Le Liban dilapide son eau
Implantée au Liban depuis 1996, l’ONG italienne AVSI a lancé un projet d’irrigation durable dans la plaine de Marjeyoun en 2006, pour un montant global de 1,5 million de dollars. Ce projet, financé par le bureau de la coopération italienne de l’ambassade d’Italie au Liban dans le cadre du programme ROSS, a consisté en la construction de deux canaux d’irrigation souterrains qui ont permis de distribuer près de 160 000 mètres cubes d’eau, provenant de la source de Dardara, sur environ 50 hectares (résultats 2010). « Quand nous sommes arrivés en 2006, les canaux existants, construits sous le mandat français, étaient des canaux extérieurs qui avaient été détruits pendant la guerre. Depuis la fin des travaux en 2007, nous avons construit cinq kilomètres de canaux souterrains qui ont permis de réduire la consommation d’eau des agriculteurs de 50 % et d’augmenter la surface irriguée de 40 % », explique fièrement Marco Perini, le représentant d’AVSI au Liban. « Nous avons estimé le potentiel d’irrigation de ces deux canaux à 157 hectares, ce qui permettrait d’engendrer des revenus de l’ordre de 1,55 million de dollars », ajoute-t-il. Ces résultats encourageants ont poussé AVSI à entreprendre le prolongement des canaux vers le sud de la plaine. Les études préliminaires avant le lancement des travaux, dont le montant est estimé à 500 000 dollars, débuteront en mai 2011. Un troisième canal, financé par l’Union européenne par le biais du CDR, devrait être construit dans les prochains mois.
Au-delà d’un simple projet d’irrigation, le projet d’AVSI se veut global en associant les agriculteurs à la gestion de l’eau, à travers la création d’une coopérative. Deux fontainiers, rémunérés par cette dernière, sont chargés de gérer au quotidien l’ouverture et la fermeture des 43 tuyaux de sortie qui permettent aux agriculteurs d’irriguer leurs parcelles. Par ailleurs, AVSI a développé, autour de ce projet, de nombreux programmes sociaux et éducatifs, notamment la prise en charge de certaines familles vulnérables, la formation des agriculteurs concernant l’utilisation des pesticides ou l’orientation des semences à cultiver. « Le surplus d’eau que ces canaux ont apporté a permis de favoriser la culture de fruits et légumes, qui étaient auparavant délaissés au profit des céréales, car ces dernières nécessitent moins d’eau. Cette transformation des parcelles permet aux agriculteurs d’être plus rentables, car les fruits et légumes se vendent mieux », explique Marco Perini.
Le 3 décembre dernier, les responsables d’AVSI dévoilaient leurs résultats aux municipalités de Khiam, Klayaa et Bourj el-Moulouk, ainsi qu’aux agriculteurs concernés. Les objectifs pour les deux années à venir ont également été présentés : en 2012, après l’installation du troisième canal et le prolongement des deux canaux existants, le potentiel économique de la plaine devrait raisonnablement atteindre les 4 millions de dollars. Une belle réussite.