Qui aurait cru que la presse culturelle pouvait être rentable ? Plus de 10 ans et 259 numéros après ses débuts, l’Agenda culturel est devenu une référence. Un succès étonnant.

commission puisque nous travaillons
directement sans agence», explique
Nasr. Ses annonceurs sont particulièrement
intéressés par le profil spécifique
et sélectif du lectorat, qui a aussi un
pouvoir d’achat non négligeable.
ACTIVITÉS ANNEXES
La meilleure illustration de cette
réussite est le nombre de
médias locaux qui
reprennent ou utilisent
ses informations.
La rançon
du succès en
quelque
sorte.
Aujourd’hui,
l’Agenda culturel
revendique
un tirage
de 6 000
exemplaires
qui sont distribués
sous trois
formes : à domicile
ou au bureau pour 40 000 LL (environ
80 % des abonnés), ou dans une librairie
agréée pour 25 000 LL (20 %) ; la vente
directe (à 3 000 LL l’exemplaire) ne
concerne qu’une centaine de numéros.
«Fonctionner presque uniquement avec des
abonnés, cela permet d’éviter les pertes et
les invendus», explique Nasr.
Mais alors que les abonnements ont progressé
régulièrement de 1994 à 2002,
depuis trois ans, ce niveau s’est stabilisé.
L’une des premières explications avancées
est que le potentiel des lecteurs
n’est plus extensible à l’infini. La compagnie
Mersal cherche quand même à améliorer
la visibilité de l’Agenda. Par
exemple, afin de rajeunir l’âge moyen de
son lectorat, qui est actuellement de 36
ans, une campagne marketing a été faite
auprès des universités. Les résultats
furent mitigés. «Actuellement, la jeunesse
a peu de culture. Elle n’est pas intéressée
par les concerts, la musique, le cinéma»,
déplore Nasr.
Toutefois, avoir plus de 6 000 abonnés
n’est pas donné à tout le monde. «Notre
succès s’explique par l’absence de
concurrent. Un
média culturel n’intéresse
pas les
investisseurs sur le
plan financier.
Toutefois, depuis
six ans, nous
gagnons de l’argent.
L’Agenda culturel
est rentable»,
avoue Nasr.
Parallèlement à ce métier de base, la
compagnie Mersal est active dans des
activités complémentaires : publication
de numéros spéciaux en collaboration
avec des ambassades au Liban, études
pour des institutions privées ou
publiques comme les ministères de la
Culture et du Tourisme, organisation
d’événements culturels comme celui de
la semaine libanaise à Cahors, au sud de
la France. Ces activités assurent de 15 à
25 % du chiffre d’affaires de la société.
Parmi ses prochains projets, l’Agenda
culturel finalise le lancement d’un supplément
électronique qui sera acheminé par
courriels. «Nous avons senti un intérêt
croissant de la part de nos abonnés pour
des thèmes comme la musique, les livres,
les sorties, les restaurants, les hôtels et
les randonnées. Ainsi, nous allons leur
proposer des idées d’activités à faire le
week-end. Notre stratégie est de
répondre à une demande non satisfaite
Dans un secteur très concurrentiel,
l’Agenda culturel est une publication
foncièrement atypique. Cette revue
ne fait rien comme les autres : distribution
à 99 % par abonnement, une sortie un
mercredi sur deux et un format de poche
totalement à part sur le marché. «Ce format
s’explique par des raisons financières. De
plus, il est pratique puisqu’il permet de
mettre l’Agenda facilement dans sa poche
ou dans son sac à main», explique Émile
Nasr, directeur de la société Mersal qui
publie l’Agenda culturel.
Seule publication spécialisée dans la culture,
ce bimensuel a commencé en 1994. «À
cette époque, nous étions perdus sur le
plan culturel, raconte Nasr. Nous ne
savions pas qui faisait quoi, où et quand.
Mais très vite, nous avons compris qu’il y
avait une soif de culture parmi une certaine
population». Les débuts des premiers
numéros qui sont distribués à 3 000 exemplaires
furent encourageants. Cependant,
rassembler toutes les informations culturelles
n’étaient pas une mince affaire. «Les
professionnels du secteur n’étaient pas
préparés à donner des détails en avance ni
à payer pour faire la promotion de leur
exposition. Désormais, certains prévoient
un budget pour être dans l’Agenda», précise
depuis son bureau à Clemenceau
Raghida Tawileh, directrice de la revue.
Les tarifs fluctuent en fonction de la
taille de 70 à 330 $ par parution. Les
suppléments spéciaux tournent autour
de 650 à 700 $. L’Agenda culturel travaille
également avec des annonceurs
extérieurs au milieu culturel. Parmi eux,
on retrouve des complexes balnéaires,
des restaurants, des agences de
voyages, une société foncière, une chaîne
de supermarchés, des librairies, etc.
«La publicité représente 70 % de notre
chiffre d’affaires. Nos prix sont sans