Ressource naturelle essentielle, l’eau représente aujourd’hui une source d’enjeux stratégiques entre les États du Proche-Orient. En effet, les ressources en eau se raréfient dans le monde et surtout au Moyen-Orient. Leur bonne gestion devrait donc représenter un moyen efficace de cultiver la paix et la stabilité, particulièrement dans cette région.
Quelles sont les nouvelles réalités hydrodiplomatiques ? Et quels sont les défis à relever aujourd’hui pour assurer une utilisation équitable de l’eau dans les pays méditerranéens ?
Cet ouvrage se propose de répondre à ces questions fondamentales. Il met en évidence l’urgence de la mise en place d’un nouvel ordre mondial basé sur la “culture de l’eau”, qui serait le meilleur moyen de préserver la paix et la sécurité alimentaire dans cette région du monde.
La région méditerranéenne se caractérise par l’aridité du climat et la rareté de l’eau. Elle enregistre une croissance rapide de la demande, en même temps qu’elle connaît une gestion et une utilisation inadéquates des ressources en eau. Il faut ajouter à cela des pratiques agricoles qui laissent beaucoup à désirer, des infrastructures obsolètes, un manque de coopération entre pays riverains et des décisions mal étudiées pour pouvoir s’adapter à l’avantage comparatif le plus rationnel de la région.
C’est que les conflits ne manquent pas au sujet des cours d’eau entre les pays du Proche-Orient. Conflits sur le Tigre et l’Euphrate entre la Turquie, la Syrie et l’Irak. Conflits sur le Jourdain, le Yarmouk et le Hasbani entre Israël, le Liban, la Jordanie, la Syrie et la Palestine. Conflits sur le Nil entre l’Égypte, le Soudan et l’Éthiopie. Contentieux sur l’Oronte et le Nahr el-Kébir entre le Liban et la Syrie…
Tous ces conflits renforcent l’idée et la nécessité d’établir une “hydrodiplomatie” entre les pays du Proche-Orient. Et surtout, de mener une Gestion intégrée des ressources en eau (GIRE), avec la nécessité pour tous ces pays d’appliquer ce concept. L’eau a une valeur économique dans l’ensemble de ses utilisations complémentaires et elle doit donc être reconnue comme bien économique.
Pour tous les pays du Proche-Orient, le problème n’est pas seulement le gaspillage de l’eau et les pertes énormes qui en résultent, mais aussi la pollution des eaux, l’infiltration des eaux usées dans les réseaux d’eau potable, l’utilisation non raisonnée des engrais chimiques et l’urbanisation sauvage.
L’utilisation commune des cours d’eau nécessite la coopération régionale, dans un esprit de résolution des conflits. De même, il faut insister sur la coopération Nord-Sud dans ce domaine, entre le Proche-Orient et l’Union européenne, comme le montre l’exemple de la Directive cadre sur l’eau (DCE) appliquée au cas libanais.
Tout ceci démontre que l’eau peut être une source de discorde et de conflits, comme elle peut être une source de croissance, de coopération et de paix entre les nations, si l’hydrodiplomatie est conduite à de bonnes fins.
Fadi Comair est diplômé des universités américaines et françaises. Son expérience professionnelle en France l’a mené dans les centres de recherche affiliés au ministère de l’Industrie, où il a collaboré dans diverses commissions techniques. Rentré au Liban en 1993, il fut nommé au poste de PDG de l’Office national du Litani (ONL) puis au poste de directeur général des ressources hydrauliques et électriques. Ses nombreuses participations comme négociateur sur le Wazzani et le Hasbani, et son rôle actif dans la formation de délégations du Moyen-Orient sur l’hydrodiplomatie, font de lui un expert incontesté des problèmes de l’eau.
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