Produit traditionnel du Liban, l’arak est historiquement fabriqué par de petits producteurs locaux pour leur consommation personnelle. Certains d’entre eux, plus développés, fournissent les restaurants libanais qui servent à leurs clients un arak sans marque, ni étiquette. Cet arak “fait maison” est encore prédominant sur le marché national : selon Ziad Cordahi, des Établissements Antoine Massoud, si les ventes d’arak de marque déposées se sont élevées à 183 000 caisses en 2009, ce chiffre franchirait la barre du million, en tenant compte des ventes d’arak baladi. Face à ces producteurs locaux, des entreprises se sont progressivement constituées depuis la fin du XIXe siècle et ont déposé leurs marques. Rares sont celles qui ne proposent que de l’arak, la plupart ayant profité de la renaissance des vignobles libanais pour produire leur propre vin. Portraits des principaux producteurs présents dans les supermarchés libanais.
Musar : une rareté recherchée
Création de Château Musar : 1930
Localisation : Ghazir, Kefraya, Mont-Liban
Répartition du capital : famille Hochar 100 %
Nombre de marques d’arak : deux (Château Musar et arak de Musar)
Production : entre 10 et 20 000 bouteilles par an
Arak/chiffre d’affaires global : moins de 5 %
Exportations : quelques dizaines de caisses par an
Étiquette : aucune information sur la composition de l’arak
Prix moyen de la bouteille : arak de Musar 50 cl : 22 000 LL (14,6 dollars), arak Château Musar 70 cl : 22 000 LL (14,6 dollars).
Fondé en 1930, Château Musar est, depuis sa création, spécialisé dans la production de vin. Dans les années 1970, Serge Hochar, l’actuel PDG, décide de lancer l’arak Château Musar, un alcool distillé trois fois élaboré avec le vin du château. Vingt ans plus tard, l’arak de Musar est introduit sur le marché libanais : il s’agit d’un arak plus élaboré obtenu avec quatre distillations. Avec entre 10 et 20 000 bouteilles produites chaque année, l’arak représente moins de 5 % du chiffre d’affaires global de la maison. Une rareté justifiée par la volonté de respecter les méthodes de fabrication artisanales et de proposer des produits haut de gamme. Si 80 % du vin Château Musar est exporté, seules quelques dizaines de caisses d’arak sont destinées à l’étranger, notamment à l’Europe (Grande-Bretagne, France) et aux États-Unis. Sur le territoire libanais, la famille Hochar prend elle-même en charge la distribution de ses araks, qui sont commercialisés dans certains restaurants et supermarchés, ainsi qu’au duty-free de l’aéroport de Beyrouth. En Europe, les araks Musar sont distribués par un importateur basé en Grande-Bretagne.
Domaine Wardy : une gamme élargie
Création du Domaine Wardy : 1971
Localisation : Zahlé
Répartition du capital : Solifed 100 % (Sélim, Aziz, Khalil et Sami Wardy)
Nombre de marques : quatre (Ghantous & Abou Raad, Wardy, al-Najjar et al-Arrab).
Production (2009) : 600 000 bouteilles, dont 400 000 de Ghantous & Abou Raad et 10 000 de Wardy
Arak/chiffre d’affaires global : 50 %
Exportations : 39 % de la production (Ghantous & Abou Raad et Wardy seulement)
Étiquette : arak Wardy, arak libanais produit d'une sélection de raisin distillé trois fois. Produit avec de pures grappes de raisin ; Ghantous & Abou Raad, aucune information
Prix moyen de la bouteille : Ghantous & Abou Raad (75 cl) : 7 750 LL (5,16 dollars) ; Wardy (75 cl) : 18 600 LL (12,4 dollars).
Issu du rachat des domaines de deux producteurs de vin et d’arak (les familles Ghantous et Abou Raad), le Domaine Wardy lance son propre arak en 1996. Le domaine, qui appartient à quatre membres de la famille Wardy dont le ministre Sélim Wardy, propose désormais une large gamme de produits, de l’arak populaire (Ghantous & Abou Raad, al-Najjar et al-Arrab) à l’arak haut de gamme (arak Wardy), en plus de son vin dont la production a débuté en 1999. Avec près de 600 000 bouteilles produites en 2009, l’arak représente 50 % du chiffre d’affaires global de la maison. Si l’arak Wardy est étiqueté comme un « arak libanais produit d’une sélection de raisin distillé trois fois », aucune information n’est donnée quant à la composition de l’arak Ghantous & Abou Raad. Les araks al-Najjar et al-Arrab, distribués dans le sud du pays, sont, quant à eux, produits à base d’un mélange d’alcool de raisin et de mélasse. Commercialisés au Liban dans les supermarchés, épiceries et restaurants, les araks Wardy et Ghantous & Abou Raad sont exportés au Brésil, aux États-Unis, au Canada, en Australie, en France, en Pologne, aux Émirats et en Irak.
Kefraya : une production minimaliste
Création du Château Kefraya : 1979
Localisation : Kefraya
Répartition du capital : Walid K. Joumblatt 56,6 %, Bustros Holding 19,4 %, Fattal Holding 13 %, Consolidated Company for Agriculture 10 %, autres 1 %
Nombre de marques : un (arak de Kefraya)
Production : environ 48 000 bouteilles par an
Arak/chiffre d’afaires global : moins de 1 %
Exportations : 30 % de la production
Étiquette : spiritueux anisé provenant exclusivement des raisins du château. Produit du Liban
Prix moyen de la bouteille : arak Kefraya (70 cl) : 23 700 LL (15,8 dollars).
L’année 1979 marque le lancement de la production viticole et d’arak du Château Kefraya. Confectionné à base du surplus de raisin récolté dans le domaine et avec des graines d’anis provenant de Syrie, l’arak de Kefraya est un produit haut de gamme qui se vend en supermarché aux environs de 15 dollars. L’arak de Kefraya se place en troisième position des ventes d’arak enregistrées en 2009 : 3 500 caisses se sont ainsi écoulées sur le territoire national, distribuées par la société Fattal dans les supermarchés et restaurants. 30 % de la production a été commercialisée à l’étranger, notamment en France qui représente le marché d’export principal. Orienté vers la production de vin, le Château Kefraya délaisse progressivement l’arak qui représente désormais une part anecdotique du chiffre d’affaires de l’entreprise : 48 000 bouteilles d’arak sont produites chaque année contre plus de deux millions de bouteilles de vin.
Ksara : l’arak des jésuites
Création du domaine : 1857
Localisation : Ksara
Répartition du capital : groupe Kassar 36,5 %, groupe Chaoui 36,5 %, Khalil Sara 17 %, groupe Sayegh 10 %
Nombre de marques : un (Ksarak)
Production : environ 11 000 caisses par an
Exportation : 22 % de la production
Étiquette : Boisson alcoolique anisée produite exclusivement à base d’alcool de raisin pur et d’anis frais
Prix moyen de la bouteille : Ksarak (70 cl) : 21 000 LL (14 dollars).
Fondée en 1857 par des pères jésuites, la maison Ksara est rachetée en 1972 par un groupe d’investisseurs : la famille Chaoui, le groupe Kassar et Khalil Sara, et la famille Sayegh. Orienté depuis ses débuts vers le vin, Ksara lance son propre arak, Ksarak, en 1978. Seize ans plus tard, la distillerie Ksara se dote d’alambiques charentais, qui lui permettent de produire un arak de façon traditionnelle avec des équipements modernes. Ksarak est un arak haut de gamme, produit à base de raisin (principalement cinsault et ugni blanc) et de graines d’anis en provenance de Syrie. Il est distribué dans les supermarchés, hôtels et restaurants libanais ainsi qu’au duty-free de l’aéroport de Beyrouth. L’arak reste une activité largement secondaire pour la maison Ksara qui produit chaque année plus de deux millions de bouteilles de vin. En 2009, 8 000 caisses de Ksarak ont été vendues sur le territoire libanais tandis que 2 500 caisses ont été commercialisées à l’étranger, notamment en Europe (France, Allemagne, Suède, Grande-Bretagne, Suisse), au Canada, aux États-Unis, en Syrie, en Égypte, en Irak ou aux Émirats. La hausse du tourisme au Liban a permis à Ksara d’augmenter les ventes de ses demi-bouteilles d’arak de 20 % et de ses bouteilles de 5 % (2009).
Domaine des Tourelles : un patrimoine perpétué
Création du Domaine : 1868
Localisation : Chtaura
Répartition du capital : Nayla Kanaan Issa el-Khoury 50 %, Élie F. Issa 50 %
Nombre de marques : un (arak Brun avec deux gammes : ordinaire et réserve spéciale)
Production : environ 180 000 bouteilles
Arak/chiffre d’affaires global : 50 %
Exportations : 30 % de la production
Étiquette : arak produit des raisins du Liban et de l’anis vert
Prix moyen de la bouteille : Réserve spéciale (75 cl) : 45 000 LL (30 dollars) ; arak Brun (75 cl) : 22 500 LL (15 dollars).
L’histoire de l’arak Brun remonte à 1868 : François-Eugène Brun, agronome français, s’installe à Chtaura dans la Békaa et fonde le désormais célèbre Domaine des Tourelles. Descendant de la troisième génération, Pierre Brun met l’accent sur la production d’un arak haut de gamme, élaboré à base de raisins Obeïdi et de graines d’anis de Syrie, dans le respect des méthodes traditionnelles. En 2000, après le décès de Pierre Brun, Nayla Kanaan el-Khoury et Élie F. Issa, amis proches de la famille Brun, rachètent le Domaine. Ces nouveaux propriétaires s’attachent à perpétuer la renommée de l’arak Brun et lancent en 2002 une Réserve spéciale, un arak vieilli pendant cinq ans dans des jarres en terre. La production d’arak représente désormais près de 50 % du chiffre d’affaires global du Domaine des Tourelles, soit un volume de 170 000 bouteilles par an. 30 % de ces bouteilles sont exportées, principalement vers l’Europe, le Canada, les États-Unis, l’Australie et les pays voisins du Liban (Jordanie, Syrie, Émirats arabes unis). Tout en considérant l’arak comme un véritable cheval de bataille, le Domaine des Tourelles favorise désormais sa production de vin, laquelle a triplé depuis 2003, pour atteindre les 130 000 bouteilles. Sur le territoire libanais, l’arak Brun est distribué par B’Food dans les restaurants et supermarchés, ainsi qu’au duty-free de l’aéroport de Beyrouth. Il est d’ailleurs le n°1 des ventes d’arak à l’aéroport depuis 2003.
Fakra : une production de masse
Réouverture de la cave : 1985
Localisation : Kfardébian
Répartition du capital : famille Adem 100 %
Nombre de marques : six dont une sur le territoire libanais (Fakra) et cinq exclusivement pour l’export (dont al-Shallal)
Production : 400 000 bouteilles par an environ
Exportations : 100 000 bouteilles par an
Arak/chiffre d’affaires global : entre 85 et 90 %
Étiquette : Fakra, à base de grappes de raisin et de graines d’anis
Prix moyen de la bouteille : Fakra (70 cl) : 10 700 LL (7,13 dollars).
En 1985, Carlos Guillermo Adem rouvre une ancienne distillerie familiale d’arak, située à Kfardébian dans le Mont-Liban. Il fonde alors la Cave Fakra et lance progressivement six marques d’arak dont Fakra, vendu sur le territoire libanais ainsi qu’à l’étranger, et cinq autres exclusivement destinées à l’export. La Cave Fakra a souhaité proposer diverses gammes de produits, alternant ainsi entre arak traditionnel à base de raisin et de graines d’anis et arak à base d’alcool industriel. Bien que la Cave Fakra se soit lancée dans le vin en 2000, l’arak représente encore entre 85 et 90 % du chiffre d’affaires de la maison. En 2009, 11 000 caisses d’arak Fakra ont été vendues dans les supermarchés et restaurants libanais, représentant 6 % du total des ventes d’arak au Liban (marques déposées). Un quart de la production est exportée vers le Canada, les États-Unis, le Mexique, la France, la Russie et dans la région (pays du Golfe, Égypte, Jordanie). Fakra est un des rares producteurs à promouvoir son arak : il a été le plus gros annonceur du marché en 2009 avec 283 125 dollars dépensés en publicité (chiffres Ipsos).
Nader Distilleries : de l’alcool éthylique à l’arak
Première production d’arak : 1985
Localisation : Mtein
Répartition du capital : famille Bou Nader 100 %
Nombre de marques : trois (al-Amir, al-Assi, Baalbak)
Production : 500 000 bouteilles par an
Arak/chiffre d’affaires global : moins de 5 %
Arak/chiffre d’affaires boissons alcoolisées : 10-12 %
Exportations : 60 % de la production en moyenne
Étiquette : Baalbak, à base de raisin et de graines d’anis ; al-Amir, anis et raisin ; al-Assi, distillé avec du raisin et des graines d’anis
Prix moyen de la bouteille : Baalbak, 27 950 LL (18,60 dollars) ; al-Amir, 4 500 LL (3 dollars) ; al-Assi, 3 000 LL (2 dollars).
Spécialisées dans la distillation d’alcool éthylique (un alcool pur à 96° utilisé dans la fabrication de boissons, de cosmétiques, de solvants…), les distilleries Nader se sont progressivement intéressées au marché de l’arak. Elles produisent simultanément de l’arak pour le compte d’autres marques ainsi que trois araks en noms propres : al-Amir depuis 1985, al-Assi depuis 1994 et Baalbak depuis 1997. Ces trois marques représentent 30 % des 500 000 bouteilles produites chaque année par l’entreprise. Les distilleries Nader ont souhaité proposer plusieurs gammes d’arak, du premier prix distillé deux fois et vieilli au maximum six mois (Amir et Assi) à l’arak plus sophistiqué, distillé quatre fois et vieilli six ans (Baalbak). Ces trois araks, distribués en propre, sont commercialisés dans les supermarchés, restaurants et épiceries du pays. Pour contrer la perte de vitesse du marché de l’arak, l’entreprise s’est lancée dans une stratégie de diversification, en proposant notamment du whisky, de la vodka, du gin mais aussi du vin. L’arak représente ainsi entre 10 et 12 % du chiffre d’affaires de l’entreprise (hors alcool éthylique). Pour dynamiser leurs produits sur les marchés étrangers, les distilleries Nader produisent désormais des araks à base d’alcool industriel, exclusivement réservés à l’export. L’entreprise commercialise ainsi 60 % de sa production à l’étranger, notamment aux États-Unis et en Irak.
Massaya : une bouteille emblématique
Création du domaine : 1991
Localisation : Taanayel
Répartition du capital : frères Brunier et Dominique Hébrard 35 %, familles Ghosn et Saïkaly 65 %
Nombre de marques : un (el-Massaya)
Production : 60 000 bouteilles
Arak/chiffre d’affaires global : 30 %
Exportations : 50 % de la production
Prix moyen de la bouteille : el-Massaya (70 cl) : 19 000 LL (12,6 dollars)
Étiquette : produit exclusivement à partir de raisin issu du cépage originel Obeïdi et de graines d’anis biologiques.
De retour au Liban après de longues années d’expatriation, Ramzi et Sami Ghosn reprennent la propriété familiale de Taanayel dans la Békaa au début des années 1990. Ils s’équipent d’une distillerie et achètent les quantités de raisin nécessaires pour lancer leur première production d’arak en 1993. Leur bouteille bleue ne tarde pas à se faire repérer, faisant de Massaya un des producteurs emblématiques d’arak libanais. En 1998, les deux frères lancent le vin Massaya, dont les ventes représentent désormais 70 % du chiffre d’affaires de la maison, contre 30 % pour l’arak. Fabriqué à base de raisin et de graines d’anis de Syrie, l’arak el-Massaya est un arak haut de gamme produit dans le respect des méthodes artisanales. Après trois distillations effectuées dans des alambics traditionnels, il est vieilli dix mois dans des jarres en terre. L’arak el-Massaya est commercialisé sur le territoire libanais dans les restaurants et supermarchés. 50 % de la production est exportée notamment aux États-Unis, aux Émirats arabes unis, en Jordanie et en Irak. Massaya est un des rares producteurs à avoir connu une augmentation de ses ventes d’arak en 2009, une hausse de 35 % en partie réalisée à l’export.
Distillerie Abousleiman : l’arak al-Mijana, un nouveau venu sur le marché
Création de la distillerie : 1950
Localisation : Mtein
Répartition du capital : famille Abousleiman 100 %
Production d’alcool de raisin : 100 000 litres par an
Production d’arak al-Mijana : 50 000 bouteilles par an
Nombre de marques : un (al-Mijana décliné en cinq gammes : Classic, Gold, Crystal, Royal, Diamonds)
Exportations : 30 %
Arak/chiffre d’affaires global : 15 % (85 % : vin et vinaigre)
Étiquette : exclusivement à base de grappes de raisin et d’anis vert. Distillé trois fois dans des alambics charentais. Produit du Liban.
Prix moyen de la bouteille : Classic : 10 000 LL (6,60 dollars).
Fondée en 1950, la distillerie Abousleiman (aujourd’hui ALCART SAL) est une entreprise familiale spécialisée dans la production d’alcool de raisin, d’arak, de vin et de vinaigre. Orientée vers la vente d’arak en vrac, l’entreprise se lance dans la vente au détail en 2005 avec sa propre marque, al-Mijana, qui représente désormais 40 % du volume d’arak produit par ALCART SAL chaque année. Cet arak, commercialisé directement par l’entreprise dans les supermarchés et restaurants libanais, se décline en cinq gammes, Classic, Gold, Crystal, Royal et Diamonds, qui se distinguent par leur embouteillage, le design des étiquettes et le volume des bouteilles. L’étiquette de l’arak al-Mijana indique que cette boisson est faite exclusivement à base de grappes de raisin et d’anis vert. 30 % de la production d’arak al-Mijana est exportée, notamment vers la Syrie, l’Irak et la France.
Cave Kouroum : un produit vitrine
Création de la cave : 1997
Localisation : Kefraya
Répartition du capital : famille Rahal 100 %
Nombre de marques : un (arak Kouroum)
Production : environ 30 000 bouteilles par an
Arak/chiffre d’affaires global : moins de 1 %
Exportations : 70 % de la production
Prix moyen de la bouteille : arak Kouroum (70 cl) : 7 500 LL (5 dollars)
Étiquette : spiritueux produit à base de raisin naturel distillé avec des graines d’anis.
À la fin des années 1990, Bassim Rahal, propriétaire de vignobles dans la commune de Kefraya, lance sa propre production de vin. En 2002, il propose sur le marché sa première bouteille d’arak, sous le nom d’arak Kouroum. L’entreprise familiale se concentre sur la production de vin, l’arak représentant moins de 1 % du chiffre d’affaires de la maison. Un choix stratégique assumé, l’arak représentant, pour la famille Rahal, un produit vitrine. L’arak Kouroum, dont l’étiquette dispose qu’il est confectionné à partir d’alcool de raisin distillé avec des graines d’anis, est vendu à un prix avoisinant les cinq dollars. Il est distribué par la cave elle-même dans les épiceries et restaurants du pays. La cave Kouroum s’est rapidement orientée vers l’export, 70 % de sa production d’arak étant commercialisée en France, aux États-Unis, au Canada et en Scandinavie.
Al-Karram : un producteur historique
Création de la cave : 2000
Localisation : Zahlé
Répartition du capital : Youssef Ghantous 100 %
Nombre de marques : un (arak al-Karram)
Production : environ 15 000 bouteilles par an
Exportations : 0 %
Prix moyen de la bouteille : environ 15 000 LL (10 dollars)
Étiquette : à base de raisin et de graines d’anis. Distillé trois fois dans des alambics traditionnels.
En 1893, les familles Ghantous et Abou Raad s’associent pour produire l’arak Ghantous & Abou Raad, qui sera progressivement racheté par le Domaine Wardy. Riche de son savoir-faire, la quatrième génération de la famille Ghantous rouvre la cave familiale en 2000 et crée une nouvelle marque : l’arak al-Karram. L’étiquette de la bouteille indique que cet arak est fabriqué avec du raisin Obeïdi provenant de la Békaa et distillé avec des graines d’anis de Syrie. 15 000 bouteilles environ sont produites chaque année et commercialisées exclusivement dans les épiceries et restaurants de la Békaa. Par manque de moyens, la cave al-Karram peine à promouvoir son arak dans le reste du pays et à l’étranger : les exportations, autrefois ciblées vers le Canada et l’Europe, ont ainsi été suspendues depuis trois ans. Pour faire face au déclin du marché de l’arak, la famille Ghantous se lance dans la production de vin rouge en 2009, une production qui représente aujourd’hui près de 15 % du chiffre d’affaires de l’entreprise.
Al-Kasr : priorité au marché libanais
Création de la cave : 1988
Localisation : Mtein
Répartition du capital : Anjotrade SARL 100 %
Nombre de marques : un (arak al-Kasr)
Production : environ 150 000 bouteilles par an
Arak/chiffre d’affaires global : environ 35 %
Exportations : 10-12 000 bouteilles par an
Prix moyen de la bouteille : arak al-Kasr (70 cl) : 11 000 LL (7,33 dollars)
Étiquette : à base de raisin et de graines d’anis.
Après avoir produit de l’arak baladi pendant des années, la famille Khaïrallah fonde le château al-Kasr en 1988 et lance sa première production d’arak sous une marque déposée. Cet arak, fabriqué à partir de raisins achetés dans la Békaa et de graines d’anis provenant de Syrie, est vendu en moyenne 7,3 dollars. Pour des raisons budgétaires, aucune campagne de communication n’a été menée pour promouvoir l’arak al-Kasr, qui se vend principalement dans les épiceries du pays. Dans les années 1990, la cave al-Kasr se diversifie en produisant du vin, du vinaigre, de l’alcool pur et de l’eau-de-rose. La morosité du marché de l’arak pousse la famille Khaïrallah à développer sa production de vin, qui représente désormais près de 60 % du chiffre d’affaires de la maison. L’arak al-Kasr est essentiellement commercialisé sur le territoire libanais, l’exportation ne représentant que 7 % des ventes (France, Irak, Syrie, Jordanie).
Clos de Cana : une démarche sociale
Création de la cave : 1999
Localisation : Ras el-Harf
Répartition du capital : Fadi Gergès 100 %
Nombre de marques : un (arak Soukara)
Production : entre 40 et 50 000 bouteilles par an
Arak/chiffre d’affaires global : 10 %
Exportations : 95 %
Prix moyen de la bouteille : 15 000 LL (10 dollars)
Étiquette : arak libanais traditionnel à base de raisin et d’anis.
Passionné par le vin et producteur d’arak baladi depuis de longues années, Fadi Gergès décide de fonder la cave Clos de Cana en 1999. La naissance de la cave s’inscrit dans une démarche sociale : celle de donner du travail aux agriculteurs de la région de Ras el-Harf et de repeupler les villages du Mont-Liban. Dès ses débuts, Clos de Cana se lance simultanément dans la production de vin et d’arak. La cave finance les plants de vignes et conseille les familles, tout en s’engageant à racheter l’intégralité de leur production au prix du marché. La famille Gergès fabrique alors 5 000 bouteilles d’arak Soukara, une production qui s’élève aujourd’hui à environ 50 000 bouteilles par an. Cet arak, fabriqué à partir des raisins achetés dans la région, distillé avec de l’anis vert et vieilli dix-huit mois dans des jarres en terre, est commercialisé en propre dans les supermarchés et restaurants libanais à un prix avoisinant les dix dollars. En 1999, la priorité est donnée au marché local, mais en raison de la saturation du marché libanais, Clos de Cana s’oriente ensuite massivement vers l’export : 95 % de la production d’arak est désormais exportée vers la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis, en particulier dans les restaurants libanais.
Arak Touma : une histoire de famille
Date de création : 1888
Localisation : Kab Élias
Répartition du capital : famille Touma (Rachid, Élias, Saïd) 100 %
Nombre de marques : un (arak Touma)
Production : environ 1,5 million de bouteilles par an
Arak/chiffre d’affaires global : 100 %
Exportations : 50 % de la production
Étiquette : arak issu du raisin distillé avec des graines d’anis de Syrie
Prix moyen de la bouteille : arak Touma (75 cl) : 22 000 LL (14,6 dollars).
Fondée en 1888, la marque arak Touma est aujourd’hui gérée par la quatrième génération de la famille Touma, les frères Rachid, Élias et Saïd, qui détiennent 100 % du capital de l’entreprise. Cet arak, dont 1,5 million de bouteilles sont produites chaque année, est commercialisé en propre sur le territoire libanais à un prix avoisinant les 14 dollars. Si le volume de production est resté stable sur les dix dernières années, la part des ventes à l’export a, quant à elle, considérablement augmenté, pour atteindre désormais les 50 %. À l’étranger, l’arak Touma est disponible en Europe, aux États-Unis, au Canada, dans les pays du Golfe ainsi que dans la région (Syrie, Jordanie, Irak). Il est également proposé dans certains duty-free dont celui de Beyrouth et d’Amman.
L’arak Touma, officiellement confectionné à partir de raisins de la Békaa et de graines d’anis de Syrie, est distillé trois fois selon le processus de la distillation discontinue, avant d’être vieilli six mois dans des jarres en terre cuite ou des cuves en béton.
Au début des années 1990, un des trois frères Touma, Saïd, décide de se lancer dans le vin en créant Clos St.Thomas, un domaine qui produit chaque année plus de 600 000 bouteilles de vin.