évolution galopante des technologies de l’information et les retards accumulés par le Liban sont difficiles à rattraper. Notre pays ne peut pas, encore, se distinguer par une position respectable sur la place internationale. À l’échelle du Moyen-Orient, Dubaï est un concurrent sérieux et Amman est en pleine expansion.

Banque étrangère

Alors que certaines banques étrangères n’ont jamais quitté le pays, même au plus fort de la crise, d’autres ont nourri un intérêt croissant pour le marché libanais depuis la relance économique de 1993. Assouplissant la réglementation en vigueur, la Banque du Liban a permis une participation étrangère totale dans le capital des banques libanaises créant un flux des institutions étrangères avec quatre structures au choix. En premier lieu, l’implantation directe d’agences, où les capitaux sont à 100 % étrangers ainsi que la nationalité de la société (HSBC, ABN-Amro…). Le deuxième choix se base sur une participation minoritaire ou majoritaire de capital dans les banques libanaises (Fransabank avec le Crédit Agricole France et la DEG allemande, Saradar alliée à l’IFC et à la Banque Nationale du Canada, etc.). Une troisième formule, autorisée par la BDL, permet l’ouverture d’une nouvelle banque à statut purement libanais, mais dont le capital est détenu en majorité par l’entité internationale. Finalement, la forme la plus modeste d’implantation vient sous la forme de bureaux de représentation cherchant à promouvoir uniquement les relations entre les institutions financières libanaises et la maison mère. Elles sont près de 27 banques dans ce cas, plus ou moins actives.
Les banques étrangères répondent aux mêmes conditions que les banques libanaises, imposées par les circulaires de la BDL et le code de la monnaie et du crédit régissant leurs activités. Ainsi, elles n’ont pas la permission d’ouvrir des comptes en livres libanaises aux institutions non résidentes ou d’acheter des titres obligataires souverains émis par des pays hors de l’OCDE. Toutefois, contrairement aux banques libanaises, l’ouverture de deux agences par an ne leur est pas automatiquement autorisée, les demandes de licences se font au cas par cas.
Les avantages de cette implantation étrangère sont nombreux : introduction de nouvelles technologies ; retour des professionnels libanais ; nouvelles offres d’emploi ; consolidation du réseau d’affaires entre le Liban et le reste du monde, etc. Cette présence ne constitue d’ailleurs plus une menace aux banques locales, c’était le cas auparavant lorsque le parc bancaire était à majorité étrangère. Actuellement, les banques locales attirent l’essentiel de l’épargne interne.
Quant aux banques étrangères, elles trouvent que leur présence au Liban constitue un tremplin vers les pays du Levant potentiellement intéressants tels que la Syrie, la Jordanie ou l’Irak. Pour elles, Beyrouth reste une source de compétences humaines, doublée d’une législation favorable.
Toutefois, les objectifs et les opérations des banques étrangères diffèrent parfois de ceux menés par les libanaises, ayant des stratégies globales de développement. Mais la différence réside surtout dans les opérations de détail, ou “retail banking”, où ces banques tentent de miser sur la qualité du service, car elles ne peuvent concurrencer les taux d’intérêt alléchants offerts par les banques libanaises, à cause des contraintes qui leur sont imposées par la maison mère. D’autres banques ont favorisé le “corporate banking”, ou la banque d’entreprises, avec pour première cible les filiales multinationales opérant au Liban, pour considérer ensuite les entreprises libanaises à vocation internationale. Sur ce créneau aussi, les banques étrangères sont très prudentes et appliquent leurs propres paramètres du risque, souvent plus stricts que ceux des banques libanaises, surtout en ce qui concerne l’immobilier et la construction. Déçues par un marché ne répondant pas à leurs axes d’activités, certaines banques étrangères se sont retirées du parc, notamment l’ING-Barings, l’American Express et la Banque Nova Scotia. D’autres, conscientes des demandes potentielles du marché libanais, se conforment à ses exigences, en ciblant les particuliers. Ainsi, les établissements comme la BNPI, la HSBC et l’ABN préfèrent ne pas importer des stratégies inadaptées. Par ailleurs, les banques étrangères sont bien positionnées pour s’engager dans les opérations de gestion de portefeuille, destinées aux clients particuliers désirant investir sur les marchés financiers internationaux.
La stratégie des banques arabes est cependant bien différente. Alors qu’une légère tendance au retrait est ressentie auprès des banques étrangères nouvellement implantées, en raison de la faiblesse du volume des opérations et des limites d’un marché régional qui attend la paix, les banques arabes sont de plus en plus intéressées par le Liban. Pour elles, il s’agit toujours d’une expansion régionale profitable. C’est ainsi qu’on peut comprendre l’implantation relativement récente de la National Bank of Kuwait ou de la Ahli International Bank (Jordanie). Selon certains banquiers, l’avenir serait constitué d’une combinaison de capitaux arabes, occidentaux et libanais.

Blanchiment

Le Liban figure toujours parmi les 15 pays de la liste noire du GAFI (Groupe d’action financière sur le blanchiment de capitaux) comprenant les pays non coopérants sur le plan de la lutte internationale contre le blanchiment. Il est de surcroît le seul pays arabe à y figurer. La situation est d’autant plus épineuse que le Liban est aujourd’hui confronté aux exigences de la mobilisation mondiale contre le terrorisme.
En fait, le Liban n’a jamais été véritablement accusé de blanchiment. D’ailleurs, l’ensemble de son secteur bancaire représente une quarantaine de milliards de dollars en dépôts, alors que le blanchiment mondial de capitaux est estimé à plus de 1 000 milliards $ par an… Simplement, étaient montrées du doigt les lois et les pratiques bancaires et judiciaires du pays qui seraient, selon le GAFI, laxistes ou incomplètes, et favoriseraient donc le développement d’activités illicites. En tête de liste, les instances internationales exigeaient la levée du secret bancaire, ou du moins son assouplissement. Or, le secret bancaire constitue une des pierres angulaires du secteur bancaire et même de l’économie nationale, et il n’y a pas lieu de l’abandonner. Un compromis semble pourtant aujourd’hui atteint.
Sous la pression des menaces de rétorsion internationales, mais aussi dans l’objectif d’assainir l’environnement des affaires au Liban, tout en sauvegardant cette particularité qu’est le secret bancaire, les autorités monétaires libanaises ont fait preuve, notamment en 2001, d’une réelle volonté de coopérer avec les instances internationales en matière de blanchiment. Une série de lois et de mesures de prévention et de pénalisation ont donc été adoptées, d’autres abrogées ou révisées (cas des banques offshore), ce qui pourrait permettre au Liban d’être bientôt rayé de la liste des pays suspects.
Ainsi, la loi n° 318 (20 avril 2001) porte explicitement sur la lutte contre le blanchiment des capitaux. Elle définit les délits y relatifs et met en place une commission d’enquête spéciale autorisée à lever le secret bancaire sur les comptes suspects. Parallèlement, la BDL a instauré une série de mesures préventives à respecter strictement dans les banques, et qui viennent renforcer le contrôle déjà assuré par la Commission de contrôle des banques. Par ailleurs, l’efficacité de ces diverses mesures pratiques et légales, et, par la même occasion, la crédibilité des banques libanaises sont renforcées par une série de lois relatives aux stupéfiants, à l’enrichissement illicite et à la corruption, à l’organisation de l’activité des agents de change, ou encore à la constitution des conseils d’administration dans les banques libanaises.
Les initiatives prises par les autorités monétaires et l’amélioration des pratiques bancaires en matière de vigilance semblent, a priori, satisfaire les instances internationales de lutte contre le blanchiment. En tout cas, la BDL et la communauté bancaire paraissent confiantes en la réputation du secteur bancaire national. Reste à voir si, dans le contexte actuel de lutte internationale contre le terrorisme, les efforts de coopération fournis par le Liban suffiront pour le rayer de la liste noire du GAFI. Pour le moment, le pays demeure en période de probation.

Borne interactive

Installée dans les locaux de l’agence, la borne interactive bancaire a pour objectif d’informer le client : cours, nouveaux produits... De plus, il peut faire office de préposé à l’édition des extraits de comptes. L’utilisateur n’a qu’à insérer sa carte de banque et le tour est joué.
Cette opération a pour objectif de décharger le personnel de guichet, et éviter ainsi les files d’attente. D’apparition récente dans nos agences, les spécialistes lui prédisent un avenir en pleine expansion.

Branches internationales

La majorité des grandes banques libanaises sont présentes à l’étranger, notamment à l’occasion de la grande émigration de 1975-1990, mais également pour pouvoir profiter du boom pétrolier des années 80.
Actuellement, 17 banques libanaises disposent de 45 liaisons bancaires directes à l’étranger. Ces unités bancaires prennent plusieurs formes : des bureaux de représentation, des banques sœurs, des filiales, des branches, des unités d’opérations bancaires internationales (offshores) ou des succursales. Par ailleurs, certaines banques libanaises à participation étrangère non majoritaire peuvent profiter des réseaux internationaux des grands noms participant à leur capital et trouvent l’ouverture d’une branche internationale inutile.
L’établissement de branches internationales nécessite l’approbation de la BDL qui est valide pour un an, mais en versant un complément de capital de 300 millions LL (contre 100 millions pour une branche locale).
Mais les banques libanaises ont-elles intérêt à opérer une expansion en dehors du pays ? La réponse est en général affirmative. En effet, l’exiguïté du marché libanais constitué de 69 banques pour 4 millions de Libanais pousse les banques à prévoir des axes de développement à l’extérieur. «Une banque voulant se développer ne peut rester purement libanaise», affirme un banquier. L’expansion bancaire libanaise au Moyen-Orient, selon les avis des banquiers, reste pourtant liée aux conditions de paix et aux développements géopolitiques régionaux, et sujette à l’assouplissement des conditions d’implantation dans certains pays de la région. Comme première étape, plusieurs banques ont déjà entrepris de s’implanter en Syrie, “offshores” pour le moment. Une fois les lois “on-shore” établies, la loi syrienne qui prévoit une participation étrangère de 49 % dans ses banques permettra, toutefois, de déléguer la gestion au partenaire étranger. Parmi les banques libanaises qui se sont implantées sur le marché syrien au cours des dernières années en zone franche, on citera la SGBL, Fransabank, la BLOM, la BEMO et la Byblos.
La présence en Jordanie, malgré la faible bancarisation du pays et sa situation économique difficile, intéresse les banques libanaises comme la SGBL qui a investi dans une banque locale pour des opérations limitées jusqu’à maintenant, en attendant la reprise de l’activité économique du pays ouvrant une porte vers les capitaux palestiniens. Quant à Chypre, la base de l’implantation dans le bassin est-méditerranéen, huit banques libanaises sont présentes en offshore à Larnaca, à Nicosie ou à Limassol avec des projets de “on-shore” pour l’année 2002. En outre, assurent les banquiers, l’Irak présente un potentiel très intéressant qui est en train d’être sérieusement étudié, en attendant la levée du blocus. L’Égypte est aussi considérée comme cible potentielle.
Les banques se concentrent à l’étranger sur des activités de niches, notamment le “Private Banking” à Genève des banques Audi et Banorient (filiale de la BLOM). Quant à la SGBL, elle a lancé les opérations de détail et de financement des entreprises en Jordanie et envisage d’amorcer ses activités en Syrie, en cas de libéralisation.
Des projets d’expansion ambitieux, liés certes à la paix régionale, mais qui englobent l’exportation d’un savoir-faire acquis au Liban par des équipes spécialisées.

Cartes bancaires

Le marché des cartes bancaires, de débit ou de crédit, progresse d’une manière assez rapide au Liban. Il a été d’abord conduit par des banques telles que le Crédit Libanais, SGBL, Fransabank, BLF et Audi. Actuellement, environ 330 000 cartes émises sont réparties sur deux grands réseaux sur le marché, comprenant la majorité des grandes banques de la place. En effet, le Crédit Libanais, en partenariat stratégique avec la BLOM, Audi et Fransabank, a créé l’IPN (Interbank Payment Network) pour assurer l’émission de la carte plastique ainsi qu’une société subsidiaire, la CCM, qui assure la gestion des cartes de crédit. Le second réseau, le CCS (Credit Card Services) a été mis en place par la Méditerranée, Byblos, Banque al-Madina et Jammal. Par la suite, la SGBL et la BLF se sont unies tout récemment pour constituer un troisième concept, le Centre de traitement monétique (CTM). Actuellement, les efforts de la Banque du Liban pour faciliter la vie à l’utilisateur, misant sur l’unification de tous les réseaux et la création d’une chambre de compensation nationale, sont vus d’un bon ou d’un mauvais œil par les différentes sociétés, selon leurs intérêts.
Regardons d’abord comment ce système de paiement électronique a été organisé. Ceci a eu lieu en octobre 1999, lorsque la Banque du Liban s’est vu assigner la tâche d’organiser et de contrôler les institutions effectuant des opérations monétaires à travers les guichets automatiques et par le biais des cartes de débit et de crédit. Ainsi, la dernière circulaire publiée par la BDL détermine les opérations exécutables électroniquement et les conditions pour les établissements qui les exécutent. Alors, les institutions inscrites auprès de la BDL et soumises à son contrôle, soit toutes les banques, se doivent de l’informer de la nature de leur service électronique ainsi que de sa date d’entrée. Tandis que les institutions étrangères non inscrites encore sur la liste de la BDL doivent attendre l’autorisation de la Banque centrale pour débuter leurs opérations électroniques financières. La BDL impose à ces établissements, outre un capital spécifique pour les activités de leur branche au Liban, de suivre des normes précoces concernant la signature électronique, souscrire à une assurance couvrant leurs opérations et être liées à un réseau de transfert international si elles exécutent les transferts externes. De plus, dans un effort d’organisation supplémentaire, la BDL a réglementé l’implantation des ATM et les émissions des cartes de crédit en :
• limitant le nombre d’appareils distributeurs automatiques au nombre des branches de la banque ;
• leur imposant d’accepter toutes les cartes émises par les banques opérant sur le marché libanais ;
• imposant que les opérations de compensation de ces cartes se fassent localement.
Les dispositions de protection des droits de l’utilisateur sont aussi assez réglementées afin d’éviter les indiscrétions ou la fraude. L’utilisateur bénéficie d’une sécurisation de sa signature électronique ainsi que d’un relevé mensuel détaillé de son compte.
Cette réglementation s’est accompagnée d’une augmentation du nombre de distributeurs automatiques de billets (DAB) mis en service, passant de 282 fin 1998 à près de 500 actuellement. De plus, fin 2000, on comptait 327 000 cartes de crédit et près de 8 800 points de ventes acceptant les paiements par cartes de crédit. Toutes les grandes banques de la place ont remodelé leurs cartes bancaires en fonction des besoins des clients, en proposant par exemple : la Visa Electron qui ne nécessite aucune condition d’obtention, la carte avec un plafond mensuel et l’option de débit de fin de mois, la carte au plafond hebdomadaire et aux produits spécifiques pour les voyageurs, le haut de gamme très élitiste et la Carte Internet pour des achats sur le Web en toute sécurité. D’autres cartes ont également vu le jour pour satisfaire des besoins précis : femmes, jeunes, shopping, ainsi que les cartes jumelées (cobranded), émises par MasterCard/Fransabank, Byblos, Crédit Libanais… en collaboration avec de grands magasins.
Pourtant, lorsque le sujet de l’unification des réseaux et la création d’un centre de compensation national est abordé, bien que les banquiers trouvent cette entreprise logique limitant les coûts d’exploitation, le temps des opérations, et permettant un accès facile aux commerçants, certains ne sont pas prêts de conclure la bataille de concurrence qu’ils se livrent. Et pourtant, tous sont d’accord pour affirmer que l’utilisation des cartes plastiques est loin d’être optimisée au Liban. Les paiements par carte ne dépasseraient pas les 100 millions $ par mois, soit moins que 5 % des paiements par chèques, qui coûtent beaucoup plus cher à gérer.
Certains avaient défendu la carte Linc, conçue à l’origine pour unifier les banques, et qui n’a pas réussi, justement parce que des banques ont refusé d’y adhérer. Sa disparition, toute récente, est liée aussi à d’autres facteurs, notamment la force de frappe des deux leaders MasterCard et Visa, surtout si elle devait prendre une dimension internationale. Cependant, la SGBL, créatrice de cette carte, spécifie que le nom Linc, encore la propriété de la banque, pourra évoluer dans le futur vers une carte privative.

Centre d’études bancaires

Principalement destinée à renforcer l’adaptation continue des agents aux exigences du métier, la formation du Centre d’études bancaires (CEB) les initie aux nouvelles techniques et les prépare à jouer un rôle efficace dans le développement de leurs banques. Fondé en 1967, le CEB est le fruit d’une collaboration entre l’Université Saint-Joseph et l’Association des banques du Liban – qui mène par ailleurs des activités de formation courte. Le CEB a pour mission de dispenser une formation comportant principalement deux cycles et permettant l’obtention d’un Diplôme d’études spécialisées de banques (DESB) et du Diplôme supérieur de gestion bancaire (DSGB). La préparation pour ces diplômes, délivrés sous le sceau de trois partenaires, l’Association des banques du Liban, l’USJ et le Centre de formation de la profession bancaire (CFPB) de France, s’effectue sur le nouveau campus des sciences humaines de l’USJ (rue de Damas), comprenant, outre les salles de cours, un espace informatique, une bibliothèque spécialisée, des salles de conférences et un centre de recherches.
Le diplôme du premier cycle, le DESB, s’adresse aux jeunes employés de banque souhaitant renforcer leurs aptitudes professionnelles, et intéresse en plus des bacheliers qui doivent suivre 3 ans d’études, ainsi que les titulaires d’une licence qui, eux, auront besoin de deux ans de cours. Les candidats, choisis suite à une sélection rigoureuse comprenant concours d’entrée et entretiens individuels, n’auront pas à payer immédiatement les 1 500 $ de scolarité. Celle-ci sera prise en charge par la banque qui, éventuellement, se fait rembourser par des prélèvements mensuels sur le salaire de l’employé. Les formateurs, en grande majorité des praticiens exerçant des fonctions de responsabilité au sein de la communauté bancaire, se chargent d’un programme de 24 matières réparties en 9 classes pour les 180 étudiants actuels. Le cursus composé d’une gamme de cours comprend les relations humaines, les opérations de banque, le marketing bancaire, les mathématiques financières, les statistiques, la technologie et l’informatique, l’économie, le droit, la comptabilité et les finances. Environ, 700 diplômés du CEB s’activent actuellement dans les différentes banques libanaises.
Le cycle supérieur, ayant subi une réforme radicale entre 1999 et 2000, s’adresse aux cadres moyens titulaires au moins du grade de sous-chef et d’une expérience polyvalente d’au moins 8 ans, ainsi que d’un DESB ou d’un niveau universitaire bac+3. Le programme, permettant l’obtention du Diplôme supérieur de gestion bancaire (DSGB), commence par une sélection suite à un test écrit et un entretien. Quant au schéma général des études, il se déroule sur 16 mois et est réparti en 96 séances de travail de 4 heures chacune après les horaires de la banque. Les modules de formation en français et en anglais comprennent trois catégories. En premier lieu les “concepts fondamentaux” traitent les connaissances de base de la banque, l’économie libanaise, l’économie internationale, l’organisation de la banque et ses métiers. Ensuite, les “domaines d’activité stratégique” sont subdivisés en plusieurs sections et traitent le marché des particuliers et la banque des marchés financiers. Finalement, les séminaires de “comportement” et de “communication” permettent aux étudiants d’acquérir les techniques nécessaires en matière de communication écrite et orale ainsi que les dernières techniques du management de proximité.
La scolarité du cycle supérieur, également financée par la banque, est de deux fois 4 millions LL. Les 15 étudiants de la première promotion pour le DSGB obtiendront leur diplôme en juin 2002, les 17 étudiants de la seconde promotion ont débuté leurs cours en octobre 2001 et la promotion anglophone commence en janvier 2002.

Concentration

La consolidation du système bancaire libanais s’est soldée, outre l’augmentation des actifs et des fonds propres, par une grande concentration des opérations bancaires avec la diminution des opérateurs. Le nombre des banques a reculé de 75 banques dans les années 90 jusqu’à 69 en 2001 et les opérations bancaires se sont concentrées sur les 20 premières banques du pays qui détiennent environ 84 % du marché.
La concentration bancaire au Liban reste cependant moins importante que nombre de pays de la région. Au Koweït et à Bahreïn, une seule banque détient 30 % de l’actif consolidé du secteur, deux banques en Arabie saoudite possèdent 50 % de l’ensemble de l’actif, alors que la part du marché de la BLOM, la banque la plus importante au Liban, ne dépasse pas les 12 % de l’ensemble de l’actif du secteur bancaire libanais. Cette situation réduit cependant le risque systémique et encourage la concurrence.
Les 20 premières banques au Liban détiennent actuellement 85,2 % de l’ensemble des dépôts, 83,2 % de l’ensemble des crédits et presque 84 % du total bilan. Les banquiers confirment le besoin d’une consolidation plus poussée dans un environnement où la croissance interne a atteint ses limites.
Dans ce contexte, on remarque que les crédits bancaires sont hautement concentrés. La distribution par nature d’activité des crédits indique que le commerce et la construction disposent ensemble de plus de 65 %, alors que l’agriculture a à peine 1,5 %. Cette répartition est très proche de l’importance relative des activités concernées. Seulement, l’exception de la part de l’agriculture restant très faible s’explique par l’absence des mécanismes de garantie des saisons agricoles en cas de catastrophes naturelles.
Par ailleurs, la concentration des crédits bancaires suit la distribution géographique des activités économiques avec la majorité des crédits, soit plus de 83 %, dans Beyrouth et sa banlieue. Cette tendance est identique pour les dépôts qui se concentrent à 60 % dans le Grand Beyrouth. Par ailleurs, il a été remarqué que 4 % des débiteurs possèdent 76 % des crédits du secteur bancaire, fin 99, selon la BDL.

Crédits publics

L’appétit de l’État à s’endetter est allé en croissant au cours des dix derniers exercices. Et à partir de la deuxième moitié de 1999, la part de l’État par rapport à l’ensemble des avances accordées par le secteur bancaire a dépassé celle du secteur privé. Cette hausse de l’endettement public s’explique, d’une part, par la hausse des besoins financiers d’un État fortement alourdi par le service d’une dette cumulée de près de 30 milliards $ et, d’autre part, par le manque d’opportunités de placement bancaires auprès des agents privés.
Les avances bancaires au secteur public passent de moins de 1,7 milliard $ en 1992 à plus de 15 milliards en août 2001. La progression moyenne annuelle des avances bancaires au secteur public est de 33,3 %, alors que celle relative au secteur privé est de 25 %.

Dépôts

En progression constante depuis plus de 10 ans, les dépôts représentent près de 85 % de l’ensemble des ressources du secteur bancaire, et étaient estimés à 39,34 milliards $ fin août 2001 contre seulement 6,6 milliards fin 1992. Ces dépôts ont augmenté à un rythme annuel moyen supérieur à 25 % entre 1992 et 1998. Ce rythme s’est fortement ralenti à partir de 1999, et les dépôts n’ont progressé que de 10,7 % en 2000 et de seulement 4,2 % au cours des 8 premiers mois de 2001. Cette progression ne compenserait même pas les intérêts versés sur ces dépôts et confirmerait un net ralentissement des transferts externes vers le marché libanais, voire même certains mouvements inverses.
Les dépôts des résidents en LL ont baissé de 5 % environ en 2000 et la tendance s’est largement confirmée en 2001. Pour les 8 premiers mois de l’exercice, la baisse est de plus de 17 %. Cette fuite des épargnants libanais devant la livre vers le dollar est principalement liée à leurs inquiétudes face à la grave crise économique que traverse le pays et à une masse d’endettement public difficile à gérer et menaçante pour la stabilité monétaire maintenue depuis fin 1992. En effet, et malgré un net recul des taux d’intérêt sur le billet vert, les déposants libanais ne sont pas trop pressés de revenir à la livre sans profondes améliorations économiques et un début de redressement des finances publiques.
Malgré le recul des intérêts servis sur le dollar, les taux appliqués par les banques libanaises sont nettement plus élevés que ceux du marché international. Aujourd’hui, les gros épargnants libanais obtiendraient près de 5 % auprès de leurs banquiers sur leurs dépôts en dollars, alors que, placés sur les marchés internationaux, ces capitaux ne rapporteraient que du 2 %. Il faut cependant noter que plusieurs pays ont recours à de telles pratiques et rémunèrent l’épargne en devises nettement au-dessus des taux du marché international.
La reconversion des dépôts vers le dollar s’est accompagnée d’une révision de leur maturité. On remarque ainsi qu’au cours des derniers mois les déposants étaient peu enclins à garder des échéances relativement longues pour leurs dépôts en LL ou en devises. La moyenne des dépôts est redescendue sous la barre des 50 jours au cours des derniers mois, alors que, par moments, elle avait dépassé les deux mois.

Distributeur de billets

Faisant office de caissier, cet appareil permet le retrait d’argent liquide en utilisant une carte bancaire. Situé, généralement, dans le bâtiment des agences et donnant sur la rue, il est constitué d’un clavier permettant d’introduire le mot de passe et indiquer le montant à retirer et d’un écran pour afficher instructions et choix à effectuer, les billets seront présentés à l’utilisateur à la fin de l’opération.
Bon nombre d’agences bancaires offrent ce service, qui est désormais disponible dans près de 500 distributeurs installés au Liban. De plus, les fonctions ont été récemment multipliées. Il est désormais possible, à travers les distributeurs automatiques de la plupart des banques, de consulter l’état d’un compte ou encore d’opérer un transfert d’un compte à l’autre, appartenant à un même titulaire.

Dollarisation

La dollarisation des activités bancaires s’est fortement accentuée au cours des derniers mois. C’est surtout la conversion des dépôts qui amplifie ce mouvement, puisque depuis de longues années déjà les avances bancaires sont pratiquement toutes effectuées en dollars (85-87 %) ou, beaucoup plus rarement, dans les autres devises internationales. Les chiffres disponibles pour 2001 montrent que la part des dépôts en devises frôle aujourd’hui la barre des 75 % du total des dépôts, alors que l’on était aux environs des 60 % début 2000. Parallèlement, et pour la première fois depuis le retour au calme en 1990, les dépôts en livres libanaises sont en régression d’un exercice sur l’autre.
La fuite devant la livre constitue pour un grand nombre d’observateurs un indicateur conjoncturel formel reflétant la grave crise économique que traverse le pays. Couplée à une masse d’endettement public difficilement gérable, à une ambiance politique interne délétère et à des turbulences régionales et internationales inquiétantes, cette crise semble très difficile à dépasser, alimentant encore plus les mouvements de conversion des dépôts vers les devises et même certains transferts vers les marchés externes. Le déclassement du “risque Liban” par les agences internationales de rating n’arrange guère les choses, et il est peu probable d’assister à court terme à une inversion des flux de conversion vers le dollar.
Les dépôts, dans leur double composante $ et LL, étaient estimés à 39,34 milliards $ fin août 2001, dont près de 74 % en devises. Il faut remonter aux années de guerre pour relever un taux aussi élevé de dollarisation. Ce ratio était effectivement tombé à 56 % en 1996.
La structure des principaux agrégats bancaires est intimement liée au paradoxe de la dollarisation de l’économie. Ainsi, les banques libanaises sont amenées à prêter dans une monnaie qui n’est pas la leur, c’est-à-dire sans aucun filet de sécurité de la part des autorités monétaires. De leur côté, les déposants se protègent par la conversion de leurs épargnes en devises étrangères, tout en la conservant auprès des établissements nationaux. De ce fait, s’est développé au Liban un marché officiel parallèle du dollar avec ses propres structures de compensation et de contrôle et ses propres lois d’offre et de demande. Ainsi, les taux d’intérêt pratiqués sur ce marché spécifique sont nettement plus élevés que ceux du marché international.
Pour assurer leurs ressources, les banques libanaises sont amenées à surpayer les dépôts en devises par rapport aux marchés mondiaux. De ce fait, les taux débiteurs sont, eux aussi, nettement au-delà de ceux observés sur le marché international.
Aujourd’hui, les gros épargnants libanais obtiendraient un peu plus de 5 % auprès des banques libanaises sur leurs dépôts en dollars, alors que placés sur les marchés internationaux ces capitaux ne rapporteraient que du 2 %.
Côté endettement, certains opérateurs, et dans le cadre de restructurations de dettes bancaires, ont tenté de transformer leurs engagements en devises vers un endettement en livres, tablant sur une éventuelle dépréciation de la monnaie nationale. Cette tentation était d’autant plus grande que les écarts entre taux débiteurs en LL et en devises s’étaient fortement resserrés au cours des derniers exercices. Mais la Banque du Liban s’est fortement opposée à ces mouvements jugés trop spéculatifs et dangereux pour la livre.

Effectifs

Avec les nouvelles stratégies orientées vers les particuliers et le développement de l’informatique, les banques portent une attention nouvelle à leur capital humain, qui est de nouveau perçu comme étant leur lien unique avec la clientèle. Les employés sont ainsi soumis régulièrement à des cessions de formation et de mise à niveau pour faire face à la concurrence croissante au niveau national et mondial.
À la fin de l’an 2000, le nombre d’employés dans les 69 banques opérant au Liban s’élevait à 15 195, sans enregistrer une augmentation significative comparée à 1999, où il était de 15 152 employés. Toutefois, le nombre d’employés par branche a diminué de 23 employés en 1996 à 19 en 2000. Ainsi, l’expansion du réseau bancaire national (environ 800 agences actuellement) ne s’est pas accompagnée d’une hausse des effectifs. Pour les banques, il s’agit de contrôler les charges et coûts salariaux. Et elles misent en fait sur une meilleure productivité des employés existants. En fait, les effectifs bancaires représentent près de 1 % de la population active totale, mais génèrent environ 5 % du PIB. Les opérations de fusion et d’acquisition qui ont eu lieu au cours de ces dernières années ont contribué à stabiliser le nombre global des employés dans le secteur.
Les effectifs se caractérisent par une participation importante de femmes et par un niveau d’éducation élevé, comparés au marché général de l’emploi au Liban. La répartition des effectifs montre une augmentation progressive du nombre des employés de sexe féminin dont la part est passée de 39,5 % en 1997 à 41,5 % en 2000. Toutefois, la part des deux sexes dans les différents postes est encore inégale ; et la participation des femmes aux postes de direction reste assez limitée.
Au niveau de la pyramide des âges, les employés des banques restent plutôt jeunes avec 51,3 % ayant entre 25 et 40 ans. Mais, en réalité, on note un léger vieillissement, car les moins de 40 ans constituent 58,4 % de la population active dans les banques en 2000, alors qu’ils représentaient 64,4 % en 1994, portant l’âge moyen de l’employé de banque à 38,4 ans en 2000 contre 37,4 ans en 1994.
En ce qui concerne le niveau d’enseignement, une étude de l’Association des banques montre une croissance du nombre des universitaires plus importante que celle des effectifs bancaires en général. De plus en plus, les titulaires de diplômes supérieurs prennent la place des employés qui quittent leur emploi ou qui ont atteint l’âge de la retraite. Les diplômés universitaires constituent désormais 58,6 % de la tranche des 25-29 ans.
Quant aux salaires et allocations des employés de banques, ils n’ont augmenté que de 5,2 % depuis 1999. Cette légère hausse est due à la majoration annuelle accordée par les banques à leurs employés en vertu de la convention collective. Actuellement, le salaire mensuel moyen de base de l’employé (multiplié par 16 mois) est de 1,336 million LL, en progression de 52 % par rapport à celui de 1994. Toutefois, près de la moitié des employés ont encore un salaire inférieur à 970 000 LL par mois.

Études bancaires

Pour les actifs ou les étudiants qui souhaitent suivre des études bancaires, une petite enquête menée auprès du Centre d’orientation et de documentation les aidera à faire le point. Ceux qui désirent obtenir un diplôme bancaire localement ont le choix entre plusieurs universités au Liban, délivrant une gamme de diplômes, allant du diplôme technique au doctorat, et reconnus par l’État libanais. La majorité des universités présente à leurs étudiants l’option de suivre, parallèlement aux cours, des stages de formation dans les banques. De plus, les programmes de maîtrise et d’études supérieures, se déroulant les après-midi, permettent aux candidats de ne pas interrompre leur travail.
Le Centre d’études bancaires de l’USJ (voir la rubrique correspondante), se charge de la formation des employés de banques et leur livre deux types de diplômes, le Diplôme d’études spécialisées de banque (DESB) et le Diplôme supérieur de gestion bancaire (DSGB). Ce centre est considéré comme le plus adapté aux besoins locaux.
À l’AUB, pour être admis à l’Institute of Money and Banking, il faut avoir une moyenne supérieure à 85/100 en licence comprenant un certain nombre de cours de mathématiques, de statistiques et d’économie. Le programme du MMB comprend des séminaires de 3 heures chacun, donnés trois fois par semaine les après-midi et ceci durant deux ans. Chaque séminaire exige de l’étudiant une présentation orale, deux présentations écrites, un examen final et un exposé final. À la fin des cours, lorsque la moyenne générale est supérieure à 80/100, le candidat peut commencer son mémoire de fin d’études.
À la NDU, on ne peut suivre le programme de BBA en études bancaires et financières qu’après avoir réussi au Sophomore Entrance Exam (SEE) en mathématiques et anglais ainsi qu’au EEE (English Entrance Exam) ou au TOEFL (Test Of English as a Foreign Language). Ensuite, il s’agit de compléter les 106 crédits requis pour obtenir le “Bachelor in Business Administration” en études bancaires et financières. La LAU exige les mêmes examens d’entrée que ceux requis à la NDU et propose un “Bachelor of Sciences” (BS) en finances et banques.
Quant à l’USEK, elle offre une licence en finance ainsi qu’une maîtrise, un DEA/MBA, et un doctorat/PhD en finances et banques. Le seul test obligatoire avant l’admission est un examen de français.
Par ailleurs, pour être admis à la Faculty of Business Administration de la Middle East University, il faut réussir au TOEFL ou au EEE, et le diplôme de fin d’études sera un Bachelor in Business Administration (BBA), avec une spécialisation dans les études de banques et finances. De même, C & E American University propose un BBA/BS et un MBA en finances et banques et admet les étudiants réussissant le test d’anglais.
À Tripoli, le Centre universitaire de technologie (CUT) accepte les candidats qui réussissent à l’épreuve de culture générale et leur délivre suite à deux ans d’études et 5 mois de stage un Diplôme universitaire de technologie (DUT). Les postes auxquels peuvent aspirer les détenteurs de ce diplôme comprennent les positions suivantes : chargé de clientèle, conseiller financier, attaché commercial, assistant marketing et publicité et responsable en informatique appliquée à la banque.

Fuite de capitaux

Trois facteurs encouragent en principe la fuite des capitaux libanais vers l’étranger : la crainte de dévaluation de la LL ; l’augmentation immodérée de la dette publique, mais aussi privée (supportée par les banques) ; et la mauvaise notation du pays (qui se répercute sur les banques).
Mais ce transfert a-t-il effectivement eu lieu, et que représente-t-il au niveau des dépôts bancaires ?
Les banquiers expliquent que les agents du “rating” basent leur analyse sur une grille préétablie utilisée pour tous les pays et dans toutes les situations. Mais ils ne tiennent pas compte des particularités du système bancaire libanais qui jouit d’avantages multiples. Dans ce contexte, plusieurs banquiers de la place rassurent que les transferts qui ont eu lieu sont insignifiants par rapport à ceux observés lors des crises passées. Le système libanais a connu des crises plus difficiles (au plus fort de la guerre et de la dévaluation), desquelles il a su sortir. En effet, suite aux exigences de la Commission de Bâle, les banques ont multiplié leurs fonds propres qui sont actuellement supérieurs aux normes requises ; elles ont augmenté leurs provisions pour les créances douteuses ; elles ont pris des mesures pour éviter toute défaillance de paiement de leurs clients débiteurs et elles ont amélioré leurs capacités de gestion, sous le contrôle de la Commission de contrôle des banques. Du coup, le début de transferts ressenti en été est mort-né. En réalité, d’après les banquiers, l’avantage de la différence des taux servis au Liban par rapport à l’étranger encourage les déposants à accepter le risque Liban. D’autant plus, constatent-ils, qu’il existe encore une bonne proportion de gens retraités vivant de leurs intérêts. Cependant, il a été jusqu’à présent impossible d’effectuer un “monitoring” précis de ces mouvements.
Donc que s’est-il vraiment passé suite à la peur suscitée à différentes périodes de l’année 2001 ? Cette panique a juste contribué à créer une plus forte dollarisation des dépôts en conservant les mêmes banques, clarifient les banquiers, en ajoutant que la proportion des transferts, non quantifiable encore, a été négligeable. «En outre, la BDL a, encore une fois, soutenu la livre libanaise sans état d’âme». Ceci dit, les banques étrangères ou affiliées à des institutions étrangères expliquent la progression de leurs dépôts en devises par la confiance et la stabilité qu’elles inspirent malgré leurs rémunérations moins alléchantes que les banques purement libanaises. À titre d’exemple, la BLF note une progression de 15 à 18 % des dépôts durant cette période au scénario pessimiste. Pour d’autres, purement libanaises, l’inquiétude d’une faillite du système est déjà classée comme un souci révolu ou une zone de turbulence des exercices précédents.
À la BDL, on se veut également rassurant. Ce qui est légitime pour une banque centrale. Comme argument principal, on cite volontiers qu’aucun dépôt n’a été perdu suite à la disparition de 20 banques depuis 1992. Ce qui prouve que le contrôle est efficient. Évidemment, le passé ne présage pas de l’avenir. Mais les banquiers restent confiants, tout en haussant le ton de temps en temps contre la mauvaise gestion des deniers publics.

Fusions-acquisitions

Entre 1992 et 2001, une vingtaine de banques ont été rayées de la liste officielle des banques opérant au Liban suite à une absorption par une autre institution bancaire. Les opérations menées jusqu’ici ont été principalement le fait des plus grandes banques de la place. La tendance vers la consolidation du secteur bancaire se poursuit donc depuis le début des années 90, encouragée par les besoins du marché ainsi que par un cadre réglementaire adapté.
Les fusions bancaires sont essentiellement régies par la loi n° 192/93 de janvier 1993 qui a été reconduite en 1998 pour une période de 5 ans. Cette loi prévoit plusieurs mesures favorisant les opérations de rapprochement bancaires. Entre autres, une aide financière sous forme de prêt bonifié est prévue pour la banque acquéreuse, disposition parfois critiquée, car elle permettrait à une banque en panne de liquidités d’obtenir des fonds rapides et bon marché, et ce sous le chapeau d’une opération d’acquisition. Les lois et réglementations relatives à l’implantation de banques étrangères au Liban et à l’émission et l’échange d’actions bancaires viennent, elles aussi, soutenir les fusions-acquisitions, bien que le marché financier libanais soit encore insuffisamment développé pour permettre des opérations publiques du type OPA, OPE (offres publiques d’achat, d’échange d’actions), etc.
Les opérations de regroupement entre banques sont source de nombreux avantages. D’abord, elles favorisent une restructuration du secteur, du fait d’une réduction du nombre de structures petites et même moyennes dont l’exploitation ne permettrait pas autrement leur survie sur un marché devenu de plus en plus concurrentiel. Elles permettent aussi de renforcer les fonds propres des banques survivantes et, par conséquent, de soutenir le développement de leurs activités (diversification, expansion géographique, économies d’échelle). Bien entendu, les opérations de rachat vont souvent de pair avec des plans internes de restructuration et des licenciements, mais la loi prévoit une indemnisation des employés touchés et, jusque-là, aucune opération n’a provoqué de problèmes majeurs sur ce plan.
Les fusions-acquisitions peuvent aussi revêtir un caractère international. Elles permettent l’entrée sur le marché libanais d’opérateurs étrangers dont la présence stimule les pratiques concurrentielles et renforce surtout la réputation de l’ensemble du secteur, aussi bien sur le plan national que sur celui régional et international. De même, ces opérations concrétisent les projets d’implantation de banques libanaises à l’étranger, et en particulier dans des pays voisins. Le rachat d’une banque étrangère permet en effet à la banque acquéreuse de s’introduire sur un nouveau marché et de profiter automatiquement du réseau déjà existant de la banque absorbée. Ce type d’opérations pourrait donc promouvoir un redéploiement régional et international des banques libanaises et permettre à Beyrouth de recouvrer une place de référence sur l’échiquier financier régional.

Home Banking

La plus ancienne des techniques employées au Liban, la Home Banking offre à tout possesseur d’ordinateur de se connecter directement à l’ordinateur de sa banque via un Modem (modulateur/démodulateur) et une ligne téléphonique. L’échange des données est réalisé, généralement, via une application informatique fournie par le banquier à son client. En utilisant cette application, l’utilisateur réalise une partie du travail effectué, normalement, par un agent travaillant sur son ordinateur au guichet de la banque.
ABN-Amro et HSBC ne sont plus les seules à offrir ce service. Outre la possibilité de consulter l’état des comptes, il est aujourd’hui possible de préparer, hors connexion, les demandes de transferts à effectuer et les envoyer via un logiciel approprié. L’extrait de compte informatisé est encore au stade artisanal. En effet, il est transféré vers l’ordinateur de l’utilisateur sous la forme d’un fichier au format Excel de Microsoft. On est encore loin de l’échange de transactions et de relevés codifiés qui permettraient la mise en place d’un système d’ordres de paiements et d’apurements comptables automatiques.
La sécurité des échanges de données n’adopte, si elle existe, aucun standard connu ou recommandé par les représentants des banques ou les pouvoirs publics. Légiférer en cette matière ne serait pas un luxe.

Internet Banking

Le réseau Internet offre, depuis plus de deux ans, les services de banque électronique. L’utilisateur accède via son ordinateur personnel connecté à Internet au site de sa banque sur lequel se trouve l’application bancaire qui lui permet d’effectuer les opérations proposées. Il s’agit principalement de pouvoir consulter l’état des comptes. Peu de banques offrent d’autres possibilités tels que les transferts entre comptes par exemple.
Le développement de l’utilisation d’Internet dans ce domaine est dû à l’amélioration de la qualité des lignes téléphoniques, à la baisse des coûts d’interconnexion et au développement des capacités de traitement et de stockage des PC à coût constant. La sécurité de la communication est assurée par des protocoles standardisés SSL utilisant des clés de cryptage publiques/privées de 512 ou 1 024 Bits par l’intermédiaire de certificats personnalisés installés sur l’ordinateur de chaque utilisateur. Le cryptage des pages Internet échangées entre le PC et la banque consomme des ressources informatiques. La capacité de traitement des ordinateurs actuels rend cette opération quasi transparente : le sigle d’une clé s’affiche dans le bas de l’écran lorsque l’échange est en mode sécurisé. L’incidence sur la vitesse des échanges sera remarquée, mais restera acceptable pour l’utilisateur. Malgré cela, l’utilisateur reste réticent face aux dangers supposés ou réels entourant cette technique.
ABN-Amro, BNPI, Crédit Libanais et Audi ont été les premières à offrir à leurs clients les services de banque électronique via Internet. Une dizaine de banques devaient suivre.

Non-résidents

Le système bancaire libanais a toujours compté sur les fonds des non-résidents, notamment les Libanais d’outre-mer. Actuellement, la part des dépôts des non-résidents dans les banques commerciales libanaises par rapport à l’ensemble des dépôts est de 18 % fin septembre 2001, alors que ce ratio était de 8 % en 1995. Cette évolution confirme les aspirations des banques à attirer ces capitaux. En effet, la diaspora libanaise, très active dans un grand nombre de pays, est la cible privilégiée de plusieurs banques qui déploient des efforts soutenus afin d’attirer des capitaux libanais émigrés. Certains – en fait la plupart des grands établissements bancaires – envoient même des délégations dans les pays de la diaspora. D’autres font leur contact à travers des branches, des filiales ou des partenaires. La SGBL, désirant attirer les capitaux des non-résidents par d’autres moyens que les taux d’intérêt, œuvre actuellement pour la mise en place de produits structurés dont un à caractère libanais. D’autres estiment que la crise asiatique de 1998 explique le retour de l’intérêt de certains investisseurs non résidents vers le marché libanais et plus particulièrement vers les bons du Trésor en dollars.
La plupart des banquiers sont confiants qu’une fois la place aura retrouvé son efficacité financière, plusieurs facteurs aideront à attirer les fonds des Libanais expatriés, notamment :
• la modernisation des moyens de paiements ;
• la flexibilité de la législation bancaire;
• la fiabilité de notre système bancaire qui a toujours honoré ses obligations, surtout depuis 1992 ;
• la richesse en ressources humaines ;
• et enfin la position géographique privilégiée permettant l’ouverture vers les pays du Levant aux marchés potentiellement intéressants comme la Syrie, la Jordanie et l’Irak.
Toutefois, en 1999, la BDL, et pour préserver la livre contre les pressions spéculatives de change, a interdit aux établissements financiers libanais d’accepter des dépôts non résidents en livres libanaises, y compris les dépôts fiduciaires, de consentir des crédits ou d’ouvrir des comptes créditeurs ou débiteurs en livres libanaises au secteur financier non résident (notamment les banques, les établissements financiers, les sociétés d’assurances résidant à l’étranger). De plus, des mesures interdisent d’accepter ou de financer toutes sortes de créances contractées à l’extérieur, en toutes devises, hormis les titres de créance émis par les dix pays à faible risque (les pays du G10).
Ce mouvement de pendule, un peu paradoxal, veut dire en réalité que les fonds des non-résidents sont les bienvenus, à condition qu’ils ne soient pas à caractère spéculatif, du genre “Hot money” qui passe d’un pays à l’autre en saignant au passage le système bancaire.

Paiement au guichet

Actuellement, le client peut régler ses factures d’électricité, de téléphone fixe et portable et sa taxe mécanique à la banque. Cette domiciliation des factures ayant pour premier objectif de faciliter ces opérations au client ainsi qu’aux entreprises et au gouvernement contribue à la fidélisation de la clientèle de la banque. En effet, la domiciliation des factures fait d’une part gagner à la banque une petite commission, mais elle provoque, surtout, un lien entre le client et la banque, l’introduisant aux autres services offerts au guichet. Et le client finit par effectuer toutes les opérations possibles dans un seul établissement. Une tendance confirmée par la plupart des banquiers, qui œuvrent pour accentuer la bancarisation à l’aide des services et de fonds d’activité récurrents auprès d’un large nombre de clients. De telles raisons ont poussé, par exemple, la BLF à inaugurer tout récemment une première agence (Galaxy) aux bureaux personnalisés dont le concept tourne autour de l’accueil, du libre-service, du conseil et de la convivialité. Il est donc évident que la domiciliation des factures est dans le champ des stratégies bancaires visant l’institution d’un “one-stop-shop” pour la clientèle. Toutefois, les banques ne semblent pas avoir été encore sollicitées en ce qui concerne le paiement à leurs guichets des futures factures de la TVA. Les banquiers ne savent pas encore à quoi s’en tenir concernant cette activité. Pourtant, l’administration concernée par la TVA au ministère des Finances a bien l’intention d’avoir recours aux banques pour la perception de cette taxe (voir CDL du mois de novembre). Le ministère des Finances prévoit également d’avoir recours aux banques pour de multiples perceptions d’impôts et taxes plutôt faciles à calculer. Le paiement au guichet devra connaître une expansion considérable au cours des prochaines années.

Phone Banking

Basé sur la technologie de synthèse vocale, ce système fonctionne par échanges d’informations entre le clavier du téléphone de l’appelant et un ordinateur spécialisé raccordé au système central de la banque. La voix enregistrée guide l’utilisateur au travers de choix dans des menus, alors que la synthèse vocale est utilisée pour exprimer les informations extraites des données relatives aux opérations demandées. Généralement, les trois langues sont proposées au choix : arabe, français ou anglais.
L’utilisateur garde la possibilité de dialoguer avec un interlocuteur de sa banque durant les heures d’ouverture. Il pourra aussi lui laisser un message enregistré en cas d’absence. Enfin, une fonctionnalité intéressante est proposée par certaines banques : l’envoi des données extraites par Fax ou e-mail.
Il n’existe pas de moyens techniques pour sécuriser ces échanges (écoutes téléphoniques…). Par contre, l’accès aux informations est protégé par des mots de passe. Le but recherché est de permettre à l’utilisateur d’obtenir les renseignements désirés à partir de n’importe quel téléphone, qu’il soit fixe ou mobile.
ABN-Amro, la BBAC et la BLOM ont été les premières à offrir à leurs clients les services de Phone Banking.

Prêts aux entreprises

Le tassement de l’activité au cours des dernières années a amené les banques libanaises à réduire leur appui aux entreprises et aux agents économiques privés nationaux. Les avances au secteur privé totalisaient quelque 15 milliards $ à fin août 2001, soit une progression de moins de 2 % par rapport à fin 2000. Ce chiffre ne couvre même pas les taux d’intérêt qui s’ajoutent sur la masse de l’endettement déjà existant 8 mois plus tôt, et traduit donc une volonté des banques à réduire leurs engagements auprès des entreprises libanaises.
Face à cette contraction des avances à l’économie, certains observateurs estiment qu’il est difficile d’espérer une reprise de l’activité et une sortie de la crise. De là à estimer que les banques sont en grande partie responsables du blocage économique actuel, il n’y a qu’un pas que beaucoup d’opérateurs n’hésitent pas à franchir.
Les banquiers rejettent en bloc ces accusations et estiment qu’au contraire la chasse aux clients est très vive entre eux et prend parfois, chez certains, des aspects de concurrence presque déloyale. C’est en prêtant de l’argent que les banques assurent leurs profits et non en refusant les crédits, disent-ils, mais ces prêts ne peuvent être accordés qu’à des emprunteurs solvables et à des projets rentables. Or, on sait très bien que la crise actuelle a fortement détérioré les capacités d’endettement des entreprises libanaises. Et les opportunités d’affaires sont plutôt rares dans le pays. La masse des avances douteuses a fortement augmenté au cours des trois derniers exercices, obligeant les banques à prendre des provisions substantielles. Ces provisions ont plus que doublé entre 1999 et 2000 et les chiffres de 2001 s’inscrivent dans la même tendance.
Les banquiers estiment, par ailleurs, qu’ils accordent déjà des prêts au secteur privé équivalents à plus de 90 % du PIB, ratio jugé très élevé même par rapport aux pays industrialisés. Cette remarque doit être quelque peu relativisée, puisque les entreprises, à l’étranger, ne se financent pas uniquement auprès des banques commerciales, mais ont recours aux multiples outils assurés par le marché financier non bancaire.
Pour pallier ce manque d’empressement des banques, les entreprises libanaises tentent de se rabattre sur les prêts bonifiés et sur les nouvelles formes de crédits non bancaires (leasing, affacturage, garanties du crédit…). On sait que l’État prend à sa charge 5 % du taux d’intérêt pour les prêts accordés aux investissements des entreprises agricoles, industrielles et touristiques. Kafalat, de son côté, garantit ces crédits à hauteur de 75 %. Et par un jeu supplémentaire de diminution des réserves obligatoires des banques créditrices, on arrive à des taux d’intérêt de l’ordre de 4 % en LL.
Mais les apports réels restent très marginaux surtout que l’essentiel de ces crédits transite par les banques et qu’il ne concerne que les investissements des secteurs productifs et non les besoins financiers de l’exploitation courante de toutes les entreprises libanaises.

Prêts aux particuliers

Longtemps absentes des circuits bancaires et financiers internationaux, les banques libanaises avaient pris un sérieux retard dans la diversification et la modernisation de leurs systèmes de prêts aux particuliers. Entre 1975 et 1990, on assistait même à de fortes régressions dans ce domaine, et les ventes à crédit par exemple avaient été pratiquement suspendues. Par ailleurs, la défaillance de l’infrastructure de base n’avait pas permis d’introduire les nouvelles techniques bancaires toutes basées sur la téléinformatique, alors qu’ailleurs le monde de la banque et des finances connaissait des bouleversements techniques ahurissants au cours de cette période.
Actuellement, une grande partie du retard a été rattrapée et les banques libanaises ont développé un large éventail de produits et services destinés aux particuliers, offrant ainsi à leur clientèle la possibilité d’obtenir différents types de prêts personnels, tels que les prêts logement, les prêts achat d’une voiture, les prêts à la consommation, ainsi que de nouveaux programmes de prêt épargne à long terme. Ces progrès ont pu être réalisés au prix de lourds investissements matériels et humains nécessaires à ces nouvelles pratiques.
L’enthousiasme affiché pour les prêts personnels entre 1994 et 1998 s’est cependant fortement rétracté au cours des derniers exercices. Après avoir représenté 13,6 % du total des prêts bancaires au secteur privé en 1997, la part des prêts aux particuliers est redescendue à 11 % en 1999, avant de se redresser légèrement en 2000, sous l’effet de la contraction des avances aux entreprises et de l’accumulation des impayés.
Des abus ont été constatés et les ménages ont fortement présagé de leurs capacités de remboursement. En effet, et après plusieurs années d’absence de pratiques d’achats à crédit, les Libanais ont abusé des nouvelles opportunités d’endettement bancaire qui leur étaient offertes. Plusieurs d’entre eux étaient obligés de restructurer leurs dettes aux prix de lourdes pertes ou de grands discrédits. La capacité d’endettement des ménages s’étant fortement dégradée, les banques ont freiné leur concours direct aux particuliers.
La BDL a cependant assisté les banques dans leurs efforts visant à diversifier leurs services et programmes relatifs aux prêts personnels, aux épargnes logement… À cet égard, la BDL permet aux banques de réduire, sous certaines conditions, leur réserve obligatoire auprès d’elle de l’équivalent de 60 % du montant des prêts logement accordés en LL.
Les banquiers avouent cependant que les produits classiques comme les prêts logement, les crédits auto et les cartes de crédit finissent par être identiques dans toutes les banques. L’ingéniosité des banques innovatrices se mesure par leur montage des produits d’assurance et de plans d’épargne auxquels les Libanais, de caractère peu prévoyant, sont moins attirés.
En tout cas, les crédits personnels ne sont jamais dépourvus de risques. Certaines comme par exemple la National Bank of Kuwait font du “credit scoring”, à l’aide d’un questionnaire que le candidat au crédit doit remplir et sur lequel il est noté afin que la banque évalue sa qualification pour le prêt demandé. À la Banque Byblos, la décision d’octroi de crédit relève d’un comité d’au moins 3 personnes formées dans la culture du risque. Le montant limité des prêts à la consommation variant entre 5 000 et 15 000 $ ne pousse pas la majorité des banques à exiger des garanties réelles, elles se basent surtout sur les salaires domiciliés à la banque, des cautions solidaires d’une ou de deux personnes et d’une police d’assurance vie. Un banquier affirme qu’avec la paupérisation de la population libanaise, le nombre des demandeurs de crédits qualifiés solvables se fait de plus en plus restreint. Pour cette raison, la BNPI par exemple avoue une stagnation de ses activités se rapportant aux prêts à la consommation en attendant des jours meilleurs. Autre exemple, la Banque Saradar, très active jusqu’à un certain temps dans le département prêts auto, ou “Crédauto”, semble avoir ralenti cette activité pour des raisons se rapportant à la politique bancaire de gestion de bilans.
Le prêt logement se porte bien avec une participation de pratiquement 80 % des grandes banques de la place. Il est évident qu’avec les subventions de l’Établissement public pour l’habitat (EPH), les conditions deviennent accessibles à un plus grand nombre de ménages. Les largesses des banques, sans la participation de l’EPH, arrivent en général jusqu’à 70 % du prix de l’habitation avec un montant compris en moyenne entre 25 000 et 200 000 $ pour une durée de 7 à 15 ans et des remboursements n’excédant pas les tiers des revenus de l’emprunteur. Le prêt accordé en coopération avec l’EPH varie entre 12 et 120 millions LL pour une durée de 5 à 10 ans extensible jusqu’à 20 ans. L’EPH se charge de rembourser les intérêts à sa place. Ce n’est qu’ensuite, dans une deuxième période, que l’emprunteur rembourse à l’EPH les sommes des intérêts qu’elle aura réglées pour son compte.
L’effort des banques pour se créer une image de marque pour les services aux particuliers encourage certaines, comme la BLF, à créer la direction du réseau et du retail composée de 4 départements : crédits aux particuliers, marketing, animation et organisation ; et de mettre en place un nouveau concept d’agences “Envies 2002” axées sur le conseil personnalisé.
«Il est certain qu’autant de changements et de produits ne sauraient se réaliser sans des programmes de formation continus à l’ensemble du personnel des banques pour les transformer en conseillers de clientèle», assurent les banquiers.

Private Banking

Toutes les grandes banques commerciales de la place possèdent désormais un département de gestion de patrimoine, plus ou moins développé, destiné aux clients fortunés voulant placer leur argent différemment qu’en dépôts. Le département de la banque privée ou “Private Banking” se charge de conseiller la clientèle à propos des moyens de placements sur les marchés libanais et internationaux en livres libanaises ou en devises, mais aussi des placements dans l’immobilier.
Certaines banques de petite ou moyenne taille, n’ayant ni l’envergure ni le nombre de clients suffisants pour subsister, sont actuellement tentées de devenir des banques d’affaires pour pratiquer essentiellement les activités de “Private Banking”.
D’autres, par pur choix, notamment la Banque Saradar, qui, sans laisser tomber les autres activités bancaires, se dirigent vers une activité dominante de gestion de patrimoine.
De plus, les banques étrangères ou les filiales de banques internationales ont l’avantage, malgré leur petite structure locale, de posséder le savoir-faire de gestionnaires de patrimoine acquis de la maison mère. Cela dit, l’activité de “Private Banking” nécessite parfois une technique et une méthodologie pas assez développées chez les banques au Liban. Pour cette raison, des accords de partenariat avec des banques étrangères peuvent être tentants. Récemment, la Banque Byblos, qui s’est alliée partiellement avec le groupe Banques Populaires (de France) dans le domaine des assurances, a bien dévoilé qu’une collaboration avec la banque française peut englober d’autres domaines, y compris la gestion de patrimoine.
En outre, plusieurs facteurs jouant en défaveur de ce que la BDL appelle “banques d’affaires” les ont poussées à développer leur activité de gestion de patrimoine. Et ces entités, qui devaient être spécialisées dans les investissements et les crédits à long terme, ont dû recentrer leurs opérations vers cette activité.
Toutefois, les Libanais, encore classiques dans leurs opérations bancaires, ne sont pas tous familiers avec la diversification des portefeuilles et des investissements multiples. Ceci nécessitera un effort supplémentaire de la part des banques pour instruire les clients à la culture du risque et à la gestion du patrimoine. Pour cela, une plus grande démocratisation de ce service est perceptible. Saradar, par exemple, met actuellement la barre à 250 000 dollars comme le minimum d’actifs liquides acceptables pour un client du “Private Banking”. Alors que 1 million $ est souvent requis pour ce genre de service à l’étranger.
«En fait, ces activités dépourvues de risques pour les banques les poussent à baisser le seuil d’entrée pour toucher, si leur structure le permet, un plus grand nombre de clients, tout en maintenant la qualité requise», affirme un banquier.

Profits

La baisse des profits nets bancaires s’accélère depuis 1998. Ce poste chute de 32,6 % en 1999 et de 36,5 % en 2000. Les premiers résultats de 2001 ne s’annoncent guère meilleurs et la publication des bilans trimestriels confirme cette tendance. La crise qui avait pendant longtemps épargné le secteur bancaire semble l’avoir rattrapé.
Pour un grand nombre de banquiers, les chiffres sont quelque peu trompeurs et ne doivent pas pousser à un pessimisme tous azimuts. En effet, plusieurs facteurs peuvent être évoqués pour éclairer cette dégradation des résultats financiers. Tout d’abord, il s’agit plus d’une normalisation de profits que d’une dégradation réelle, puisque, de l’avis de l’ensemble des observateurs, les banques libanaises ont engrangé des profits trop importants dans les années 90, et un recul de ce poste depuis 1999 est à rapprocher d’une correction de marges et non d’une quelconque perdition.
Les difficultés économiques expliquent, elles aussi, en partie le recul des marges bancaires. Les banques ne peuvent pas espérer vivre dans l’opulence quand leurs clients sont dans le rouge. C’est d’ailleurs une autre raison explicative de la chute des bénéfices, puisque, face à la dégradation du degré de solvabilité des clients, les banques libanaises ont été amenées à réduire leurs avances et à prendre des provisions substantielles, réduisant d’autant leurs profits.
Autre élément de réduction des profits bancaires : la hausse de l’impôt sur les bénéfices des sociétés dont le taux passe de 10 à 15 % à partir de 1999. Les banques sont sévèrement contrôlées et peuvent difficilement fuir devant l’impôt sur le bénéfice.
Les profits nets consolidés des banques commerciales se situaient à environ 216 millions $ après impôt en 2000, soit à 50 % des 440 millions affichés en 1998. Avant impôt, les surplus dégagés par les banques avaient frôlé la barre des 500 millions $ en 1998. Ils chutent à 450 millions un an plus tard et se situent à 342 millions en 2000.
Les résultats de 2001 ne semblent guère plus encourageants dans la mesure où les actifs bancaires n’ont augmenté que dans de très faibles proportions, réduisant de ce fait le volume des transactions. À cette régression de volume d’affaires s’ajoute la réduction des marges d’exploitation résultant de la baisse des taux d’intérêt sur les bons du Trésor et surtout des intérêts servis sur les marchés internationaux où les banques placent près du tiers de leurs ressources. Le LIBOR, qui sert de référence pour les placements bancaires internationaux, a baissé de plus de 300 points base depuis le début de l’année.
L’essentiel des profits bancaires provient toujours des marges d’intérêt, c’est-à-dire de l’écart entre taux d’intérêt débiteurs et taux d’intérêt créditeurs. Malgré une légère chute en 2000, la proportion de cette marge de bénéfice se situe à un peu moins de 75 % du total des bénéfices bruts, alors qu’elle n’était que de 68 % en 1995.

Provisions

Lorsqu’un crédit est demandé auprès d’un établissement bancaire, la banque évalue naturellement les risques que cette opération implique. Mais, actuellement, les capacités financières des ménages et des entreprises sont généralement en déclin. Ce qui pousse les banques à être plus prudentes. Et, en même temps, elles se trouvent contraintes d’augmenter leurs provisions pour les créances douteuses. En effet, du côté des prêts personnels, on remarque une plus grande fréquence des enchères judiciaires touchant d’ailleurs les véhicules les moins chers, donc les demandeurs les moins nantis. La fragilité des PME ne rassure pas et des entreprises dans certains secteurs n’arrivent plus à emprunter, comme par exemple pour le secteur du bâtiment en état de stagnation, ou même dans le commerce général où l’on note des demandes pressantes pour le rééchelonnement des dettes. Les banques affectées par cette période fragile ont dû se conformer à la demande de la Banque du Liban et augmenter leurs provisions pour les créances douteuses.
D’après les banquiers, aucun pourcentage général n’a été imposé par la BDL, et chaque banque évalue les risques de ses avances et hausse ses provisions selon ses propres calculs. Toutefois, en 1998, une circulaire de la Banque centrale demande aux banques d’évaluer les crédits qu’elles octroient, conformément à la classification des risques de créance, selon les principes adoptés par le Comité international de Bâle. Par exemple, la Banque Byblos a, depuis, adopté une classification allant de 1 à 5. La créance classée (1) se caractérise par la stabilité de l’engagement du client, dont la dette est considérée remboursable sans perte escomptée pour la banque ; la créance (2) est à suivre et à régulariser ; la créance (3) est en dessous de la norme requise et ainsi de suite jusqu’à la créance (5), non recouvrable, où la banque est tenue de constituer une provision couvrant la totalité de la créance et de considérer les intérêts et les commissions comme étant des recettes non réalisées. La Fransabank suit le taux en ville qui est, selon elle, de 10 % des crédits, mais avec l’approbation préalable de la BDL. En tout cas, la hausse des provisions pour créances douteuses influe sur les profits, d’autant plus que la Commission de contrôle des banques mène régulièrement une inspection et demande aux banques d’augmenter ces provisions. À la BLOM, qui mène depuis toujours une politique conservatrice, aucun ajustement n’a été nécessaire. Tandis qu’à la BLF, entre autres grandes banques de la place, on met le cap sur les activités de détail, pour “atomiser” le risque en augmentant le nombre de petits clients et de crédits au risque moindre. Et la plupart des banques, dont Audi dans sa dernière campagne “Salaf”, tentent de sécuriser le remboursement par une domiciliation du salaire.
«La loi permet aux banques d’acquérir provisoirement et face aux créances douteuses des biens-fonds qu’elles doivent cependant liquider dans un délai de 2 ans», explique-t-on à la Banque du Liban. Il est toutefois permis aux banques de demander de la BDL un délai supplémentaire pour la liquidation des biens-fonds. Mais si elles n’arrivent toujours pas à le faire après tous ces délais, les banques devront constituer dans leur bilan et durant 5 ans des «réserves pour biens-fonds à liquider» à hauteur d’un cinquième (1/5) de la valeur initiale de la dette à chaque bilan. Sur cette base, il faudrait constituer des réserves, payer tous les ans 20 % de la dette, et ceci pendant 5 ans jusqu’à atteindre 100 % de sa valeur.
Malgré ces mesures assez restrictives, les banquiers rassurent qu’ils aident toujours le client à trouver une solution, en ayant recours à une hypothèque ou à un rééchelonnement de la dette. Byblos, la plus active depuis toujours dans le domaine des prêts logement, poursuit cette politique de compromis toutes les fois qu’il est possible de le faire.
Les tableaux relatifs aux créances nous fournissent cependant des éclairages nouveaux :
1) Les créances douteuses sont largement couvertes par des provisions (plus de 70 %).
2) Malgré cela, les créances douteuses augmentent à un taux rapide.
3) Les banques moyennes-petites (groupe Gamma) semblent être les plus fragiles face à cette montée de créances douteuses et n’arrivent plus à constituer des provisions à un rythme aussi rapide que celui de la hausse des impayés potentiels.

Rapatriements

Les analystes optimistes prévoient un futur rapatriement de capitaux vers le Liban, suite aux événements du 11 septembre. Le transfert des fonds des pays arabes vers le Liban est-il fondé sur des suppositions, ou est-il réel ? De plus, s’il a lieu, serions-nous capables de gérer ce flux ?
En réponse à cette interrogation, les banquiers sont d’abord unanimes pour affirmer que jusqu’à présent aucun mouvement significatif n’a encore été enregistré. Par contre, les avis sont divergents quant aux prédictions pour de futurs transferts.
Il est évident que dans sa détermination à redonner à Beyrouth une place de choix sur le marché régional, la Banque du Liban a mis en place une double stratégie d’assainissement. Double, car elle vise d’une part à confirmer le secret bancaire, et d’autre part à mettre les banques à l’abri d’une éventuelle sanction internationale (pour non coopération dans la lutte contre le blanchiment). Les deux objectifs seraient donc de nature à favoriser les dépôts étrangers. Pratiquement, qu’est-ce qui a été fait dans ce sens ? La loi autorisant la création des banques offshore a été abrogée, des mesures restrictives antiblanchiment ont été mises en application ; le secret bancaire a été préservé, sauf en cas d’opération suspecte, suite à un contrôle interne dans chaque banque, en plus d’une commission d’enquête interbancaire, chapeautée par la BDL. Toutes ces mesures permettent au secteur bancaire de recevoir des comptes résidents avec sérénité, sans risque.
«Des mesures d’assainissement nécessaires, mais à double tranchant car pouvant décourager un potentiel flux de capitaux vers le pays», préviennent cependant certains banquiers. Une amorce de timides transferts a été pourtant ressentie dans les milieux bancaires, sans toutefois être significative «par crainte de susciter des interrogations dans les pays d’accueil». En effet, depuis le 11 septembre, expliquent certains banquiers, les Américains ont créé des doutes autour de l’argent en provenance de pays du Proche-Orient et des pays musulmans. Ainsi, tout compte qui a eu des mouvements suspects est gelé ou mis en examen par les autorités des pays concernés. Compte tenu de ces vexations, les banques libanaises proches des ressortissants du Golfe prévoient un transfert partiel et progressif de capitaux, ou du moins un certain apport financier à partir de capitaux créés mais non encore transférés vers le système bancaire occidental. Ce qui reste imprévisible. Les taux d’intérêt élevés qu’offre le Liban, d’une part, et la sécurité que procure le système bancaire libanais, d’autre part, peuvent effectivement intéresser les ressortissants arabes, notamment les Saoudiens attirés par l’immobilier, selon un banquier de la place. Il est toutefois trop tôt pour juger de la matérialisation des transferts. Certains estiment que le rapatriement dépend plus de la stabilité géopolitique du Liban et dans la région que de la situation mondiale. De plus, le marché financier libanais est assez limité avec une bourse peu développée et des opportunités de placement peu alléchantes. Même l’intermédiation financière reste faible. Mais les professionnels du secteur rétorquent, justement, que les services pourront être développés, selon l’évolution des besoins. Et le savoir-faire bancaire, partiellement dormant à l’heure actuelle, pourrait facilement s’adapter à d’éventuels flux significatifs.

Rating (notation)

Les agences de notation, notamment Moody’s, Standard & Poor’s, Fitch IBCA et Thomson BankWatch, attribuent des “notes” aux banques, pouvant aller de l’excellent AAA au médiocre C- en passant par l’acceptable B+.
Le rating ou la notation est une appréciation portée sur un émetteur de titres ou un emprunteur, notamment des banques, dans le but d’évaluer les risques de non-respect des engagements de l’emprunteur à l’égard de ses créanciers. Ces risques englobent la capacité à rembourser le capital et les intérêts, le respect des dates de paiement et la possibilité d’intervention de l’État en cas de difficultés financières. Les agences de notation œuvrent soit à la demande du client (la banque) qui bénéficie alors d’une bonne relation avec l’agence, ou alors elles font le rating des institutions émettant des “eurobonds” sans leur sollicitation.
Dans les deux cas, le travail d’analyse des données ne diffère pas d’une agence de notation à une autre. La collecte régulière d’informations permet l’analyse financière qui se base sur des données telles que : la structure des comptes, fonds propres, dépôts, budget, qualité des débiteurs, environnement du marché, procédures pour minimiser le risque, compétence du management ainsi que la qualité des actionnaires. L’analyse, accompagnée d’entretiens avec le management, lorsque la banque la sollicite, aboutit à une décision des experts présentée au client. «Nous avons la liberté d’accepter ou de refuser la notation proposée, affirme un banquier. Nous suggérons parfois de réviser le rating ou alors nous nous opposons à sa publication». Par ailleurs, une bonne agence de notation se doit de suivre l’évolution de la situation de la banque et d’alerter les investisseurs en cas de problème majeur. «Ces agences nous visitent en général une fois l’an et lorsqu’un événement majeur a lieu dans le pays ou à la banque, notamment une augmentation de capital», souligne un banquier.
Le critère dominant pour l’évaluation se base sur l’environnement dans lequel la banque opère ou le “risque souverain” du pays. Pour cette raison, plusieurs banques de la place refusent d’être notées, en fait recevoir une note pas très avantageuse, car obligatoirement égale ou inférieure au risque souverain. Pour contourner ce handicap “risque pays”, les agences de notation ont créé une deuxième échelle, différente de l’échelle globale, qu’elles nomment “l’échelle domestique”. Excluant les facteurs liés au risque pays, la notation domestique permet aux investisseurs d’évaluer la valeur intrinsèque de la banque notée. Ainsi, une banque comme la BLOM a pu être notée A+ pour le “capital intelligence” tout en faisant partie d’un pays au rating B- comme le Liban. Mais un banquier concerné insiste qu’il s’agit de considérer conjointement les deux notations et de ne pas séparer le contexte global dans lequel la banque opère de ses activités internes, car le “risque souverain”, évalué à long terme, est lié à l’environnement des affaires du pays.
Dernièrement, la révision à la baisse de la notation du risque Liban le ramenant de B à B-, en raison d’une dette publique galopante, impose de ce fait une dégradation de l’ensemble du secteur bancaire libanais. Moody’s a cependant décidé récemment d’autoriser les institutions qu’elle surveille (au Liban et ailleurs) de dépasser la notation de leur pays d’origine.
Les banques étrangères opérant au Liban échappent bien sûr à ce système, car elles suivent la notation de leur société mère. La National Bank of Kuwait se targue ainsi d’avoir été élue la meilleure banque régionale avec un A+. De même, l’Arab Bank a une excellente notation, qui échappe d’ailleurs au risque de son pays d’origine, la Jordanie.
Par ailleurs, le Comité de Bâle propose à toutes les banques libanaises de respecter des exigences régulatrices plus strictes en se référant aux institutions de notation, et aussi d’entreprendre elles-mêmes un “risk rating” interne.

Réserves obligatoires

En septembre dernier, la Banque du Liban introduisait, et pour la première fois, l’obligation de constitution auprès d’elle de réserves obligatoires pour les dépôts bancaires en devises. Le taux retenu est de 15 % des dépôts, indépendamment de leur maturité. À cette réserve s’ajoute une obligation de conserver des réserves propres de 15 %, c’est-à-dire que les avances des banques libanaises ne sauraient dépasser 70 % de leurs dépôts en devises. Parallèlement, la BDL relevait de 13 à 25 % le taux de réserves obligatoires pour les dépôts à vue en LL et à 15 % pour les comptes créditeurs à terme. Contrairement aux 13 % exigés précédemment, qui ne bénéficiaient d’aucun versement de taux d’intérêt, les réserves obligatoires supplémentaires exigées sont, elles, rémunérées.
Par cette décision, la Banque du Liban poursuit plusieurs objectifs. En premier lieu, elle se propose de sécuriser l’exploitation bancaire en la mettant à l’abri de tout retrait massif de dépôts ou de défauts de paiement majeurs de clientèle. Cette nouvelle exigence vient renforcer une stratégie globale de vigilance des autorités monétaires visant à assainir le secteur bancaire et à lui faire éviter toute défaillance majeure.
Le second objectif ambitionne une absorption des liquidités supplémentaires en LL pouvant servir à d’éventuelles opérations de spéculations contre la monnaie nationale. Ces mouvements accompagneraient certaines tentatives de transformation de dettes du dollar vers la livre libanaise, en prévision d’une éventuelle dépréciation de la monnaie nationale. Le coût de telles restructurations n’est pas très élevé, puisque l’écart entre les taux débiteurs $ et LL n’est pas trop important. La Banque du Liban sanctionne fortement de telles tentatives.
Le troisième volet que supposent ces nouvelles mesures concerne un renforcement des réserves en devises de la Banque du Liban, dangereusement usées par les opérations de conversion des dépôts en livres vers le dollar. Depuis septembre 2000, la Banque du Liban aurait perdu plus de 2 milliards $ de ses réserves en devises pour défendre la livre, et les nouvelles offres de dollars se font plutôt rares, empêchant ainsi la BDL de reconstituer ses réserves.
La Banque du Liban ne donne pas d’indications précises sur la répartition de son portefeuille en devises, incluant aussi bien ses réserves propres que les dépôts effectués par les banques commerciales libanaises ou ceux de certains gouvernements des pays du Golfe.
La totalité des dépôts en devises étant estimée à près de 30 milliards $, il ne faut pas croire que ces nouvelles mesures apporteraient 4,5 milliards $ (15 %) à la BDL. En effet, les banques à majorité libanaise placent d’ores et déjà plus de 15 % de leurs dépôts en devises auprès de la Banque du Liban qui leur offre des taux d’intérêt nettement plus alléchants que ceux servis sur le marché international. Par contre, les banques étrangères sont, elles, beaucoup plus réticentes à confier leurs ressources en devises non engagées auprès du marché libanais à la BDL et les placent plutôt auprès de leur groupe respectif. Les observateurs estiment que le supplément en devises que peut espérer collecter la BDL ne dépassera pas 1 milliard $.

Solvabilité

Le secteur bancaire libanais est parvenu suite à des efforts continus à augmenter son ratio de solvabilité, qui est estimé aujourd’hui à près de 17 %, alors que le taux exigé par la BDL est actuellement de 10 % et sera porté à 12 % à partir de 2002. En fait, les banques ont multiplié par plus de 20 fois leurs capitaux propres entre 1992 et 2001. Actuellement, ces fonds sont estimés à plus de 3 milliards $ contre seulement 142 millions en décembre 1992. Cette solidité n’est pas uniforme, et d’importants écarts existent entre les banques libanaises. Certaines, faute de fonds suffisants, ont été rachetées ou ont fusionné avec les grands établissements. D’autres s’apprêtent à le faire.
Le ratio de solvabilité dépend fortement des engagements pondérés selon les risques de chaque catégorie de prêts. En plus de la hausse du ratio de solvabilité à 12 %, les accords de Bâle ont appelé à une réévaluation des risques existants. Ainsi, un prêt cautionné par de l’immobilier verrait son poids de risque passer de 50 à 100 %. Le calcul du risque est loin d’être simple et les nouvelles méthodes d’évaluation exigent des statistiques très précises et une transparence, qui fait encore parfois défaut au Liban. C’est pourquoi, les autorités monétaires estiment que le ratio de 17 % affiché actuellement par les banques couvrirait justement ces incertitudes dans la méthode de calcul des risques.
Selon les banquiers, ce ratio de 17 % indique un degré élevé de conformité aux standards internationaux requis et un signe de solidité financière ajoutant de la crédibilité aux banques et de la sécurité pour les déposants.
En ce qui concerne les banques étrangères, plusieurs sont en plus tenues de suivre le ratio de leur maison mère, qui peut être supérieur – mais jamais inférieur – à celui imposé par la Banque du Liban.

Spread

Le profit bancaire reste largement dépendant de l’activité classique dépôts-crédits et donc de deux variables : d’une part le volume de dépôts et crédits et de l’autre le spread ou la marge entre les taux d’intérêt débiteurs et créditeurs.
Plusieurs spreads peuvent être examinés et analysés au Liban. Le classique débiteur contre créditeur se scinde en deux, l’un sur la monnaie nationale et l’autre sur les devises. L’écart tend à se rétrécir sur la livre. En effet, ce spread est en septembre 2001 de 5,7 %, alors qu’il a atteint à un moment donné 11,19 % (en janvier 1996).
Par ailleurs, les écarts entre le dollar au Liban et le dollar international sont également à prendre en compte. En effet, on sert aujourd’hui 2 % à l’étranger, alors qu’au Liban les intérêts atteignent 5 %. Cette tendance à surpayer les devises n’est pas prête de s’ajuster, affirment les banquiers. Il n’empêche que ce “gagne-pain” n’est plus aussi rentable.
D’un autre côté, il faut considérer également la différence d’intérêts entre la LL et le $, que ce soit au niveau du débiteur ou du créditeur. Et dans les deux cas, on remarque un rétrécissement de la différence. L’avantage de la LL faiblit. Alors que la différence avec le dollar était de 15 % en 1996, il n’est plus que de 6,7 % en septembre 2001.
Dans ce contexte, on explique, dans le milieu, le rétrécissement du spread comme un des résultats de la concurrence interbancaire. Les banques diminuent les intérêts débiteurs dans cette conjoncture difficile pour aider certains clients à passer le cap, et augmentent les taux créditeurs pour attirer des capitaux supplémentaires, compte tenu du risque pays. Cet avantage des taux libanais ne peut cependant plus rester aussi important, avec la tendance baissière aux États-Unis. On se rappelle que même aux moments les plus difficiles de la guerre, le Liban avait des taux proches des taux américains. Bien sûr, avec la dégradation de la notation du Liban (rating), les banques devront garder une certaine marge supplémentaire. Cependant, les banquiers devront s’habituer à vivre longtemps, désormais, avec un spread restreint, et développer en parallèle d’autres activités bancaires : “Private Banking” et les produits de “détail”.

Terminal de paiement

Destiné aux commerçants, ce petit appareil se présente sous la forme d’une grosse calculatrice raccordée au téléphone. Il permet de lire les pistes magnétiques des cartes bancaires ou de crédit et d’imprimer les tickets de confirmation du bon déroulement de l’opération.
Appelé aussi POS (Point Of Sale), il offre au client un moyen de paiement en monnaie électronique par débit automatique de son compte.
Le nombre de commerçants utilisant ce procédé est en augmentation. On assiste, actuellement, à la généralisation de ce mode de paiement dans les supermarchés. Le nombre d’appareils en utilisation au Liban dépasse les 8 500 unités. La société CCS est le numéro un du secteur, suivie par IPN.

WAP Banking

Cette nouvelle technologie pourrait être décrite comme le guichet bancaire électronique au bout de son téléphone portable. Elle exploite les possibilités du réseau GSM et un protocole spécifique similaire à Internet. La nouvelle technologie de transmission de données pour téléphones mobiles GPRS offre des performances accrues et un coût d’utilisation réduit. Son homologation par les services publics se fait attendre et sa généralisation n’est pas encore de mise sur tout notre territoire.
L’Internet pour téléphone portable a démarré au Liban à la fin de l’année passée. L’échange sécurisé des données entre le serveur et le navigateur WAP du téléphone portable se fait au moyen d’un protocole standardisé identique à SSL appelé WTSL. Les clés de cryptage utilisées sont de 128 Bits.
Deux banques se sont lancées dans cette aventure : la SGBL et la National Bank of Kuwait. D’autres sont en phase de test.

Zapping

Passer d’une banque à l’autre ne semble pas être une coutume courante chez les Libanais. La plupart des banquiers constatent plutôt une multiplication des comptes. En d’autres termes, on garde souvent un compte ouvert dans une banque donnée, mais on ouvre également un deuxième – ou un énième – compte auprès d’un établissemnt qui propose un meilleur taux d’intérêt, une carte de crédit, ou un produit plus adapté. Les banquiers décèlent ce zapping déguisé, en remarquant une baisse anormale des transactions sur un compte donné. Ce à quoi ils répondent par des offres de nouveaux produits.