Dans le cadre de la visite du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan à Beyrouth, le Liban et la Turquie ont signé un accord de libre-échange et crée un Conseil d’Association chargé de mettre en œuvre le texte.

L’accord prévoit l’établissement progressif d’une zone de libre-échange dans un délai maximal de 10 ans après son entrée en vigueur. Durant cette période, dite de transition, les pays réduiront graduellement leurs tarifs douaniers et toutes les taxes qui s’y apparentent. Les mesures quantitatives, comme les quotas, seront également levées.
 
Cet accord intervient à l’issue de six ans de négociation. Le Liban, qui accuse un déficit commercial annuel avec la Turquie de l’ordre de 375 millions de dollars en moyenne depuis 2006, n’était pas pressé d’ouvrir ses frontières aux produits turcs, relativement bon marché.
 
Interrogé par le Commerce du Levant il y a quelques semaines sur l’impact d’un éventuel accord de libre échange avec la Turquie, le président de l’Association des industriels, Neemat Frem avait répondu : « Nous aurions souhaité que cet accord soit retardé le plus possible, car la Turquie est très compétitive au niveau des produits de consommation courante. Mais si l’industrie libanaise a survécu à l’accord de libre-échange arabe, alors elle peut survivre à tout».
 
Parallèlement, avec ses 76 millions d’habitants, la Turquie offre un marché intéressant pour les produits libanais. Pour Neemat Frem, « l’essentiel est que l’accord soit appliqué de manière réciproque, et que le Liban ne tolère pas les barrières non tarifaires imposées par son partenaire, comme c’est le cas avec la Syrie ».
 
Pour donner le temps aux industriels de se préparer, un calendrier a été négocié. Les deux parties ont établis une liste de produits industriels exemptés de droits de douanes dès la ratification de l’accord par le Parlement, une autre liste de produits dont les tarifs seront graduellement ramenés à zéro d’ici cinq ans, et une troisième liste de produits « sensibles » sur lesquelles les négociations se poursuivent.
 
L’accord prévoit également la possibilité de prendre des mesures de sauvegardes  exceptionnelles et sur une durée limitée pour protéger une industrie naissante ou en forte crise.
 
Pour ce qui est du secteur agricole, les deux parties ont convenues que seule une vingtaine de produits seront concernés, et exemptés de  droits de douanes.
 
Quant aux services, ils ne sont pas inclus dans l’accord. Le Premier ministre Saad Hariri a toutefois fait part de sa volonté « d’entamer des pourparlers sur la libéralisation des services entre le Liban et la Turquie ».
 
Au delà de l’aspect bilatéral, cet accord, une fois ratifié par le Parlement, permettra de relancer le projet quadripartite de zone de libre-échange entre la Syrie, le Liban, la Jordanie et la Syrie, annoncé en juin dernier. Le Liban et la Turquie étaient les deux seuls pays du groupe à ne pas avoir libéralisé les échanges entre eux.
 
Les échanges avec la Turquie depuis 2006 (en millions de dollars)