Une banque qui prête, parfois, du social à 0 %, fait de l’immobilier, mais aussi du leasing ou du tourisme, et joue la carte de la proximité. Le Crédit Libanais a adopté le profil de la banque à tout faire au sens propre du terme.

Explication de Sami Nseiri : «Ce ratio évolue en
fonction des facteurs de risques, d’un côté, et
des directives de la BDL, de l’autre. Mais de
manière générale, notre conservatisme est
justifié par les mauvaises applications du
cadre juridique qui, en cas de litige, conduisent
à des procédures à rallonge». Ainsi, le
leasing par exemple est encore considéré par
les autorités comme un
contrat d’ordre général, alors
que la BDL a présenté il y a
déjà 3 ans une loi spécifique à
ce sujet, qui n’est toujours
pas opérationnelle. Ainsi,
«nous devons être à la fois
liquides et profitables, indique
Sami Nseiri. Mais nous ferons
toujours passer la liquidité
avant la profitabilité». Et si le
Crédit Libanais a vu ses profits
diminuer de 8 % en 1 an,
il demeure une institution
rentable. Et l’optimisme reste
de règle.
D’ailleurs, un projet est
actuellement à l’étude au sein
de la banque, qui permettrait
La politique de diversification du Crédit
Libanais l’a amené à créer une panoplie
de filiales, qui lui permet de développer
un bon nombre d’activités parabancaires : leasing
par des crédits-bail de moyen et long
terme, produits d’assurance (et bientôt d’investissement),
société d’encaissement (électronique
ou en porte à porte), réseau de paiement
électronique IPN, immobilier (construction
puis vente à crédit d’immeubles bâtis sur
des terrains appartenant à la banque) et même
tourisme avec l’agence de voyages Hermès.
Néanmoins, au Crédit Libanais, on se défend
de vouloir perdre le nord : cette diversification
a pour objectif de soutenir l’activité bancaire
de base. Par exemple, le Crédit Libanais poursuit
son orientation vers le petit client : «La
banque de détail permet de mieux répartir le
risque, car de petites sommes sont accordées
à un grand nombre de personnes». Sami
Nseiri, conseiller du président, en est convaincu.
L’application sur le terrain suit : élargissement
du réseau d’agences ; investissement
dans une force de marketing active au sein de
chaque agence et démarchage direct auprès
des entreprises en vue d’une domiciliation des
salaires, avec tous les produits qui s’en suivent.
«Les intérêts sur les crédits de détail sont
supérieurs à ceux de la banque commerciale,
souligne Nseiri. De plus, il faut prendre en
compte la rentabilité de tous les produits supplémentaires
liés aux crédits : domiciliation,
bancassurance, etc.».
Par ailleurs, une expansion a déjà été entamée
avec l’ouverture d’un bureau de représentation
à Montréal, et devrait se poursuivre
en direction des pays arabes, Syrie
et/ou Émirats en tête.
UN CRÉNEAU INÉDIT
Pour autant, cet enthousiasme ne signifie pas
que la banque manque de prudence ; le ratio
crédits/dépôts, de 21 %, en est la preuve.
• Actifs : 2,999 milliards $, 8e
• Dépôts : 2,524 milliards $, 8e
• Crédits privés : 539 millions $, 9e
• Profits : 17,8 millions $, 8e
• Capital propre : 216,97 millions $, 8e
• Nombre d’agences : 55
• Nombre d’employés : 976
• Présence à l’étranger : bureau de représentation au
Canada, international banking unit à Chypre.
Fiche d’identité (fin 2004)
Sami Nseiri : «Au lieu que le patrimoine
de la société en faillite soit
vendu aux enchères, la banque pourra
le reprendre et l’assainir»
de saisir au vol une proposition présentée
bientôt par la Banque centrale. Il s’agit de la
possibilité pour les banques de reprendre les
sociétés en mauvaise posture ou en faillite.
Cette possibilité enthousiasme littéralement
Sami Nseiri qui bûche assidûment sur ce projet
après avoir constaté le succès fulgurant de
ce système aux États-Unis. «Au lieu que le
patrimoine de la société en faillite soit récupéré
par la banque puis vendu aux enchères à
une valeur bien moindre, la banque pourra, s’il
s’agit d’une industrie à valeur ajoutée, la
reprendre et l’assainir».
À partir de là, les options sont multiples : après
avoir apporté son savoir-faire et son soutien
financiers, la banque peut récupérer des
actions, ou encore revendre intégralement la
société à son ancien propriétaire, à un nouvel
investisseur ou même la coter en Bourse.
Une telle possibilité permettrait de modifier
radicalement la tournure financière de l’industrie,
et représente l’un des projets
d’avenir du Crédit Libanais à l’horizon
2007 au plus tard.