Rendez-vous raté avec le printemps arabe

La crise financière de 2008 avait paradoxalement profité au Liban, qui avait servi de refuge aux capitaux cherchant des rendements élevés à un risque acceptable.
Ce scénario ne s’est pas reproduit avec le printemps arabe, en raison de l’instabilité politique qui régnait dans le pays au cours du premier semestre 2011. Freddie Baz, directeur de la stratégie du groupe Audi-Saradar, évalue à 5-10 milliards de dollars le manque à gagner subi par le Liban.
Un calcul fondé sur les estimations du Fonds monétaire international (FMI) selon qui six milliards de dollars (sur un total de 250 milliards fin 2010) ont fui l’Égypte, la Syrie, la Jordanie et la Tunisie au premier semestre. En temps normal, la croissance des dépôts aurait dû être de 7 à 8 milliards : il y a donc quelque 14 milliards de dollars de dépôts disparus, estime Baz.
Toujours selon le FMI, les recettes touristiques de ces quatre pays qui étaient de 21 milliards de dollars en 2010, ont baissé de 40 % au premier semestre 2011, soit 8 milliards de dollars qui ont été orientés vers d’autres destinations.
Et les investissements directs (IDE) évalués à 14 milliards en 2010 ont diminué de 80 % sur les six premiers mois de l’année ; quelque 10 milliards ont donc été réorientés ailleurs.
Au total, il s’agit donc de 32 milliards de dollars dont le Liban aurait pu profiter partiellement. Quelque 10 à 20 % de ces flux représentent 5 à 10 milliards de dollars.
« Les désaccords entre les responsables politiques risquent de retarder davantage le potentiel de récupération de l’économie libanaise, affirme Freddie Baz. On estime la différence entre le PIB potentiel du pays et le PIB réel à 13 milliards de dollars. En prenant une hypothèse simpliste de répartition égale de cette différence entre les ménages et les profits, et qu’on estime le nombre de ménages à 800 000, cette différence représente 7 000 dollars supplémentaires par ménage et permettrait de diminuer les pressions sociales rencontrées aujourd’hui. »