Le Liban dilapide son eau
Imad Bsat est un agriculteur qui cultive 62 hectares dans la Békaa-Ouest, à Istabil. Il y plante des fruits à pépin et noyaux (pommiers, poiriers, abricotiers, pruniers…). Il s’approvisionne en eau du fleuve Gzayyil, un affluent du Litani, au moyen d’une pompe, ce qui lui revient en moyenne à 15 000 dollars par an pour ses 40 hectares anciens et à 7 000 dollars par an pour son nouveau verger datant de 2008 et s’étendant sur 22 hectares. Les arbres plus jeunes consomment en effet nettement moins d’eau que les plus âgés. En période sèche, l’agriculteur a également recours à un puits artésien, creusé à un kilomètre du verger. Pour irriguer ses terres, deux méthodes sont utilisées : l’irrigation gravitaire, alimentée par des canaux, utilisée pour 60 % des vergers tous les 15-20 jours, et le système du goutte-à-goutte utilisé pour le reste de l’exploitation chaque semaine. Ce dernier système utilise des tuyaux percés de petits orifices, qui sont placés au sol. L’irrigation gravitaire, vieille comme le monde, est loin d’être la technique la plus efficace : elle implique une forte évaporation et ne permet pas de cibler les racines de manière précise. « Comme les terrains ne sont pas plats, ce type d’irrigation ne permet pas à l’eau d’être bien répartie et peut asphyxier certaines racines qui reçoivent trop d’eau. Environ 50 à 60 % de l’eau fournie à la plante par l’irrigation gravitaire est absorbée par les racines, et le reste est perdu, contre 90 % avec le système de goutte-à-goutte, qui n’apporte aux arbres que la quantité d’eau nécessaire à un moment donné », explique Imad Bsat. Concrètement, en période sèche et pour des arbres d’âge moyen, 60 000 litres d’eau sont nécessaires par hectare chaque jour avec le système du goutte-à-goutte, contre 180 000 litres/ha/jour avec l’irrigation gravitaire. D’où des économies d’eau substantielles avec le goutte-à-goutte. Ce système est encore peu développé au Liban, étant donné le coût élevé de l’investissement initial. Imad Bsat a eu recours en 2008 à un prêt bancaire sur une durée de sept ans pour financer un système de goutte-à-goutte d’une valeur de 150 000 dollars. Mais à terme, les économies sont intéressantes. « Nous pompons beaucoup moins d’eau et utilisons très peu de main-d’œuvre », souligne Imad Bsat. Alors que l’agriculteur employait 40 ouvriers pour une surface de 40 hectares par cycle d’irrigation, un à deux ouvriers sont désormais nécessaires pour activer le générateur et surveiller le fonctionnement du système.