Alors que le projet de construction d’une nouvelle unité de production d’électricité à la centrale de Deir Amar devait débuter en ce début d’année 2013, promettant de régler en partie le problème de sous-capacité du réseau libanais, l’annulation des résultats de l’appel d’offres finalisé en octobre 2012 et l’organisation d’un autre le 4 février 2013 retardent une nouvelle fois le calendrier.
Le Conseil des ministres a décidé le 19 décembre d’annuler le résultat de l’adjudication pour la construction d’une nouvelle unité de production de 450 MW dans la centrale de Deir Amar. Dans une conférence de presse organisée deux jours plus tard, le ministre de l’Énergie Gebran Bassil a justifié cette décision par le fait que l’offre du consortium Abener-Butec, vainqueur de la première adjudication, porte sur 662 millions de dollars et excède largement le budget dont dispose le gouvernement pour l’agrandissement de la centrale qui est de 502 millions de dollars.
Le budget total alloué au plan d’électricité par le Parlement fin 2011 porte sur 1,2 milliard de dollars, dont 850 millions sont destinés à la production de 700 MW supplémentaires. Il s’agit de combler en partie le déficit de production du pays, la capacité installée étant de 1 500 MW alors que la demande est supérieure à 2 400 MW.
De cette enveloppe, 348 millions ont été affectés à la réhabilitation des centrales de Jiyé et Zouk, ce qui laisserait 502 millions pour Deir Amar, voire davantage si le financement de Jiyé et Zouk est ramené à 305 millions.
Partant de là, Gebran Bassil explique avoir exploré trois options. La première est celle de la négociation avec la joint-venture constituée entre le groupe espagnol Abener et le libanais Butec présidé par Nizar Younes en vue d’obtenir une révision à la baisse de leur offre. Le Conseil des ministres en a officiellement chargé le ministre le 14 novembre 2012. Une réduction de 97 millions de dollars s’est avérée possible moyennant l’abandon de la réalisation d’un certain nombre de clauses non indispensables du cahier des charges initial. Mais cet ajustement était encore éloigné de 65 millions de dollars de l’effort de réduction souhaité. Une variante consistait à renégocier sur les mêmes bases avec les candidats arrivés en deuxième, troisième et quatrième position de l’appel d’offres.
La seconde option aurait pu être d’accroître l’enveloppe allouée à l’augmentation de capacité de production d’électricité en réduisant d’autant les fonds destinés au renforcement du réseau de transport du courant.
Les deux premières pistes n’ayant pas abouti, restait, selon le ministre, la troisième option, celle de l’organisation d’un nouvel appel d’offres en fonction d’un prix plafond correspondant au budget dont dispose le ministère pour la centrale de Deir Amar, soit 502 millions de dollars. Là aussi plusieurs possibilités ont été envisagées : réserver l’adjudication aux quatre candidats parvenus à la phase finale du premier appel d’offres ; l’élargir à tous les préqualifiés, soit huit sociétés qui ont participé à l’appel d’offres après dépôt d’une caution bancaire, ou encore aux 26 sociétés qui ont retiré le cahier des charges ; ou alors recommencer toute la procédure depuis le début. Le souci de ne pas prolonger la procédure plaidait pour un nombre restreint de candidats. Mais le respect des règles de la concurrence imposait d’élargir le cercle. Le nouvel appel d’offres est donc ouvert à tous. Le ministre Bassil a promis que la procédure pourrait être achevée dans les deux mois. Les nouvelles dates ont été arrêtées le 3 janvier, à travers l’annonce de la nouvelle adjudication dans le Journal officiel. Une cession d’informations était ouverte aux sociétés intéressées du 18 au 25 janvier et l’ouverture des offres fixée au 4 février. Le ministère a prévu trois semaines pour leur évaluation et une semaine de plus pour la désignation d’un vainqueur.
Selon des sociétés qui en ont retiré une copie, le nouveau cahier des charges est très similaire au premier, ce qui devrait permettre la présentation rapide d’une offre aux candidats qui ont participé à la première adjudication et leur donne de fait un avantage sur les autres.
Le consortium Abener-Butec déclarait encore fin janvier ne pas vouloir participer à la nouvelle adjudication. « C’est une mascarade », a déclaré au Commerce du Levant le PDG de Butec, Nizar Younes. Selon lui, les considérations budgétaires invoquées pour annuler le premier appel d’offres ne tiennent pas quand on sait que les pertes du secteur s’élèvent à des centaines de millions de dollars par an.
Scandalisé de ne pas obtenir le contrat, il affirme vouloir présenter devant le Conseil d’État un recours en invalidation de la décision du Conseil des ministres d’annuler le résultat de l’appel d’offres. Le cahier des charges réserve la possibilité de modifier le montant de l’offre dans une proportion de 10 % et non pas de 25 % comme le lui réclame le ministre de l’Énergie, a-t-il déclaré à la presse. « Abener va de son côté recourir à l’arbitrage international en vertu du traité de coopération entre l’Espagne et le Liban », affirme Nizar Younes.
Une possibilité d’arbitrage contestée par le ministre de l’Énergie, selon qui un tel recours n’est possible que si deux parties signataires d’un contrat en conviennent, or selon lui le fait de remporter un appel d’offres ne vaut pas attribution du contrat tant que le Conseil des ministres n’en a pas décidé ainsi. « Les clauses de l’appel d’offres autorisent clairement le gouvernement libanais à relancer l’adjudication s’il souhaite obtenir de meilleures conditions », a déclaré Gebran Bassil en conférence de presse.
La plupart des autres candidats en lice pour le premier appel d’offres sont en revanche satisfaits de pouvoir concourir à nouveau. Certains avaient multiplié les accusations de favoritisme à l’issue de la proclamation des résultats du premier appel d’offres.
« Bizarrement, trois des quatre finalistes proposaient des turbines General Electric, alors que ce constructeur ne fournit que des turbines de 175 MW chacune, ce qui ne permet pas de répondre exactement au cahier des charges portant sur une capacité totale de 450 MW. Deux turbines de 175 MW ne sont pas suffisantes et trois ont une capacité excédentaire par rapport à la demande. En revanche, les turbines Siemens de 150 MW chacune correspondent exactement à la capacité voulue, mais seul un candidat proposant cette marque a été en phase finale », s’interroge l’un des finalistes malheureux sous couvert d’anonymat.
Autre fait troublant, l’amitié liant le ministre de l’Énergie au vainqueur Nizar Younes qui envisageaient une alliance électorale à Batroun. Une amitié qui n’a eu aucune incidence sur le résultat, s’est défendu Gebran Bassil, ni d’ailleurs sur la décision d’annuler le résultat. D’autres proches du Courant patriotique libre ont été disqualifiés avant même la phase finale. C’est notamment le cas de Charbel Habib (Zerock), partenaire du groupe koweïtien al-Ghanim. Ce dernier a officiellement porté plainte auprès du ministre et du Premier ministre Nagib Mikati, car il s’estime doublement lésé : le candidat faisait partie des heureux élus à l’issue de la phase de qualification, mais il a été disqualifié ensuite pour une motivation qu’il conteste alors que son offre était, au final, plus basse en valeur absolue que celle du vainqueur Abener-Butec (539 millions de dollars pour 450 MW et un prix au kilowattheure de 12,434 cents).
Le budget total alloué au plan d’électricité par le Parlement fin 2011 porte sur 1,2 milliard de dollars, dont 850 millions sont destinés à la production de 700 MW supplémentaires. Il s’agit de combler en partie le déficit de production du pays, la capacité installée étant de 1 500 MW alors que la demande est supérieure à 2 400 MW.
De cette enveloppe, 348 millions ont été affectés à la réhabilitation des centrales de Jiyé et Zouk, ce qui laisserait 502 millions pour Deir Amar, voire davantage si le financement de Jiyé et Zouk est ramené à 305 millions.
Partant de là, Gebran Bassil explique avoir exploré trois options. La première est celle de la négociation avec la joint-venture constituée entre le groupe espagnol Abener et le libanais Butec présidé par Nizar Younes en vue d’obtenir une révision à la baisse de leur offre. Le Conseil des ministres en a officiellement chargé le ministre le 14 novembre 2012. Une réduction de 97 millions de dollars s’est avérée possible moyennant l’abandon de la réalisation d’un certain nombre de clauses non indispensables du cahier des charges initial. Mais cet ajustement était encore éloigné de 65 millions de dollars de l’effort de réduction souhaité. Une variante consistait à renégocier sur les mêmes bases avec les candidats arrivés en deuxième, troisième et quatrième position de l’appel d’offres.
La seconde option aurait pu être d’accroître l’enveloppe allouée à l’augmentation de capacité de production d’électricité en réduisant d’autant les fonds destinés au renforcement du réseau de transport du courant.
Les deux premières pistes n’ayant pas abouti, restait, selon le ministre, la troisième option, celle de l’organisation d’un nouvel appel d’offres en fonction d’un prix plafond correspondant au budget dont dispose le ministère pour la centrale de Deir Amar, soit 502 millions de dollars. Là aussi plusieurs possibilités ont été envisagées : réserver l’adjudication aux quatre candidats parvenus à la phase finale du premier appel d’offres ; l’élargir à tous les préqualifiés, soit huit sociétés qui ont participé à l’appel d’offres après dépôt d’une caution bancaire, ou encore aux 26 sociétés qui ont retiré le cahier des charges ; ou alors recommencer toute la procédure depuis le début. Le souci de ne pas prolonger la procédure plaidait pour un nombre restreint de candidats. Mais le respect des règles de la concurrence imposait d’élargir le cercle. Le nouvel appel d’offres est donc ouvert à tous. Le ministre Bassil a promis que la procédure pourrait être achevée dans les deux mois. Les nouvelles dates ont été arrêtées le 3 janvier, à travers l’annonce de la nouvelle adjudication dans le Journal officiel. Une cession d’informations était ouverte aux sociétés intéressées du 18 au 25 janvier et l’ouverture des offres fixée au 4 février. Le ministère a prévu trois semaines pour leur évaluation et une semaine de plus pour la désignation d’un vainqueur.
Selon des sociétés qui en ont retiré une copie, le nouveau cahier des charges est très similaire au premier, ce qui devrait permettre la présentation rapide d’une offre aux candidats qui ont participé à la première adjudication et leur donne de fait un avantage sur les autres.
Le consortium Abener-Butec déclarait encore fin janvier ne pas vouloir participer à la nouvelle adjudication. « C’est une mascarade », a déclaré au Commerce du Levant le PDG de Butec, Nizar Younes. Selon lui, les considérations budgétaires invoquées pour annuler le premier appel d’offres ne tiennent pas quand on sait que les pertes du secteur s’élèvent à des centaines de millions de dollars par an.
Scandalisé de ne pas obtenir le contrat, il affirme vouloir présenter devant le Conseil d’État un recours en invalidation de la décision du Conseil des ministres d’annuler le résultat de l’appel d’offres. Le cahier des charges réserve la possibilité de modifier le montant de l’offre dans une proportion de 10 % et non pas de 25 % comme le lui réclame le ministre de l’Énergie, a-t-il déclaré à la presse. « Abener va de son côté recourir à l’arbitrage international en vertu du traité de coopération entre l’Espagne et le Liban », affirme Nizar Younes.
Une possibilité d’arbitrage contestée par le ministre de l’Énergie, selon qui un tel recours n’est possible que si deux parties signataires d’un contrat en conviennent, or selon lui le fait de remporter un appel d’offres ne vaut pas attribution du contrat tant que le Conseil des ministres n’en a pas décidé ainsi. « Les clauses de l’appel d’offres autorisent clairement le gouvernement libanais à relancer l’adjudication s’il souhaite obtenir de meilleures conditions », a déclaré Gebran Bassil en conférence de presse.
La plupart des autres candidats en lice pour le premier appel d’offres sont en revanche satisfaits de pouvoir concourir à nouveau. Certains avaient multiplié les accusations de favoritisme à l’issue de la proclamation des résultats du premier appel d’offres.
« Bizarrement, trois des quatre finalistes proposaient des turbines General Electric, alors que ce constructeur ne fournit que des turbines de 175 MW chacune, ce qui ne permet pas de répondre exactement au cahier des charges portant sur une capacité totale de 450 MW. Deux turbines de 175 MW ne sont pas suffisantes et trois ont une capacité excédentaire par rapport à la demande. En revanche, les turbines Siemens de 150 MW chacune correspondent exactement à la capacité voulue, mais seul un candidat proposant cette marque a été en phase finale », s’interroge l’un des finalistes malheureux sous couvert d’anonymat.
Autre fait troublant, l’amitié liant le ministre de l’Énergie au vainqueur Nizar Younes qui envisageaient une alliance électorale à Batroun. Une amitié qui n’a eu aucune incidence sur le résultat, s’est défendu Gebran Bassil, ni d’ailleurs sur la décision d’annuler le résultat. D’autres proches du Courant patriotique libre ont été disqualifiés avant même la phase finale. C’est notamment le cas de Charbel Habib (Zerock), partenaire du groupe koweïtien al-Ghanim. Ce dernier a officiellement porté plainte auprès du ministre et du Premier ministre Nagib Mikati, car il s’estime doublement lésé : le candidat faisait partie des heureux élus à l’issue de la phase de qualification, mais il a été disqualifié ensuite pour une motivation qu’il conteste alors que son offre était, au final, plus basse en valeur absolue que celle du vainqueur Abener-Butec (539 millions de dollars pour 450 MW et un prix au kilowattheure de 12,434 cents).
Calendrier de l’adjudication Mars 2012 – Lancement de l’appel pour la construction d’une nouvelle centrale d’environ 450 MW sur le site de la centrale de Deir Amar, dans le nord du Liban. Avril 2012 – Sur les 26 sociétés qui ont retiré le cahier des charges, huit ont déposé une lettre de garantie d’un million d’euros pour pouvoir soumissionner : al-Ghanim (Koweït)-Zerock ; Mapna (Iran)-Electra Engineering ; J&P Avax (Chypre)-Afak General Contractors ; Sino Hydro (Chine)-Tabet ; Abener (Espagne)-Butec ; Norinco (Chine)-PTC ; Sepco 3 (Chine) ; Gama (Turquie)-ICD. Juin 2012 – Soumission des huit offres. Juin-octobre 2012 – Disqualification de quatre candidats : al-Ghanim-Zerock ; Sino Hydro-Tabet ; Norinco-PTC ; Mapna-Electra Engineering. 16 octobre 2012 – Ouverture des plis financiers et victoire du consortium Abener-Butec. 14 novembre 2012 – Le Conseil des ministres charge le ministre de l’Énergie Gebran Bassil d’ouvrir des négociations de gré à gré avec le vainqueur de l’appel d’offres pour réduire son prix. 19 décembre 2012 – Le Conseil des ministres décide l’organisation d’un nouvel appel d’offres. 3 janvier 2013 – Annonce du calendrier de la nouvelle adjudication. Soumission des offres fixée au 4 février 2013. |