Quelles sont les actions entreprises pour promouvoir les vins du Liban ?
Cette année, l’UVL reconduit la campagne de promotion générique des vins du Liban, dénommée Wines of Lebanon, à destination du Royaume-Uni. L’an passé, cette campagne avait permis à plusieurs journalistes spécialisés de venir à la découverte du terroir libanais. Cette année, nous organisons en plus un “road show” des vins du Liban, qui traverse les villes de Bristol, Londres et Manchester, pour permettre aux Anglais de partir à la rencontre des producteurs libanais. Six domaines sont impliqués : Domaine des Tourelles, Ixsir, Château Ka, Karam Winery, Ksara et Château St. Thomas.
Pourquoi avoir choisi le Royaume-Uni pour cette promotion ?
Par tradition, Londres est un marché ouvert sur les vins du monde. Londres est derrière le succès des “claret”, les premiers vins de Bordeaux, des Porto, des Madères… Pour nous, cette place représente le premier marché d’exportation des vins libanais, avec 24 % du total des exportations en 2010. C’est certes un marché très compétitif, où les prix sont tirés vers le bas, mais il reste une niche pour des vins de connaisseurs, à des prix moyens ou haut de gamme.
Ne croyez-vous pas qu’une aide publique aurait été bienvenue pour promouvoir les vins du Liban ?
Par la force des choses, nous avons appris à ne compter que sur nous-mêmes. Mais vous avez raison : peu de producteurs ont au final les moyens financiers d’y participer. Et nous aurions besoin d’une subvention publique pour élargir notre audience ou envisager d’autres actions de sensibilisation à destination d’autres pays. Car le vin est un marché globalisé aujourd’hui. Cette situation est d’autant plus dommageable que nous représentons l’un des rares secteurs agricoles dynamiques, un secteur qui de surcroît exporte sa production. Quand les gouvernements chilien, argentin… aident leurs vins, ce n’est pas seulement un secteur agroindustriel qu’ils défendent, c’est aussi l’image de marque de leur pays qu’ils promeuvent. Au Liban, nous aurions une carte supplémentaire à jouer : la vigne est partie de nos rivages il y a 6 à 7 000 ans, elle appartient à notre histoire et il est du devoir de tous de protéger ce patrimoine culturel.
L’Institut de la vigne et du vin (INVV), dont la création a été votée en 2000, n’a jamais vu le jour. Croyez-vous encore à la possibilité de son existence ?
L’INVV a été initié par une loi en 2000, son décret d’application a été voté en 2007. Mais l’État a refusé de contribuer à son budget alors que la charge financière était relativement faible : en 2000, nous avions budgétisé 150 à 200 000 dollars annuel pour le fonctionnement de l’INVV. Pourtant, sa mise en œuvre s’avère fondamentale pour permettre au secteur de se réglementer. Ainsi, par exemple, c’est à un organisme public de ce type qu’il revient de décider des appellations géographiques protégées, qui valorisent les savoir-faire locaux. Ces appellations devraient permettre de définir les qualités de chaque terroir et de recommander des cépages susceptibles de s’y épanouir. Cela pourrait également être le rôle de l’INVV de mener à bien des recherches ADN sur les cépages autochtones afin que nous puissions les identifier et pour certains nous en servir.