Il symbolisait la résurrection de Hamra : service traiteur, déjà ouvert en mai, puis supermarché sur 4 000 m2. Mais Monoprix a tout abandonné. Explications.

«Nous souhaitions nous positionner
dans un quartier résidentiel au
coeur de Beyrouth. La localisation
du Taj Tower était idéale», avoue
Michel Abchee, PDG de la société Admic
qui détient les droits d’exploitation au Liban
de Monoprix, BHV, Hippopotamus et prochainement
Géant Casino. Une initiative qui
devait inévitablement chambouler le paysage
de la grande distribution à Ras
Beyrouth déjà bien fourni en supermarchés
: Smith’s (rue Sadate), Idriss (rue
Sidani), deux Coop (rue Makdessi et à
Caracas) et Bou Khalil à Koraytem.
Finalement, cette dernière bataille des distributeurs
n’aura pas lieu. Mais pourquoi ce
subit retournement de situation ?
«Nous avons eu une succession de complications
: 1) pour des raisons techniques, le
propriétaire du Taj Tower n’a pas obtenu le
permis d’exploitation, 2) les travaux de
rénovation de Hamra vont paralyser la rue
pendant plusieurs mois, 3) le projet de la
“piétonisation” de cette même rue a totalement
modifié notre étude d’implantation»,
affirme Abchee.
Ainsi, la venue en mai 2003 de Monoprix
Traiteur est passée quasi inaperçue.
«Quinze jours après l’ouverture, les travaux
de la rue se sont retrouvés à nos
pieds», explique Abchee. Ce fut la goutte
qui a fait déborder le vase. Le groupe
Admic s’est retrouvé dans une situation où
il a commencé à perdre de l’argent avant
même d’avoir inauguré son supermarché.
«Face à cette situation, nous avons pris la
décision de tout arrêter et d’abandonner
l’idée d’un supermarché sur ce site»,
confie Abchee.
La nouvelle d’une éventuelle transformation
de Hamra en axe piétonnier a incontestablement
refroidi les initiatives de
Monoprix. «Notre projet voyait Hamra
comme un axe de circulation avec des
milliers de voitures par jour et une accessibilité
totale», confirme Abchee. La décision
définitive au sujet de Hamra n’est
pas encore totalement arrêtée. Mais une
étude de faisabilité ne peut
s’accommoder d’une incertitude,
surtout lorsque l’investissement
est aussi lourd. À
l’heure actuelle, les travaux
de rénovation prévoient
d’élargir les trottoirs de 120
cm et de remplacer l’asphalte
par des pavés.
Néanmoins, les mésaventures
d’Admic à Hamra n’ont en rien
ralenti la politique d’expansion
du groupe. Ainsi, deux nouveaux
Monoprix vont être inaugurés
à Zouk (septembre 2003)
et à Baabda (novembre 2003).
Le projet de Zouk (axe
Jounieh-Beyrouth) sera un
supermarché de 2 000 m2,
principalement alimentaire, avec un parking
de 150 places, situé à l’emplacement
de l’immeuble Passa Parola.
Le Monoprix de Baabda se trouve en face
du Faubourg Saint-Jean (centre commercial
Bou Khalil), dans le centre Baabda
Plaza. Avec 3 600 m2 sur 3 niveaux,
Monoprix sera sur le modèle du point de
vente d’Achrafieh, doté d’un espace alimentaire
et textile. C
Taj Tower,
la malédiction continue
Le Taj Tower a-t-il la poisse ? À en juger
par le nombre des enseignes qui y font
un passage aussi discret que rapide, ce
centre commercial n’arrive décidément
pas à démarrer. La liste des allers-retours
éclairs commence à s’allonger : La Cigale
(juillet 2002 à février 2003), Circuit
Empire (décembre 2002 à janvier 2003),
Why & 1/2 (chaîne de vêtements pour
enfants), Call Net (boutique de téléphones
portables) et Monoprix Traiteur
(mai 2003). Comme pour le projet
Monoprix, le propriétaire (Kamal Salhab)
n’avait pas obtenu, pour des raisons
techniques, le permis d’exploitation des
salles de cinéma, ce qui avait contraint le
retrait du Circuit Empire.
Inauguré en juillet 2002, Taj Tower comporte
quand même la prestigieuse
marque hôtelière Crowne Plaza (198
chambres) et une galerie marchande de
6 500 m2 qui comprend 67 boutiques, 2
salles de cinéma et un espace loisirs de
1 000 m2.
Selon certaines sources, deux raisons
peuvent expliquer les difficultés du Taj :
ce concept de galerie marchande n’est
pas encore familier aux clients de Hamra,
et puis les loyers demandés sont plus
chers que ceux pratiqués en général dans
la rue. Ces derniers se situent entre 350
et 500 $/m2/an avec des pics à 600 $.
Pour le moment, le centre commercial
qui dispose d’un parking souterrain de
400 places accueille seulement deux
enseignes : le salon Ibrahim Amro et la
boutique de vêtements Tact-O.