Le marché de l’automobile touché par la crise
L’automobile est un puissant indicateur de la santé d’une économie. Quand l’économie plonge, les ventes de voitures diminuent et les gammes de luxe suivent. Mais pas au Liban !
Si les ventes de véhicules ont dégringolé durant les neuf premiers mois de l’année au pays du Cèdre, il n’en est pas de même des voitures de luxe et des 4x4 qui continuent de bien s’écouler, malgré la crise économique et la hausse des prix de l’essence. Les 4x4 ont représenté 17 % des ventes de véhicules, un taux quasi stable par rapport à l’année dernière. Il en est de même de celui des voitures de luxe.
Si la définition d’une voiture de luxe reste relative, elle peut être facile à concevoir. Selon une définition communément acceptée, un véhicule de luxe est relativement cher et inclut des dispositifs conçus pour augmenter le confort du conducteur et des passagers. Ces véhicules sont le plus souvent construits en plus petit nombre que ceux plus accessibles du marché.
« Le marché du luxe et des 4x4 est relativement stable », affirme Fayez Rasamny, PDG de Rymco (Nissan, Infiniti, GMC). « Les clients de ces voitures ne sont pas directement affectés par la crise, ceux qui veulent acheter une Infiniti (marque de luxe de Nissan) ou n’importe quel 4x4 ont les moyens de s’offrir de tels véhicules et le prix de l’essence ne rentre pas dans leurs considérations d’achat », ajoute-il.
Pour Albert Bassoul, directeur général de Bassoul-Heneiné (Renault, Dacia, BMW, Mini, Alfa Romeo), « le marché du luxe a été légèrement en deçà de celui de l’année dernière ». « Dans ce créneau, les 4x4 ont représenté 50 % des ventes à parts égales avec les voitures », dit-il.
« Nous avons vendu en quatre mois cette année plus de voitures de luxe que nous l’avions fait en quatre ans », note Walid Rasamny PDG de Century Motor Company (Hyundai), en citant les modèles Azera et Genesis.
Malgré leur réputation de gros consommateurs d’essence, les 4x4 ont représenté à fin septembre 30 % des ventes d’Audi au Liban, 46 % de ceux de BMW et 10 % de ceux de Mercedes. Chez Porsche, ce taux grimpe à 70 %. Pour les autres constructeurs, il peut varier entre 10 et 50 %, suivant le modèle.
C’est que le marché du luxe et des 4x4 au Liban semble suivre la tendance mondiale. Les ventes des principales marques de luxe européennes, américaines et japonaises devraient bondir de près de 20 % cette année et de 13 % en 2012.
Anthony Boukather, directeur exécutif de A. N. Boukather, concessionnaire de Mazda au Liban, confirme : « Le mode de vie des Libanais aisés n’a pas réellement changé, d’où la stabilité du marché du luxe et des 4x4 de luxe. »
Comme le souligne Erich Hauser, analyste au Crédit suisse cité par l’agence Bloomberg, « les riches sont de plus en plus riches, et le nombre de millionnaires dans les pays émergents est en pleine croissance. C’est une tendance très positive », pour les spécialistes du créneau du luxe. Pour lui, « il faudrait que les choses tournent vraiment mal » pour que les constructeurs de ce créneau se retrouvent en difficulté.
Chez Kettaneh (Audi, Volkswagen, Skoda), Roger Khalbourgi, directeur marketing, se félicite de la stabilité des ventes des voitures de luxe et des 4x4 de ses deux marques européennes qui sont restées au même niveau que 2010.
Assaad Dagher, PDG de Sofidal, la holding du groupe Dagher-Hayeck (Peugeot, Citroën, Kia, Mitsubishi, Seat, Saab), divise « les consommateurs libanais en trois catégories, ceux qui recherchent une voiture pour se déplacer, ceux qui recherchent la sécurité et le confort (middle range) et ceux qui recherchent la frime, ces derniers n’ont pas changé leur mode de vie ». D’où la stabilité du marché du luxe.