LVMH-Gucci, le duel

À ma droite, François Pinault, 64 ans,
un autodidacte breton qui règne sur
un empire (appelé PPR) constitué,
entre autres, des enseignes : La Fnac, La
Redoute, Le Printemps et la maison de vente
aux enchères Christie’s. À ma gauche,
Bernard Arnault, 51 ans, un polytechnicien
qui, en l’espace de 10 ans, est devenu le n° 1
du luxe avec Christian Dior, Louis Vuitton,
Céline, Moët et Chandon. Deux fortes personnalités
dont les fortunes personnelles
sont évaluées à 8 milliards d’euros.
Pinault et Arnault sont engagés dans une
guerre de suprématie à coup de rachats.
Estimé à plus de 68 milliards d’euros, le
marché du luxe reste malgré tout un business
lucratif, un marché aux oeufs d’or.
Premier coup d’épée, en 1997, LVMH
rachète la chaîne de distribution Sephora
que lorgne le groupe Pinault-Printemps-
Redoute (PPR). Mais les choses sérieuses
arrivent en mars 1999 quand Pinault lance
un raid en emportant au nez et à la barbe
d’Arnault le contrôle du groupe italien
Gucci, à hauteur de 67 %. Dans la foulée,
PPR annonce le rachat de Yves Saint
Laurent (YSL). Pinault ne cache pas ses
ambitions de géant dans le luxe, la chasse
gardée de Bernard Arnault, qui réagit par la
surenchère, en raflant toutes les marques à
vendre sur le marché. Associé avec Prada,
LVMH rachète ainsi, à parts égales, l’italien
Fendi, puis il prend 67 % de participation
dans le groupe florentin Émilio Pucci.
Le groupe LVMH reste incontestablement le
leader mondial sur le marché du luxe,
même si des groupes concurrents comme
PPR et Richemont (groupe sud-africain qui
détient Cartier, Van Cleef, Baume & Mercier,
Lancel, Montblanc, Chloé) ont osé briser
son monopole. La galaxie LVMH compte
Christian Dior (depuis 1985), Christian
Lacroix (depuis 1987) et Givenchy (depuis
1988). Pour la beauté du geste, Arnault
s’offre en 1993 Kenzo, puis en 1994 la parfumerie
française Guerlain. Le groupe sait
également surprendre avec les acquisitions
des sociétés américaines de cosmétiques
(Bliss et BeneFit). Et se met à l’heure suisse
en rachetant TAG Heuer et Ebel.
Revigoré par l’acquisition de Gucci, le groupe
PPR ne s’arrête pas en si bon chemin.
Pour plus d’un milliard d’euros, il acquiert
Sanofi Beauté qui englobe Roger & Gallet et
plusieurs licences de parfums comme
Fendi, Krizia, Van Cleef & Arpels. Dans la
foulée, le groupe rachète 70 % de Sergio
Rossi. En quelques années, il devient le troisième
groupe mondial du luxe. Toutefois,
malgré la réussite de la marque Gucci
(152,4 millions d’euros de profit au premier
semestre 2003), le groupe passe par une
conjoncture défavorable : un chiffre d’affaires
qui ne progresse plus, une perte d’argent
le premier semestre 2003 et des difficultés
à redresser certaines enseignes
comme YSL et Boucheron. La crise qui couvait
depuis plusieurs mois a éclaté au début
de novembre 2003 : Gucci perdra ses deux
têtes dirigeantes en 2004. Domenico de
Sole, le patron, et Tom Ford, le styliste, en
désaccord avec leur actionnaire PPR, ne
renouvelleront pas leur contrat.
Un feuilleton LVMH-Gucci qui n’a pas fini
de faire couler des millions.
Chiffre d’affaires en 2002 : 12,69 milliards d’euros Chiffre d’affaires en 2002 : 2,544 milliards d’euros
Gucci, Yves Saint Laurent, Sergio Rossi,
Bottega Veneta, Stella McCartney,
Alexander McQueen, Balenciaga
Gucci, Boucheron
Fendi, Yves Saint Laurent,
Roger & Gallet, Van Cleef & Arpels,
Krizia, Oscar de la Renta, Boucheron
Christian Dior, Guerlain, Givenchy,
Kenzo, Bliss, BeneFit, Make Up For Ever
TAG Heuer, Chaumet, Omas, Fred,
Zenilla, Ebel, Zenith
Louis Vuitton, Celine, Berlutti, Kenzo,
Givenchy, Christian Lacroix, Fendi,
Donna Karan, Loewe, Émilio Pucci,
Thomas Pink, Marc Jacobs, StefanoBi
Grande
distribution :
Sephora, Le Bon
Marché, La
Samaritaine
Spiritueux :
Moët & Chandon,
Krug, Mercier,
Hennessy, Dom
Pérignon, Château
d’Yquem
MODE
ET MAROQUINERIE
C
PARFUMS
ET COSMÉTIQUES
MONTRES
ET JOAILLERIE