Président d’honneur de la société Leo Burnett pour le Moyen-Orient dont il est le fondateur, Farid Chehab vient de publier “Pari pour une conscience nationale” aux éditions de La revue phénicienne. Il y jette les bases d’un vaste projet national centré sur le thème de “l’économie fédérative” destiné à rassembler les Libanais. Entretien.

Quel était le point de départ de votre ouvrage “Pari pour une conscience nationale”?
J’ai écrit ce livre pour plusieurs raisons. D’abord, c’est ma contribution à un pays qui m’a beaucoup donné. Ensuite, je pense que si le Liban marche mal, c’est de notre faute, et qu’il est de notre devoir de préparer un monde meilleur pour les générations futures. Parvenir à créer une conscience nationale est le point de départ de cette réflexion. Depuis 65 ans, notre pays n’a pas réussi à avoir une conscience unifiée. Aujourd’hui, les citoyens libanais doivent y contribuer sans nécessairement passer par la politique. Pour moi, c’est l’économie qui peut représenter l’élément fédérateur de la nation.

Sur quelle base s’appuie cette “économie fédérative” que vous préconisez ?
L’économie fédérative repose principalement sur l’infrastructure et les ressources naturelles. L’eau est notre richesse nationale première. Pourquoi faut-il qu’elle soit gaspillée avec inconscience ? Actuellement, la politique libanaise est incapable de résoudre cette question. Chaque source et chaque barrage est politisé et se trouve sous le contrôle des partis et de l’incompétence. La solution à ce problème est de penser à la réalisation d’un plan quinquennal qui s’applique à tout le territoire libanais et soit en dehors du système politique traditionnel.
Quelles seraient les grandes lignes de ce plan quinquennal ?
Le plan quinquennal national aura à la fois l’adhésion du citoyen libanais et celle du gouvernement, à travers un financement mixte des deux. Il faudra créer une société dont l’actionnariat soit divisé entre l’État et le peuple, et qui aura pour but de permettre la souscription des citoyens au projet de l’eau. La société Parsons Main a effectué une étude sur l’eau au Liban, concluant que le pays peut subvenir à ses besoins en eau pour les décennies à venir, avec un surplus de 2 milliards de mètres cubes par an. La vente de cette eau peut rapporter des revenus de 8 milliards de dollars par an, ce qui éliminerait notre dette nationale en 10 ans. Voilà un projet participatif qui peut être l’un des ferments de la conscience collective et amener à une conscience nationale. Un autre projet tout aussi important est celui de la production d’électricité grâce aux panneaux solaires. Ces panneaux pourront tapisser toute la montagne laissée en friche.

Concrètement, comment envisagez-vous la mise en place de ces projets ?
Mon livre est une feuille de route qui explique pourquoi il faut mettre en place un projet fédérateur et comment le mettre en œuvre. Le premier volet de l’action sera la création d’un groupe d’influence civique et apolitique, dont le rôle serait de promouvoir ce projet auprès des citoyens. Ce groupe d’influence devra être formé d’une centaine de personnes et comprendre un groupe de presse et une télévision, ainsi qu’un site interactif. Ce plan quinquennal devrait être l’argument le plus important pour les élections parlementaires de 2013. C’est pour cela que je suis pressé : nous avons moins de deux ans pour créer le groupe d’influence et mettre en place le projet. Déjà, sur le site du projet, www.pari-rihan.org, des milliers de personnes ont lu le message et en sont devenues des adeptes. Quant au livre, il compte déjà 7 000 lecteurs dans les trois langues. L’engouement pour le livre et son message est énorme, et ça ne fait que commencer.