Le marché des alcools se trouve en difficulté sur ses marchés traditionnels, en Amérique du Nord et en Europe occidentale. La croissance vient désormais des ventes en Russie, en Amérique latine, en Afrique et en Asie. Pour faire face, les champions du marché des spiritueux ont opté pour une importante vague de concentration. C’est ainsi que Diageo est né de la fusion entre GrandMet et Guiness en 1997. Ce groupe britannique, n° 1 mondial avec près de 20 % du marché des spiritueux, qui possède un bureau en propre à Beyrouth depuis 1995, est propriétaire de la vodka Smirnoff, des whiskys J & B, Johnnie Walker, Baileys ou encore Gordon’s. Le groupe affiche 14,2 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2009 pour 2,57 milliards de dollars de résultat net. En 2005, son principal rival, le français Pernod-Ricard a racheté Allied Domecq, alors n° 3. Le français a ainsi doublé de taille et récupéré des marques prestigieuses comme Ballantine’s (whisky), les liqueurs Kahlua et Malibu, ou la vodka Stolichnaya. Le bénéfice du groupe, dont les alcools sont distribués au Liban par Nexty (groupe Fawaz Holding), frôlait le milliard de dollars pour 10,03 milliards de dollars de vente. En parallèle, les poids lourds des spiritueux se recentrent sur leur cœur de métier, se dessaisissant d’activités annexes, à l’instar de Pernod-Ricard, qui s’est délesté de la marque de soda Orangina en 2009. Désormais, ces groupes lorgnent aussi sur des marques d’alcool locales pour pénétrer les marchés locaux. Au Liban, le cas emblématique reste l’acquisition de presque 80 % des actions de la brasserie Almaza par le groupe Heinekein en 2002. La troisième place du peloton de tête est occupée par Bacardi-Martini, leader mondial du rhum, qui compte dans son portefeuille les marques Martini et la vodka haut de gamme Grey Goose. Derrière, on trouve plusieurs groupes américains, comme Fortune Brands, Brown Forman ou Constellation Brands. À noter le poids du français LVMH, avec le cognac Hennessy, la vodka Belvédère, le whisky Glenmorangie, ou encore le champagne Moët & Chandon. Le chiffre d’affaires des spiritueux du groupe de Bernard Arnault atteignait les 17,2 milliards en 2009.

Dom Pérignon. Signe les années exceptionnelles
Dom Pérignon n’est pas un champagne comme un autre : il s’agit d’une cuvée millésimée, élaborée lors d’années exceptionnelles, par Moët & Chandon. La première cuvée, élaborée en 1921, a été commercialisée en 1935 pour 150 clients de la maison Simon Bros & Co., l’importateur britannique de Moët. Devant le succès, d’autres cuvées ont suivi jusqu’à la toute dernière, en 2010, à partir d’un vin récolté en 2002. Pour le mariage du chah d’Iran en 1959, une centaine de bouteilles de Dom Pérignon Rosé ont été commandées, à titre exceptionnel. Le succès de ce rosé a été tel que Dom Pérignon – et d’autres maisons dans son sillage – ont fait du champagne rosé l’un des vins de champagne les plus appréciés dans le monde. En 2008, une bouteille de cette cuvée a été adjugée, aux enchères, à 24 758 euros (aujourd’hui 35 000 dollars). Depuis, Dom Pérignon a connu d’autres records. En 2008, un acquéreur a versé 30 000 euros (41 000 dollars) aux enchères pour un 1964. Dom Pérignon fait partie des marques de Moët Hennessy, la filiale alcool de LVMH.
Disponibles dans les supermarchés et chez l’ensemble des cavistes Dom Pérignon Vintage 2000 210 dollars.

Laurent Perrier. Grand Siècle
Laurent Perrier s’est hissé en moins de deux siècles au troisième rang des grandes marques champenoises. Si la marque est connue pour ses très bons champagnes de base, elle accentue aujourd’hui son effort sur les hauts de gamme. En particulier avec sa cuvée Grand Siècle (dont le nom de baptême reçut, selon la légende, l‘aval du général Charles de Gaulle) lancée en 1962 et qui figure parmi les six cuvées spéciales les plus vendues dans le monde. Laurent Perrier est la seule maison à proposer une cuvée de prestige non millésimée. À l’origine de cette création : une idée de Bernard de Nonancourt, président du conseil de surveillance et âme de la maison Laurent Perrier, qui tenait à respecter les principes fondateurs du champagne en privilégiant l’assemblage de plusieurs millésimes. « Ce que l’on boit avec Grand Siècle, dit-il dans un entretien au Figaro, c’est de la constance. On ne retrouve pas dans ce champagne les petites différences qu’impose forcément le millésime. » Pour cette cuvée, Laurent Perrier recourt à un assemblage de trois millésimes, mais il arrive parfois que Grand Siècle soit issu de plus de trois vendanges.
Disponible dans les supermarchés et les cavistes spécialisés Laurent Perrier Brut 140 dollars, Cuvée Rosé Brut 140 dollars, Grand Siècle 293 dollars.

Roederer. Le champagne du tsar et des stars
Louis Roederer, vieille maison champenoise fondée en 1776, figure parmi les meilleures champagnes. En particulier, sa cuvée Cristal à la réputation légendaire, assemblée à l’origine pour le tsar de Russie, et toujours élaborée selon la même recette. Aujourd’hui, c’est la bouteille fétiche des stars du showbiz ou des rappeurs de Los Angeles. « Nous n’avons rien changé à notre production. Nous appliquons toujours les mêmes règles, ou presque. Nos vins sont tous directement issus de notre vignoble. Nous n’achetons pas de raisins », précisait Frédéric Rouzaud, à la tête de la maison familiale, lors d’un passage au Liban. Il ajoute : « C’est le raisin qui fait la qualité d’un vin. Chez nous, la vinification reste minimaliste. » Son Brut Premier, au prix plus accessible que le Cristal, assemble plusieurs millésimes sur une base de 50 % de pinot noir, 20 % de pinot meunier, 30 % de chardonnay. Il vieillit ensuite trois ans en fût. « La qualité est identique, le style constant. C’est une signature de notre maison. »
En exclusivité chez Enoteca : Cristal 266 dollars, Brut Premier 66 dollars.

Heidsieck. « My favourite »
« Piper, my favorite ! » Qui signait ainsi ? Rien de moins que la plus glamour des actrices, Marilyn Monroe, qui avait élu la marque “Champagne de son cœur”. Mais récemment Charles Heidsieck a fait l’actualité des pages sociales, bien plus que celles des “people”. Avec une réduction d’un quart de ses effectifs, liée à une baisse de 42 % de son chiffre d’affaires en 2009, cette vieille maison, fondée en 1851 et reprise depuis 1988 par le groupe Remy Cointreau connaît un vrai coup de tabac. Pourtant, cette maison rémoise exploite un domaine de 65 hectares de vignes pour une production de deux millions de bouteilles (dont 80 % pour l’export) avec des raisins achetés à 95 % auprès de vignerons fidèles. La cuvée brute constitue 85 % de sa production. Elle est élaborée avec un tiers de vin de réserve (huit ans d’âge), ce qui est rare en champagne. L’une de ses bouteilles mythiques reste la cuvée Blanc des Millénaires : un champagne puissant et fin, recommandé par des sommeliers et des cavistes, et encore peu connu du public. La marque s’en amuse d’ailleurs sur son site Internet : Heidsieck « Le champagne inconnu, pour ceux qui savent »...

Billecart-Salmon. Vins de grands amateurs
« Il avait les vignes, elle avait l’argent », s’amuse Nicolas-Roland Billecart dans un entretien au Figaro pour relater la Fondation de la maison Billecart-Salmon par ses ancêtres Nicolas-François Billecart et Élisabeth Salmon en 1818. La cave se dresse à Mareuil sur-Aÿ, un village d’à peine 1 200 habitants. Presque deux siècles plus tard, cette maison est l’une des rares à être toujours familiale, avec, à sa tête, François-Roland Billecart. Le vignoble s’étend sur 150 hectares, donc 15 seulement en propre. « 90 % de nos raisins proviennent de parcelles en fermage ou en location, avec un cahier des charges drastique », explique Alexandre Bader, responsable du développement de passage à Beyrouth. En 1959, la cuvée Nicolas-François Billecart a été élue “Champagne du Millénaire” par un jury d’experts, aux termes d’une dégustation à l’aveugle de 150 bouteilles millésimées. Longtemps réservée à un petit cercle d’initiés, cette marque a su s’imposer en dix ans en s’installant notamment aux tables des grands restaurants. Comme d’autres maisons, Billecart-Salmon propose désormais un clos avec sa cuvée Clos Saint-Hilaire, un vin issu d’un seul terroir et d’un seul cépage, le pinot noir.
En exclusivité chez Aziz, Clos Saint-Hilaire 240 dollars ; Brut Rosé 120 dollars.

Taittinger. Une marque, des vignerons
Les origines de la maison Taittinger remontent à 1734 (sous le nom de Fourneaux). Taittinger, c’est d’abord un patrimoine : les caves millénaires de l’ancienne abbaye Saint-Nicaise, la demeure rémoise des comtes de Champagne et, à Pierry, le château de la Marquetterie de Jacques Cazotte, l’auteur du “Diable amoureux”. La maison possède un vignoble de 290 hectares, réparti dans plus d’une trentaine de crus. Le chardonnay y occupe une place privilégiée, car c’est lui qui est à l’origine de l’une des plus prestigieuses cuvées champenoises, Comtes de Champagne. Créé en 1952, ce blanc de blanc est une cuvée de prestige parmi les plus appréciées au monde. Taittinger est toujours une entreprise familiale avec à sa tête un membre de cette famille venue de Lorraine et qui a fait souche en Champagne. Pierre Emmanuel, 57 ans, le petit-fils du fondateur, en est aujourd’hui le président.

Veuve Clicquot. La veuve joyeuse
À 22 ans, quand Nicole-Barbe Ponsardin (1777-1866) épouse François Clicquot, un jeune héritier désœuvré, rien ne semblait l’appeler à devenir la toute première femme d’affaires française. Un premier signe pourtant aurait dû la mettre sur la piste : lors de son mariage, le curé avait remis aux époux un exemplaire d’un ouvrage retraçant l’art de fabriquer le champagne selon Dom Pérignon. François Clicquot n’ayant plus de travail et ayant gardé quelques vignes, tous deux décident de se lancer. Ils s’installent à Bouzy, où ils surveillent les vignes, les récoltes, la fabrication. Très vite, ils vendent dans toute l’Europe. Mais en 1805 François meurt. Son père décide de tout vendre, vignes et caves. La veuve refuse et crée, quatre mois après la mort de son époux, sa propre compagnie “Maison Veuve Clicquot-Ponsardin”. La légende est née : la veuve Clicquot mourra presque centenaire dans son château de Boursault, entourée de sa famille et ayant, jusqu’au bout, surveillé ses “grandes affaires”. Aujourd’hui, ce champagne a été racheté par le groupe LVMH. C’est bien sûr une grande et belle maison de champagne, mais c’est surtout une authentique maison de luxe, à la pointe du design. En témoignent l’œuvre créée par Andrée Putman en 2005 en hommage à la veuve, le Clicquot Chic (un manteau isotherme réutilisable), la Cellar Box signée par le designer Pablo Reinoso.
Disponible dans les supermarchés et les cavistes spécialisés Veuve Clicquot Ponsardin Rosé 1995, 140 dollars.

Bruno Paillard. Un petit dernier en puissance
C’est une toute petite, une très jeune mais déjà prestigieuse maison de champagne. Jusqu’en 1981, Bruno Paillard était un simple courtier en vins. Il a alors 27 ans et se décide à revendre sa vieille Jaguar, devenue “un objet de collection” pour fonder, avec 15 000 euros, sa propre maison de champagne. Les premières récoltes se déroulent dans une cave louée avec des raisins achetés auprès de vignerons indépendants. En 1984, ce self-made-man, très discret, construit la première cave hors sol de champagne, entièrement thermo-régulée. Ces champagnes sont d’abord salués par la critique anglo-saxonne comme Hugh Johnson qui les qualifie de « vins soyeux ». En 1991, il crée BBC Boizel Champagne, un groupe qui détient à l’heure actuelle les maisons Boizel, De Venoge, Philipponnat, Chanoine Frères, Alexandre Bonnet, Lanson, ainsi que le Château des Sarrins qui élabore de grands crus de Provence. En 1994, Bruno Paillard achète ses premiers trois hectares de vignobles, à Oger, situé dans la côte des blancs, une région connue pour la qualité de ses chardonnays. Le vignoble aujourd’hui s’étend sur 26 hectares, dont 12 en grands crus. Joël Robuchon le remarque en 2000. Dans sa chronique du Figaro, il écrit ainsi : « Ce vin de champagne, peu sucré en sucre, très équilibré, aux arômes subtils de noisette est l’image d’un personnage exigeant, excellent connaisseur du terroir et des meilleurs crus. Nous avons, me semble-t-il, lui et moi le même sens de la rigueur et de la perfection. »
En exclusivité à la Cave Joël Robuchon Brut 1re Cuvée 78 dollars, Blanc de Blanc Réserve Privée 2008 105 dollars,
Rosé 105 dollars.