Un nouvel instrument de mesure est né, il y a quelques années, et les dirigeants sont amenés à repenser l’actuel mode de management, en misant sur ce système, appelé EVA.

Valeur économique ajoutée (ou
Economic Value Added – pour obtenir
le sigle EVA), c’est en fait une façon
d’aligner les deux facteurs de production :
le capital et le travail. Mais commençons
par le commencement.
Nous définissons le profit économique EVA
à partir des paramètres suivants :
- Le résultat d’exploitation après impôts ou
NOPAT (Net operating profit after taxes).
- Le coût des capitaux investis (CI) : actif
immobilisé + besoins en fonds de roulement.
- Le coût moyen pondéré du capital (CC) :
soit le coût moyen des fonds propres et
des dettes, pondérées par leur poids dans
une entreprise.
À partir de ces variables, on applique la formule
suivante :
EVA = NOPAT – (CI x CC).
Ce qui est particulièrement intéressant dans
cet indicateur, c’est sa qualité unique de
réunir les coûts de fonctionnement et les
coûts des capitaux dans une seule mesure
de profit exprimée par un montant monétaire
($) et non pas par un taux de rendement (%).
Plusieurs niveaux d’EVA sont possibles :
• EVA de base : obtenue à partir du résultat
d’exploitation après impôts, mais avant
ajustements et retraitements.
• EVA déclarée : celle utilisée par le
cabinet Stern Stewart(1), pour ses palmarès
EVA, est calculée en opérant une douzaine
d’ajustements standard aux données comptables
publiques. À titre d’exemples : frais
des recherches et développement (à reclasser
dans les immobilisations incorporelles) ;
investissements stratégiques (à reclasser
dans un compte spécial “suspendu” qui
reste en dehors du calcul de l’EVA jusqu’au
moment où l’investissement est censé produire
des résultats d’exploitation).
• EVA véritable : c’est la mesure la plus
juste du profit économique. Elle est calcugiant
les performances et le sentiment de
propriété, dans laquelle les initiatives créatrices
de valeur viendront des managers.
La mise en place d’une politique de création
de valeur dans une entreprise exige de la
part des dirigeants d’aller au-delà des résultats
nets ou de la croissance de chiffre d’affaires,
car on peut très bien avoir des résultats
supérieurs en valeur dans une entreprise
X par rapport à une entreprise Y, mais
avec destruction de la valeur.
Exemple : entreprise X et entreprise Y, qui
ont toutes les deux un coût moyen pondéré
de capital égal à 10 % :
Entreprise X : si le profit = 25 000 $ et le
capital investi = 500 000 $, le retour sur
investissement sera de 5 %, mais l’EVA
sera négative = -25 000 $.
Entreprise Y : ici, le profit est de 20 000 $,
le capital investi = 150 000 $. Dans ce cas,
le retour sur investissement sera de
13,3 % et l’EVA sera positive = +5 000 $.
En conclusion, le système de management
EVA, outre son intérêt à calculer la valeur
créée dans l’entreprise, permet d’organiser
l’intéressement des employés et des
cadres sous forme de salaire variable non
plafonné lié aux améliorations durables de
l’EVA. Il protège aussi les intérêts des
actionnaires grâce au versement de l’intéressement
dans une “banque de bonus”
susceptible d’être débité si les progrès ne
sont pas pérennisés.
L’EVA apporte en fait quelque chose de différent,
notamment dans l’évolution dynamique
des comportements, qui amène
toutes les parties concernées à créer
ensemble de la valeur.
(*) Business development manager de Malia Trust
(SAL), affilié à Malia Holding (groupe Sarraf). Titulaire
d’un mastère spécialisé en finance à l’ESA-ESCP.
(1) Cabinet de consultant en management aux États-
Unis, propriétaire de la marque déposée EVA.
C
lée après tous les ajustements utiles par
rapport aux données comptables.
Quelle EVA une entreprise doit-elle utiliser ?
En fait, chaque entreprise exige une définition
sur mesure, qui correspond au mieux
à son organisation, sa stratégie, ses activités
et à ses politiques comptables, dans
l’objectif de garder une simplicité de calcul
et une précision avec laquelle on rend
compte du profit économique véritable.
Mais dans tous les cas, il faut utiliser la
même méthode pour pouvoir comparer les
résultats dans le temps.
UNE PETITE RÉVOLUTION
En fait, le calcul d’une EVA n’est pas un
simple “gadget” comptable, pour faire
moderne. C’est en gros l’ensemble de la
valeur créée par les collaborateurs à l’entreprise.
Et c’est une mesure plus fiable que le
chiffre d’affaires ou même le profit net.
Les objectifs d’un système d’intéressement
EVA peuvent donc être les suivants :
- Établir un lien plus étroit entre l’intéressement
aux résultats (pour les employés)
et l’augmentation de la création de valeur.
- Fixer un même point focal pour la direction
de l’exploitation, la stratégie d’investissement,
la planification, la mesure des
performances et l’intéressement.
- Favoriser une culture d’entreprise privilé