Le ministre de l’Energie et de l’Eau, Gebran Bassil, a appelé jeudi les banques à financer la construction de barrages, lors d’une conférence sur le rôle du secteur privé au niveau des infrastructures de l'eau au Liban.
Bassil a souligné que les projets d’infrastructure nécessitent l’implication de trois parties : l’Etat, le citoyen et le secteur bancaire. L’Etat doit améliorer la gouvernance au sein des offices des eaux, la gestion des ressources hydriques et la collecte des taxes, tandis que le citoyen doit payer le prix du service fourni, même si sa qualité est médiocre, a-t-il expliqué en déplorant le fait que 79% des Libanais ne payent pas leurs factures d’eau.
Quant au secteur bancaire, il doit financer les projets d'infrastructures, notamment la construction de barrages, a estimé Bassil.
Il a toutefois reconnu l'existence de "risques financiers importants" en raison des facteurs environnementaux, sociaux et politiques qui pèsent sur les projets d'eau. Mais les barrages peuvent aussi générer des revenus, à travers la production électrique, la vente d’eau, ou l'exploitation touristique, a-t-il ajouté.
Bassil ainsi appellé les banques à collaborer avec le ministère pour trouver des schémas de financement adéquats et rassurant pour les deux parties.
"Et si les banques refusent de participer, l'Etat devra entièrement prendre en charge la construction de ces barrages, vitaux pour l’économie du pays", a-t-il affirmé.
Pour sa part, le président de l’Association des banques Joseph Torbey a souligné l'importance de trouver une formule financière qui n’aboutirait pas à une augmentation incontrôlée de la dette publique, vu le coût important de tels projets.
L'Etat doit se tourner vers les fonds de développement régionaux et internationaux pour obtenir des prêts bonifiés à moyen et à long terme, a-t-il estimé. Il a rappelé à cet égard que plus de 3,4 milliards de dollars ont été alloués au financement de projets dans le cadre de la conférence de Paris III, mais que seuls 265 millions de dollars ont été effectivement déboursés depuis.
Pour ce qui est du secteur bancaire, les banques sont disposées à financer les opérateurs privés engagés avec l'Etat, à condition que les normes internationales soient respectée au niveau des appels d'offres, des conditions d’exécution, et des distributions des revenus. Il ne s'agit pas de "réitérer les mauvaises expériences survenues dans le passé entre le secteur privé et public, et qui se sont soldés par des conflits et des arbitrages internationaux", a-t-il ajouté.